L E PASENG,
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B O U C SAUVAGE.
CAPRA MGAGRUS. LIN. GMEL.
V o ICI des animaiix sur le nom desquels nous sommes dans un assez grand
embarras. Ils ont été amenés des environs du Mont-Blanc à la Ménagerie, sous
le nom de Bouquetinsi ils ont bien à peu prés la taille, la forme et la couleur
qu'on attribue au vrai Bouquetin, mais leurs cornes sont différentes. Dans le
vrai Bouquetin, les cornes sont presque carrées, et ont une face antérieure bien
marquée, contenue entre deux arrêtes longitudinales obtuses : ici rien de pareil ;
mais une seule arrête en avant, comprimée et presque tranchante, comme dans
nos Boucs domestiques. C'est là le cax'actère assigné par Pallas et par Gmélin le
jeune, à la Chèvre sauvage des montagnes de Perse, qu'ils ont nommée jEgagre,
et qu'ils regardent comme la souche de nos Chèvres domestiques, cclle-Ià même
qui produit le bézoard oriental.
M. Pallas avait déjà soupçonné que cet /Egagi-e pouvait exister dans nos Alpes
d'Europe, et y avoir été confondu avec le vrai Bouquetin ; il assui-e même avoir
vu des gravures qui devaient représenter le Bouquetin, et qui ne représentaient
réellement que IVEgagre.
D'un autre côté, M. Berlhoud van Berchem a observé que les métis du Bouquetin
et de la Chèvre commune conservent avec les coulem-s des premiers, les cornes
U-anchantes de l'autre, et il va jusqu'à supposer que IVEgagre n'est que le produit
de l'union de ces deux espèces.
Il est bien certain que ce produit est aisé à obtenir dans l'état de seiTitude, et
que le mélange des Bouquetins améliore singulièrement nos races domestiques.
Bélon rapporte déjà que les Candiotes produisent ces mélanges, et Pallas en ciie
un exemple, dont il a été témoin oculaire; mais ces deux naturalistes assurent que
les Bouquetins ainsi apprivoisés, restent au-dessous de la taille des sauvages, ce qui
doit, à plus forte raison, avoir lieu pour leur postérité méiive. Pallas ajoute que
le Bouquetin privé qu'il a vu, n'avait presque plus rien de celte ligne noire qui
dislingue le sauvage.
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