L E L É P H A N T
DES INDES.
EL EPHANTU S I N D I C U S.
L E genre des Eléphants est si diiFérent de tous les autres genres de quadrupèdes,
qu'il est difficile de lui assigner sa véritable place parmi eux, à moins d'en faire un
oi'dre à pari.
Cinq doigts bien complets et bien distincts dans le squelette, semblent en faire
u n animal digité;mais ils sont enveloppés, dans l'étal de vie, par unesubstance épaisse
et dure qui ne leur permet aucun mouvement, et qui constitue en apparence une
sorte de sabot5 sur les bords de ce prétendu sabot, sont implantés les ongles petits
et plats, qui devaient garnir l'extrémité de chaque doigt, et qui en sont cependant
tellement séparés, qu'ils ne sont pas toujom's placés vis-à-vis, et qu'il en manque
souvent un ou deux. Les dents molaires composées de lames verticales et placées
en travers, l'absence des canines, les énormes dents implantées dans l'os incisif, et
plusieurs autres détails d'osléologie, semblent rapprocher l'Éléphant de l'ordre des
rongeurs; mais il s'en éloigne en ce que ces dents, incisives par leur position, ne le
sont point par leur forme lïi par leur usage; vu qu'au lieu de se recourber en bas
pour rencontrer des incisives inférieures, elles sont ou droites, ou recoiu-bées en
avant et terminées en pointe, en un mot de vraies défenses comparables à celles
des Sangliers. Ces défenses à la mâchoire supérieure, et l'absence d'incisives et de
canines à l'inférieure, rapprochent l'Eléphant du Morse; mais le reste de l'organisation
de ces deux genres n'a rien de commun. Enfin ce qui distingue éminemment
l'Eléphant de tous les autres quadrupèdes, c'est sa trompe^ instrument admirable
qui lui donne une adresse et une finesse de tact, supérieures à celles des Singes,
et d'autant plus précieuses, que le siège en est voisin de celui de l'odorat, et que
Taniujal peut examiner à la fois chaque objet par ses deux sens les plus délicats,
et le saisir ou le repousser après l'avoir jugé.
Comme la léle de l'Eléphanl est très-pesanic, et que ses longues et lourdes défenses
dirigées en avant, contribuent encore à éloigner le cenlre de gi'avité du point d'appui,
jamais il n'aurait pu soulever cette tête, si son cou eut été proportionné à la hauteur
de ses j ambe s ; d'un aulre côté, avec un cou (^oui-t et de hautes jambes, il n'aurait pu
ni paîire ni boire : c'est ce qui a rendu sa trompe nécessaire à son existence.
I'",lle est formée par un prolongement membraneux des tubes des narines, garni de
muscles, et revéïu extérieurement d'une membrane tendineuse et de la peau.
Les muscles qui la meuvent sont de deux sortes; des longitudinaux, divisés en une
nuihiiude d'arcs, dont la convexité est en dehors, et don! les deux bouts adherent à la
membrane interne ; et des transversaux qui vont de la membrane interne à l'externe
coinine les rayons d'un cercle; ces derniers rétrécissent l'enveloppe externe, sans