L ' O U R s POLAIRE ,
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M A K I T I M E.
URSUS MARITIMUS.
C E T animal, célèbre depuis iong-lemps par les récits exagérés de sa férocité,
était mal connu des naturalistes avant Pallas, et il n'en existait i)oint de bonne
figure avant celle que nous présentons au public. Il paraît qu'il devient plus grand
que YOurs commun. Les Hollandais de la troisième expédition pour la recherche
d'un passage aux Indes par le nord, qui passèrent un hiver à la Noùvelle-Zemble, et
qui furent cruellement tourmentés par les animaux de cette espèce, prétendent en
avoir tué un dont la peau avait treize pieds de longueur. ( C'est sans doute par une
faute d'impression qu'on trouve dans une autre relation du même voyage, que cette
peau en avait vingt-ti-ois.) Celui dont nous donnons la figure, et qui était mdle,
n'avait, quoiqu'adulte, en ligne droite que cinq pieds sept pouces depuis le bout du
museau jusqu'à l'anus. Il est vrai qu'il avait été tenu en captivité depuis les premiers
mois de sa vie. Pallas a mesur é une femelle d'environ un an, et qui n'avait que ti'ois
pieds dix pouces; une femelle brune du même âge n'avait que six pouces de moins.
La peau d'une femelle adulte d'Ours blanc sauvage, mesurée par le même , se trouva
longue de six pieds, et UÏI mâle tué par les gens du capitaine Phips, dans son voyage
au pôle boréal, avait sept pieds un pouce mesure anglaise, qui reviènent à six pieds
sept pouces de France.
Son corps, et sur-tout son cou, sont plus alongés à proportion, et sa tête plus
mince et plus plate que dans l'Ours commun. C'est pour n'avoir vu qu'un jeune
individu (¡ue Pallas dit le contraire. Son front n'ayant point la convexité qu'on
remarque dans l'Ours b run, est presque en ligne droite avec le nez, et comme il est
aussi plus étroit à proportion, tandis que le museau est plus gros, la tête paraît toute
d'une venue. Les oreilles sont beaucoup plus comptes et plus ari'ondies; mais le
caractère spécifique le plus frappant consiste dans la longueur proportionnelle de la
main et du pied, qui est beaucoup plus considérable que dans l'Ours brun. Le pied
de derrière de celui-ci fait à peine le dixième de la longueur de son corps, tandis
que dans l'Ours blanc il en fait le sixième. Cette différence vient en partie de ce que
l'Ours b run n'appuie pas aussi complètement le talon à terre <{uc le blanc.
Le poil de l'Ours blanc est plus fin, plus doux, plus laineux que celui de l'Ours
brun; il est aussi plus court à la tête et à la partie supérieure du corps, mais celui
du ventre et des jambes devient fort long. Ce poil est d'un assez beau blanc en toute
saison; mais cette différence seule ne suffirait pas pour distinguer cet Ours : car
1 espèce de l'Ours brun a aussi plusieui's individus blanchâtres, ou même entièrement
blancs: on en trouve sur-tout de tels dans les pays du nord pendant l'hiver.