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reml ce (ju'il a pris beaucoup plus prompieincnt que l'Auli^uche, et sur-iouL lorsqu'il
esi poursuivi. II mang e de tout : il aime beaucoup les poimnes^ mais il est aussi trèsfriand
d'ceufsdc poule, et il les avale et les rend quelquefois sans les briser. Il ne
peut pas manger de grain, parce que sa langue n'est pas disposée de manière à ce
qu'il puisse l'avaler.
Celui de la ménagerie consomme par jour trois livres et demie de pain, six ou
sept ponunes et une botte de carottes. Il boit environ quatre pintes d'eau en été,
et un peu plus en hiver. Il avale tout sans mâcher , et il rend quelquefois les pommes
et les carottes entières. Ses excréments sont presque liquides j il ne rend point d'uriiie
séparément.
Ceux qu'on élève aux Indes préfèrent le pain de sagou à toute autre nourriture;
mais ils mangent aussi du r i z cuit et du pîsang. Les sauvages vivent des fruits tombés
des arbres. Dans les basses-cours, les petits poulets et les canards ne sont pas toujours
en sûreté devant le Casoar-, il les avale quelquefois en passant 5 mai s lorsque ces
oiseaux se débattent un peu, le Casoar est obl igé de les abandonner.
L e cri ordinaire de celui de la ménagerie est houhou, prononcé faiblement et
comme de la gorge. Il gonfle quelquefois .sa gorge et produit un bourdonnenient
semblable au bruit d'une voiture ou au tonnerre entendu de loin. Pour produire
ce son-là il baisse la tète, appuie son casque contre la cloison, et tremble de tout
son corps; il rend aussi quelquefois un grognement semblable à celui du cochon,
siu'-tout lorsqu'il est contrarié.
Valentyn compare la voix du Casoar à celle d'un poussin^ mais il dit qu'on ne
l'entend guère que lorsqu'on le chasse. Les adultes ont, dit-il, un souiïlement et un
ronflement semblable à celui du lapin, qu'ils font entendre sur-tout lorsqu'ils veulent
se battre contre les boucs ou les autres animaux domestiques.
L e Casoar court presque aussi vite que l'Autruche, lorsqu'il est poursuivi. Selon
Clusius, il rejète à chaque pas ses pieds en arrière, comme s'il ruait. Dans sa loge
il inarche posément, en écartant les jambes et en se tenant très-droit. De temps en
temps il court en faisant des bonds, mais lourdement et avec beaucoup de bruit.
Valentyn dit que lorsqu'il court très-vile, il a l'air en partie de danser et en partie
de voler. Il est très-vigom-eux. Son bec étant plus fort que celui de l'Autruche, il s'en
sert avec avantage pour se défendre, pour arracher et pour briser différents corps-
Il frappe dangereusement de sou pied, tant en avant qu'en arrière.
Celui de la ménageri e est quelquefois méchant. Les gens mal habillés et les habits
rouges l'irritent : il cherche à frapper avec les pieds en avant. Il a sauté pai--dessus
son parc, et a déchiré les jambes d'un hoimne avec ses ongles. Il a , une autre fois,
faussé la boite de montre de son gardien, d'un coup de pied.
Les Indiens regardent le Casoar coimne très-stupide ; ils ont remarqué sur-tout
qu'il a très-peu de mémoire, qu'il oublie même les coups et les autres mauvais
traitements, et qu'il ne témoigne aucun ressentiment contre ceux ([ui l'ont battu.
Il s'apprivoise très-vîte lorsqu'on le prend jeune 5 mais ceux qui sont devenus
plus grands que la cigogne, nes e laissent pas prendre aisément. Cependant les Indiens
\foereges les prèuent à la course, ce que des chiens ne pourraient pas faire, selon
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Valemjn. Sa chair est, au rapport du citoyen Labillardière, noire, dure et peu
succulente.
Les oeufs du Casoar sont verddtrcs ou grisâtres, agréablement tachetés de vert
d'herbe; le fond en est aussi marqué de blanc. 11 y en a d'unis, et d'autres dont
toutes les teintes sont piles. Valentyn en a vu un couleur de foié et sans tache. Ils
sont plus petits et d'une forme plus alongée que ceux de l'Autruche.
Celui que nous représentons n'en a encore pondu que de hardés, c'est-à-dire dont
la oequdi e était trop mince: elle s'est brisée an passage. Dans l'état sauvage il n'en
pond cptc trois ou quatre, qu'il place dans le sable ou qu'il couvre de différentes
choses, et qu'il abandonne à la chaleur natLU-ellc du climat. Il faut cependant que
dans certaines circonstances il en prène plus de soin, car Valentvn rapporte que
ses gens trouvèrent en 16G0 un Casoar couché sur trois oeufs, mais nu'ils ne Durent
savoir depuis combien de temps il y était.
L e jeune Casoar diffère assez de l'adulte. Sa tête est entièrement couverte de cette
peau nue et bleuâtre; la proéminence revêtue de corne ne lui vient que petil-à-petit.
Tant qu'il a moins de trois pieds de haut, son plumage est d'un roux clair mélé
de gris.
^ L e Casoar ne se trouve que dans la partie la plus orientale de l'Asie méridionale,
c'est-à-dire dans la presqu'île de l'Inde au-delà du Gange, et dans les îles de l'Archipel
indien. Il n'est nulle pan bien nombreux.
C e sont sur-tout les profondes forêts de l'ilc de Céram, le long de ses côtes
méridionales, depuis Élipapoeth jusqu'à Kélémori, qui recèlent beaucoup de ces
oiseaux. On en trouve aussi à Bouton et dans les îles d'Aroé; mais ils y diffèrent
un peu des autres, sur-tout par leurs oeufs, qui sont moins beaux, et dont les taches
sont plus longues et plus brouillées. Quoique cet oiseau soit domestique à Ainboine,
il n'en est pas naturel ; on l'y a porté, selon Labillardière, des îles situées pkis à l'Est.
Les naturalistes de l'expédition d'EutrecasteaiLX en appcrçtu-ent quelques-uns sur
les eûtes Sud-Est de la Nouvelle-Hollande; mais ils étaient probablement d'une autre
espèce, décrite par le capitaine Phi l ip, dans son Foyage à Botany-Bay.
L e Casoar a été apporté en Europe par les Hollandais qui firent la première
navigation aux Indes. Cet oiseau, venu de Banda, avait été donné au maître d'un
de leurs vai.sseaux, Scellinger, par le roi de Ciilaio, dans l'ile de Java. Après qu'on
l'eut montré pendant quelque temps à Amsterdam pour de l'argent, on le vendit
au comte de Solms, qui le donna par la suite à l'électeur de Cologne, et celui-ci
à l'empereur Rodolphe II.
Depuis lors on en a presque toujours eu quelques-uns en Europe. Oléarius dit
qu'il y en avait de son temps un chez le duc de Gottorp. L'Académie de Paris en
avait eu quatre à sa disposition. Willughby en a vu quatre à Londres, en différents
temps, et la ménageri e de Versailles en a eu assez souvent.
Le nom de Casoar est une contraction de celui de Cassuwaris que cet oiseau porte
en Malai. Celui à't'meu ou A'éma lui avait été donné par les Portugais.
Des différents auteurs qui en out parlé, Clusius et Valentyn sont les seuls qui
soient entrés dans quelques détails sur ses raoeurs;lesautresnaturalistesontemprunté
il