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la fare des mdles, que lorsqu'ils oni déjà trois ans ou iroisans ei demi, et ([ii'cllccroii
avec I'd^^e de l'animal. Maïs, d'aillein-s, les trois jeunes Lions n'avaient pas au bout de
la queue ce flocon qui appartient à la Lionne aussi bien qu'au Lion. Lem- poil était
laineux cl n'ofTrait pas encore la couleur de leur père; il présentait, siu* un fond molé
debris et de roux, uu i^rand nombre de bandes petites cl brunes, qui claicnt sur-toul
irè.s-distinctes sur l'épine dorsale et vci's l'origine de la queue, cl qui étaient disposées
transversalement de chaque côté d'ime raie longitudinale, brune et étendue depuis le
derrière de la tête jusqu'au bout de la queue.
Les Lionceaux ont donc une livrée oudescouleui's qui leur sont pariiculicres; cl il
est possible que cette disposition de leurs nuances, qui forme des bandes cl une raie,
et qui montre leur parenté avec plusieurs autres Felis fascés et rayés, observée par des
vovageurs sur de jeunes individus, cl al tribuéc ensuite à des individus adul tes, ail contribué
à faire croire à (pielques anciens observateurs, el à faire écrire par .'Elien ainsi
queparOpj>ien,C[u'il y avail, dans les i^randes Indes, une race de Lions rayés.
Les Lionceaux ne présenteni donc, lorsqu'ils viènenl à la linuière, que les trois derniers
caractères des six que nous avons indiqués comme devant servir à distinguer véritablement
leur e.spèce d'avec les autres Felis ; mais à mesure (pi'ils i;randissent, les
nuances de leurs couleurs ressemblent à celles des Lions adultes; leurs bandes et leur
raie disparaissent, et les proportions de leurs différentes parties se rapprochent de
celles de leur père ou de leur mère.
A l'àge d'un mois, les jeunes indlcs nés dans la ménagerie du Muséimi, avaient encore
la raie longitudinale et les bandes transversales sur le dos, ainsi qu'on peut s'en
assm-er par la planche de cet ouvrage, qui les représente tels qu'on les voyait à cet âge.
Leurs dimensions étaient alors cinq fois plus gi'andes î[UC celles qui ont été données
à leur figure par noU-e habile peintre le citoyen Maré<-hal.
(]'est en brumaire de l'an neuf que ces Lionceaux sont, nés ; dans les premiers jours
de germinal de la même année, leur mère a été couverte par le mâle; el le 26 messidor
de l'an neuf elle a donné le jour à deux jeunes Lionnes. Elle a porté ces deux femelles
pendant un lenips égal, ou à peupré^, à celui pendant lequel elle avait porté les Q-ois
Lionceaux mâles. Ncuis connaissons doncmaintenani avec précision le véritable lemps
delà gestation delà Lionne. /Elien a écrit que ce temps était de deux mois. Philostrate,
parmi les anciens, et Etienne Wuoi , parmi les modernes, ont cru qu'il élait beaucoup
plus long et pouvait aller jusqu'à six mois. Buffon inclinait pour cette dernière opinion.
jNous ]>ouvons dire aujourd'liui, avec ceri.itufle, que la Lionne porte ses petits pendant
cent huit jours, ou un peu plus de trois mois et <lenn. La Chai le porte les siens ordinairerucnl
])endant cinquanlc-cinfj ou cinquante-six jours, et par conséquent la diu'ée
de sa gestation n'égalcàlrcs-peu près ((ue la moitié de <rclle de la gestation de la Lionne.
Arisiote ci'oyaii (|ue la Lioimc produit <-intj ou six petits lors de sa première portée,
quatre ou cinq à lascconde, trois ou <[tiatreàla lroisîème,<leux ou iroisà la fjualriemc,
un ou deux à la cinquième <.|u'il regardaii comme flevant être la dernière. Selon ¡1-
lughby, la Lionne qui engendra dans la niénageric de Naples, donna le jour à cinq
Lionceaux d'une seule portée. Il paraîl iju'Ai-istote a élé mal inibi'mc, ainsi (jueBuffon
l'a conjecturé, el queW illughby n'a pas élé mieux instruit, [»uisque la Lionne de la
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ménagerie du Muséum a eu,ainsi que nous venons de le voir, deux Lionceaux à sa
prejnière portée, trois à la seconde et deux à la troisième.
Peut-être les naturalistes ont-ils été aussi dans l'erreiu-, lorsqu'ils ont dii que la
Lionne ne mettait bas qu'une fois par an -, cela n'est vrai du moins que dans l'élat de
nature, puisque dans l'état de domesticité, la Lionne du Muséum a donné le jour à
trois milles, en brumaire de l'an g , et à deux femelles le 36 messidor de la même
année.
Peu de temps avant la naissance de ces deux femelles, les trois Lionceaux étaient déjà
devenus niéclianls. Un de ces jeunes Lions, qu'on avait coupé pour lâcher de savoir
quel peut être l'eflei de la castration siu- des individus d'une espèce aussi terrible (|ue
celle du Lion, paraissait moins iraiiable que les autres. Un jour où le citoyen Félix
Cassai avait voulu le faire marcher par force dans les jardins du Muséum, ce Lionceau
s'était jeté avec colère stu-son bras et avait déchiré son habit. Mais on ne pourra plus
suivre que sur l'un de ces trois Lions, les progrès du développement du caractère. Deux
sont déjà morts; et il paraît qu'ils ont succombé aux premiers effets de la dentition, de
celle opération si souvent dangereuse pour les animaux qui vivent dans l'esclavage, el
dont les mâchoires peu alongées opposent un grand obstacle au développement des
dents. Le Lionceau coupé a péri, et il est mort le second.
Le père et la mère de ces jeunes Felis sont cependant irès-atlâchés à Jeur gardien
auquel ils obéissent avec unegi'andc docilité. Ce n'est que dans le lemps où la femelle
est en clialeur,que lemdleest commefurieiL\, elne permettrait pas, même à Cassai,
de s'approcher de I ui impunément.
La Lionne, sonmàle et les autres Lionnes de la ménagerie, ne mangent qu'une fois
envingl-(|uatrebeures. On leurdonne à chacun quatre ou cinqkilogramnies de viande,
et un litre et demi d'eau.
Le rugissement du Lion est composé de sons prolongés, assez graves,mêlés de sons
aigus et d'une sorte de frémissement. Il varie et pour la durée et pour la force, et pour
la hauteui' et pour la gi-avilé des tons, suivant l'dge de l'animal, les affections qu'il
éprouve, les passions qui l'agitent, la colère qui l'anime, les besoins qui le presseni, la
chaleur qui le pénètre, le froid qui l'incommode et les échos qui répètent ses cris
rei en tissants.
Le mâle du MuséuiTi commence de rugir à la pointe du jour: toules les femelles
l'iniiient, et leurs rugissements durent à peu près pendant dix minutes. Ils recommcnceiu,
après Icin- repas, leur singulier concert, et on dirait que leurs cris sont, à
ces deux ('-poques, l'expression du plaisir qu'ils éprouvent lorsqu'ils ont appaisc leur
faim ou lorsqu'ils revoient la lumière du joiu-. Ils ne rugissent d'ailleurs que ilans les
instants où le tcnqis esi près de changer, ou (|uand leur gardien est éloigné d'eux.
l.)an.s l'clal de iialure, le Lion sort le plus souvent de sa lanière pendant la luiil, pour
éviter les effets funestes de l'ardeur des rayons du soleil sm* ses yeux délicals conmie
cciLvdcs Chats, el de plus pour surprendre plus facilement sa proie, en lui dérobant
son approche au milieu des ténèbres. C'est donc pendant le joui' qu'il dort dans sa
caverne. Mais dans l'étal de domcsiicité, il n'erre pas pendant l'obscurité pour chercher
sa nourriture; l'abri qu'on lui donne le préserve pendant le jour d'une lumière