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feni ier le canal inicvne, avantage que des mus c l e s ci rculai res n'am-aienl pas e u ; par
cette action ils al longent la t r ompe en forç ant les mus c l e s longi tudinaux d e s'étendre.
Ceux-ci en se cont r a c t ant rac courc i s sent la t r ompe , soit en totalité lo r sque tous
agi s sent , soit par pa r t i e s , et <'ela d'un ou plus ieur s cot és , et dans une ou plus ieur s
por t ions de sa l o n gueur , ce qui produi t toutes les courbur e s imaginabl e s dans un ou
[)lusieurs pl ans , e t même en spi rale r égul ièr e ou i r r é gul i e r e ;mé c ani sme en mé r a c t emps
le plus s impl e et le plus fécond qu'il fût pos s ible d' imaginer . A l 'ext rémi té de cette
t r omp e , est un appendi c e en f o rme de d o i g t , que l'Éléphant n' emplo i e q u e po ur
saisir les plus petites clioses : il peut encore en pr emi r e d e très-petites, en ployant la
par t ie de sa t r ompe s ituée au-dessus de l ' ext r émi t é , et on lui en voit souvent empo r t e r
à la fois des deiLx manières . Cet te t r ompe est si r o bus t e , qu'elle peut an-acher des
a r b r e s , ébr anler des bâ t iment s , lancer des ma s s e s cons idé r abl e s , et que l 'Eléphant
étouf fe a i sément un h omme ent re ses replis.
Ou t r e ces caractères s ingul i e r s , tous les El éphant s ont encore ent re eux un g r and
n omb r e de r appo r t s (l'organisation. L e u r s j amb e s sont élevées et fort gros ses ; le pied
est appuy é tout ent ier sm- le s o l , et si cour t à pr o po r t i o n , que la j a in be a l'air d'êt re
t ronquée net c omme une c o l o n n e ; leur s oreilles sont larges et pen d an t e s , ma i s
aut r ement que dans les animaux qui les ont telles par suite de l'état d e d ome s t i c i t é ,
c omme les chiens : en ef fet , dans ceux-ci c'est la par t ie supé r i eur e de la c o n q ue qui
r e t omb e et couvre même l'entrée du mé a t audi t i f ; dans les El épi i ant s , l'oreille est
élargie et pendant e par la partie poslériem-e et infér ieure.
L e c r ane des Elephant s est b e auc o up plus gr and qu'il ne f audr a i t po ur cont eni r le
c e rve au; tout l'intervalle de ses deiLx paroi s est o c cupé par une mul t i t ud e de gr ande s
cellules qui c ommu n i q u e n t avec l'intérieur du n e z , et qui servent sans dout e à donne r
de l 'étendue à l 'organe d e l'odorat. L a t r ompe ne sert point par e l l e -même à sentii- les
odeur s ; l'usage que l 'animal en fiiit po ur pompe r les I iquide s , n'aurait pas pe rmi s que
sa memb r a n e interne f ût as sez fine pour c e l a ; elle n'est donc q u e le condui t des
vapeur s odorantes . Il n'y a (ju'unc ligne sur le mi l i eu de l 'occiput , où les deux paroi s
du crâne soient r appr o ché e s , et f o rmen t un enf onc ement dans lequel s'attache le
l i g ament cervical ; c'est aussi là le seul endroi t où le c r âne soit aisé à pe r c e r , ei par où
on puis se tuer l 'animal d'un seul c o up de dard.
L e s dent s mol a i res de l'Eléphant ont une ma n i è r e toute pa r t i cul ièr e d e se développer
. Cha c un e d'elles est un c ompo s é d'un certain n omb r e de dent s pa r t iel les ,
placées à la iile les unes des aut r e s , lrè,s-jninces d'avant en a r r i è r e , ma i s o c c upan t ,
dans le sens t ransver sal , toute la largeur de la deni totale. Ces dent s sont toutes com-
¡)lètes, toutes mun i e s de leur subs t anc e os seuse et d e leur subs t ance éma i l l eus e , et
ayant leiu-s racines propr e s , avec les ouver tur es ordinai res pour les ner f s et les vaisseaux.
Dans le g e rme elles sont sépa r ées ; ma i s lorsqii'elles sont prêtes à percer la
g enc ive , elles se soudent an mo yen d'un c iment par t iculier . Cha cun de ces g e rme s
pr és ent e à son sonnne t une suite de pointes o btus e s , séparées [m- des s i l lons : ma i s
lorsqu'ils sont so r t i s , ces pointes s 'émous sent par le f rot tement de la ma s t i c a t i o n;
elles se changent d' abord en autant de cercles de ma t i è r e os seuse, entourés d' éma i l ,
et en s'usant encore plus a van t , ces cercles se confondent et finissent pa r f o rme r un
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r u b a n , osseux au mi l i e u, éma i l leux à ses bo rds , qui n'est aut r e chose que la coupe
t ransverse d e la dent par t iel le qui s'est usée par degi'és. Pendant que la dent générale
dimi tnie ainsi à sa par t ie supé r i eur e , elle s'allonge par en b a s , et on t rouve aux
vieilles déni s deS racines longues et di s t inctes , tandis que les nouvelles n'en ont pas
du tout. L a man i è r e dont les dent s se r empl a c ent n'est pas moins cur i eus e : les premi
è r e s mo l a i r e s ne sont qu'au n omb r e de qua t r e , une de cl iaque côté dans cha que
mâ cho i r e ; au bout de que lque t emps il s'en développe <|uairc auti-es, non par -des sous ,
ma i s pa r -der r ièr e; l 'Eléphant en a alor s huit en t out , ma i s les secondés pous sent
petit-à-petit les pr emi è r e s en avant , et finissent par les (aire tomber tout-à-fait; alors
il n'en a de nouveau que quat re. C est 1 ms t ant où deux nouvel les paires commenc ent
à po us s e r , qui font t omb e r a lem- tour celles qui les ont préc édées : cette succession se
répète sept à huit fois pendant la vie d e l'animal. Cha q ue dent nouvelle est plus
g r ande que l ' anc ienne, se c ompo s e d'un plus gr and n omb r e d e dent s par t iel les , et a
besoin d'un t emps plus long pour se développer .
Le s défenses de l 'Eléphant ont aussi une stiMictm'c qui leur est propre. El les sont
compo s é e s d e couches coniques embo î t é e s les unes dans les aut r e s , et dont les plus
intériem-es sont les dernières produi tes : leur base est creusée d'une cavité c onique ,
dont la po int e se pro long e en un canal étroit qui traverse l'axe de la défense, et qui se
rem|)lit d'une ma t i è r e noi rât re. L a coupe t ransverse de la défense présente des cercles
qui sont eux -même s les coupes des couches qui la composent . On y voit de plus des
lignes qui se r endent du cent re à la c i r confér enc e, en s e c ourbant en arcs d e cei-cles,
et en se croisant avec d'autres semblables coui-bées en sens cont r a i r e s , et f o rmant
ainsi des losanges curvi l ignes disposées fort régul ièrement . Ce sont ces losanges qui
peuvent faire r econna î t r e sur - le-champ l'ivoire de l 'Él éphant ; on ne voit r ien d e s emblable
sur celui de l 'Hippo po t ame , du Mo r s e , du S ang l i e r , ni du Narval, L a couche
la plus extér ieure n'a q u e des stries droi tes et dir igées vers le centre. C'est un véritable
éma i l ; ma i s c o imn e il n'est guè r e plus d ur (pie l'ivoire l ui -même , et qu'il s'use vile à
la par t ie voisine de la po in t e , plus ieur s auteur s ont c ru que les défenses de l 'Éléphant
étaient dépourvue s de cet te subs tance.
L e s pr emi è r e s défenses t ombent lorsqu'elles ont a t t emt une longueur de que lque s
po uc e s , et sont ensui te r empl a c é e s par d'aut res qui deviènent ordinai rement beauc
oup |)lus longues.
L a peau est r u d e , inégale, r idée et c o nmi e ger cée dans toutes sortes de s ens , et
g r enue c o n u n e du chagrin. On y voit ti-ès-peu de po i l , les adul tes n'en ont même que
dans quel( |ues pa r t i e s ; il y en a d'éjxirs par-tout le corps dans les jeunes sujets. L a
peau est o rdina i r ement d'un noi r plus ou mo in s fonc é lor squ'el le est l avée, ma i s la
pous s ière en cache pr e sque toujour s la vraie couleur . L e s ongles sont d'un rose clair
lors<|u'ils sont pi-opres. L' é pi d e rme ne tient à la peau que d'espace en espace. Le s
intestins s o n t d ' u n e g r o s s c u i ' c o n s i d é r a b l e ;ma i s l'estomac est s impl e et pe t i t ; le foie
n a que <leux lobes et est dépourvu de vésicule du fiel.
Ces res seuiblances génér a les , joint e s au peu de facilité qu'il y a de réuni r et de
c ompa r e r des El éphant s d e diver s c l ima t s , avaient fait mé conna î t r e jusqu'à ces
dernières années les diflerences de leurs espèces : on sait aujourd'iiui (|u'il y en a au