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^ LA G E N E T T E .
dans le Voyage de Sonnerat, pi. 91, sous le nom nouveau de OE'ette de Malacca,
sans que rien nous rende raison de ce changemeni. Il ne dificre de la Geneite
ordinaire que par un peu plus de blanc à la lète 5 les taclies et les raies y paraissent
trop régulières 5 ma i s les personnes habituées à dessiner voyenl aisément que cela
lient à rimpei'feciion du dessin.
Kolbe a parlé aussi de ce Chat musqué du Cap, Lrad. franc. I l l , p. 67; mais
il ne donne pour figure qu'une mauvaise copie de celle que Jonston, Quadnip.
pl. LXXI I , appelé Civette, et qui n'est au vrai qu'une Genette ordinaire.
Forster le père reproduit encore le Chat miist/ue da Cap, Transactions pltil.
vol. LXXI , p. I , pl. I, 1781 ; et sa figure, finie d'après un individu long-lemps
retenu en cage , qui avait une jambe cassée et la queue mutilée, ne représente
encore, selon nous, que la Genette.
E n f i n , Fosmaer nous paraît avoir fait un quatrième suremploi. Le mot liollandais
qui répond à Chat musqué, est hisaam-ìiatje. Ce naturaliste s'est avisé, dans une
descriplion du Chat musqué du Cap, publiée en 1771 , de l'appeler en fi'ançais
Chat-hisaam ; mais quoiqu'il l'ail comparé au Margay, qui est un vrai Cliai, et
que sa figure soit extrêmement mauvaise, sa descriplion oiïre une ressemblance si
fi'appaiiie avec la Genette, que nous affimierions presque l'idenlité de ce Bisaam
avec elle.
II est donc arrivé que la Genette paraît au moins trois fois, et probablement
q u a t r e , dans l'énuméraiion de M. Gmelin-, d'abord sous son vi'ai nom de llverra
Genetta, une seconde fois sous celui de Viverra Malaccensis, qui est l'animal
de Sonnerat 5 puis comme Viverra Ti^rina ^ qui est le Bisaani de Vosniaer; enfin
comme Velis Capensis, cjui est l'animal de Forster.
Il n'aurait tenu <[u'à M. Gmelin de la fitire paraître une cinquième fois, coiimie
l'a fait M. Bonnalerre, en s'appuyanl de la figiu-e copiée par Buffon, et nommée
Civette du Cap. Ce n'est probablement pas sa faute si cela n'est pas arrivé, mais
il n'a point connu le septième volume des Suppléments.
Toutes ces erreurs n'approchent cependant point encore de celle (]ue Buffon a
commise, poiu'ainsi dire sciemment , touchant ce m ême animal. 11 d i t , Supplém. Ili,
p. 256, que la Genette habite aussi quelques provinces de l'Yance, partieulièi-ement
en Poitou et en Rouer^ue. Quekjues lignes plus bas, il parle <l'un animal voisin
de la Genclte, mais plus grand et plus noir, dont il if^norail, dil-il, le pays, et
dont il donne la figure, ib. jjI. XLVIf. Par nne faute d'atlention, le graveur écrit
sous celte figure de (¡enelte noire, Genette de France ; et quelques années après,
Buffon h i i -mème, Supplém. loine VII, pl. 58, cite cette figure comme cLant
réellement celle de la Geneite de Fi-auce, de manière à iiiire croire aux Lecteurs
peu attentifs, cjue noire Genette diffère considérablement de hi commune 5 car la
figure en ([uestion semble réellement appartenir à une espèce particulière.
"Voilà les méprises et les doul)lcs cm|)n)is <|ui écliappenl même aux plus snvaiUs
naturalistes, lorsqu'ils oublient un instant les règles de la plus sévère criii(|uo.
Que sera-ce des personnes f[ui se mêlent d'écrire sur l'IIistoire NaUu-cllc, en
affectant de rejelcr les recherches d'érudition et les comparaisons de iiomenclaLure?
L A G E N E T T E . 3
Revenons à notre sujet, c'est-à-dire à l'Histoire de la Geneite.
Quoiqu'elle ait une petite poche, elle ne l'ouvre point et ne la montre point
pendant sa vie-, l'odeur musquée qu'elle répand est très-faible, et disparaît
quelquefois entièrement; c'est pourquoi sans doute Kolbe, Forsler et Vosmaer
ne l'ont point trouvée dans leurs animaux.
Les Genetles sauvages n'habitent, di t-on, que dans les lieux humides, et le long
(les ruisseaux. O n ne les trouve ni sur les montagnes, ni dans les lerres arides. On
les apprivoise aisément, et les Turcs en tiènent dans leiu-s maisons pour donner
la chasse aux souris. On ne dit rien de plus de leurs iiabiludes, ni de leur
propagation dans l'état natiu-el, ou en domeslicilé.
Les individus que nous possédons vivants sont d'un naturel triste et taciturne.
Ils dorment tout le jour , couchés en boule l'un sur l'autre, s'agitent et courent
dans leur cage pendant toute la nuit. On ne les noiu-rit que de viande, dont ils
jnangenl à peine chacun un quart de livre par jour. Ils boivent peu 5 leurs
excréments sont de petites boules blanchîîtres et très-dures.
Ils s'accouplent à la manière des chats, en criant horriblement, et le miile
mordant la femelle au chignon. On a lieu de croire que la gestation de celle-ci a
duré quatre mois : elle n'a fait qu'un petit, que le mâl e a tué le j o u r de sa naissance.
Il était long de six pouces; et le fond de son pelage était d'un cendré noirâtre, avec
(les laches noires disposées conmie celles des adultes.
Dans l'état tranquille, il n'y a guère que le male qui se laisse entendi-e: son cri
ressemble beaucoup à celui d'un jeune Chat.
Les anciens n'ont rien dit de la Genette. Cest en vain qu'on a voulu lui appliquer,
ainsi qu'à la Civetle, ce qu'ils rapportent du Pardalis, qui attire, selon eax, les
autres animaux par son odeur agréable. Aristote dit expressément que cette odeur
n'était point agréable à l'homme; comment d'ailleurs, en supposant qu'elle les
a t t i r â t , la Genette eût-elle pu dévorer des Brebis, des Cerfs, etc. comme on le
dit du Pardalis? Enfin il est si^r (]ue le Pardalis est notre Panthère.
Le premier auieur qui ait parlé de la Genette, paraît être S. Isidore de Seville,
auteur du septième siècle, dans son Traité de Ordine Creaturoruni. Vincent de
Beauvais et Alberi le Gr and, qui vivaieni l'un et l'autre dans le treizième siècle, ne
souil)lenl en parler que d'après Isidore. Belon en a donné la première figure, qui,
quoique assez mauvaise, a été copiée par Gessner, Jhh-ovande et Jonston. Gessner
a publié une image fori exacte de la peau, telle (|u'on la trouve chez les fourreurs.
La figure de ButTon, IX, pl. XXXVI, ne donne qu'une idée fort peu juste de
l'atiimal -, et Sehreber, en la copiant, pl. CXIII, l'a encore gdtée par une mauvaise
enluminure.