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2 L E L E P H A N ï DES INDES,
Perrault a atlribué lafonclion d arrêterl'asccnsion dcslic|ueurs n'y conlrlbucnt point
du (OUI. Au-dessus de cette courbure, le canal de cliaque narine se dilate pour,se
rétrécir une secónde foisj celte dilatation a lieu au-devant de la partie supérieure
de l'os intcr-maxillaire; et le rétj'écissemenl, à l'endroit où le canal se courbe en
arrière pour débouclier vers la narine osseuse. Cette seconde courbure est protégée
en avant par le cartilage du nez, cjui a la forme d'un bouclier ovale, très-convexe
dans le màlc que nous avons disséqué, mais beaucoup plus plat dans la femellediOerence
ni Il étajt très-sensible à l'extérieur, et qui faisait disiinguer nos deux
Eiépliants au premier coiip-d'oeil, mais qui ne lenaril qu'il ce carlilage, ne subsiste
plus dans le squelette, comme a paru le croire le cit. Faujas, qui a fait graver les
têtes de ces deux Éléphants, « afin, dit-il, deviler une erreur dans le cas où l'on
» trouverait des tètes fossiles d'Éléplianls miles et femelles, et d'empéclier alors
» qtt'on ne soit tenté d'en faire deux espèces différentes ( i ) ».
D'ailleurs il s'en faut bien que cette difTérènce extérieure caractérise toujours le
sexe des Eiépliants; le mâle des Jndes à longues dents, que l'on montre en ce
moment au public de Paris, n'a point cette saillie de la base de la trompe.
La membrane qui revêt tout l'intérieur de ces canaux de la trompe est assez
sèche, légèrement mais régulièrement sillonnée de rides fines et serrées formant
des losanges ; sa couleur est il'un jaune verdàtre : on y remarque qttelques rameaux
veineiLx peu serrés, et, en général, .sa texture ressemble si peu à celle de la
membrane pituitaire, qtte nous ne croyons pas du tout qu'elle soit, comme
quelques Auteurs 1 ont prétendu, une prolongation du siè^e de l'odoi'at L'usage qu©
l'animal fait de ce même canal pour pomper sa boisson, ne nous paraît pas avoir
permis à cette membrane interne d'avoir le tissu délicat, nécessaire à l'exercice
de ce sens, parce qu'alors elle aurait été affectée douloureusement par les liquides,
conune l'est noU-e membrane pituilaire, lorsque noire boisson entre dans le nez!
C'est une raison semblable qui fait que le sens de l'odorat n'existe point du tout
dans les narines des cétacés, parce qu'elles servent de passage continuel à l'eau
de la mer que ces animaux font jaillir en jet d'eau. L'odorat est donc, selon nous,
restreint, dans l'Éléphanl, à la partie des narines renfermée dans les os de la téle.
Les muscles de la irompe n'ont d'autre destination que de faire prendre au
double canal que nous venons de décrire, loutcs les inflexions que l'animal juge
à propos de lui donner. Quoique ces muscles soienl exiraordinaircmcnt nombreux,
ils peuvent cependant être réduits à deux O.TII-CS principaux; savoir : ceux qui
forment le corps ou la partie inlérieure de l'organe, et ceux qui I'envelop,-ent. Ces
derniers sont tous plus ou moins longitudinaux, c'esl-à-dire qu'ils parlent du
pourtour <le la base, et se prolongent plus ou moins directement jusque vers la
pointe; les autres sont ions transversaux el coupent l'axe dans diverses directions.
Les muscles longitudinaux doivent se diviser en antérieurs, en postérieurs el en
latéraux; les premiers ont leur attache fixe a la face antérieure de l'os fronial,
( t ) Essai de Géologie, Tome , page 238.
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au-dessus des cartilages et des os propres du nez, par une grande ligne demi-circulaire
qui descend de cliaque côté jusqu'au-devant des orbites; ils forment une multitude
innombrable de faisceaux qui descendent tous parallèlement les uns aux autres,
et qui se rétrécissent alternativement par des intersections tendineuses, distantes
de quelques centimètres seulement. Les seconds naissent de la face postérieure et
du bord inféi'iem' des os inter-maxillaires; ils forment deux couclies divisées l'une
et l'autre en une multitude de petits faisceaux, dont la direction est oblique; la
couche externe dirige ses faisceaux du haut en bas, et du dedans en dehors-, lu couche
interne les dirige en sens contraire, c'est-à-dire du dehors en dedans, et les faisceaux
des deux côtés forment, par leur rencontre, une ligne moyenne qui règne tout le
long du milieu du dessous de la trompe. Les muscles latéraux, enfin, forment deux
paires dont l'une est, en quelque sorte, une continuation de l'orbiculaire des lèvres,
ou, si l'on veut, c'est l'analogue du muscle nasal de la lèvre supérieure; elle vient de
la commissm-e des lèvres, et descend entre les muscles antérieurs et les postéiieurs
jusque vers le milieu de la trompe : elle se divise en beaucoup de languettes qui
s'insèrent obliquement entre les faisceaux latéraux des muscles inférieurs. Le
deuxième muscle latéral est l'analogtte du releveur de la lèvre supérieure; il a son
attache au bord antéi'ieur de l'orbite, et va, en s'élargissant, s'épanouir sur la racine
du précédent.
Blair a considéré le muscle zigomatique comme une continuation du premier de
ces muscles latéraux , et comme le sterno-mastoidien s'attache aussi à l'arcade
zigomatique, faute d'apophyse mastoïde, il a pensé que ces trois muscles n'en
faisaient qu'un seul, et a prétendu en conséquence que les muscles abaisseurs de
la trompe viènent du sternum. Le même Auteui- fait venir les relevcurs, de l'occiput
par-dessus le sommet du crdne, erreur plus difficile à expliquer que la première,
mais non moins réelle, ainsi que l'a U'ès-bien observé Camper.
Nous n'avons pas besoin d'expliquer longuement l'effet de ces différents muscles
longitudinaux; il est clair qu'en agissant tous ensemble, ils doivent raccourcir la
totalité de la trompe, et que lorsque ceux d'un côté seulement agissent, ils doivent
la fléchir de ce côté-là; mais on voit encore que leur division et les intersections
tendineuses des antérieurs doivent servir à raccourcir ou à fléchir, au gré de
l'animal, certaines portions de la trompe seulement, tandis que les autres resteront
allongées, ou bien se fléchiront mêiiie en sens contraire. Par conséquent il n'est
aucune sorte de courbure que l'animal ne puisse donner à sa trompe par leur
moyen.
Perrault a supposé que les muscles intérieurs ou U'ansversaux de la trompe sont
tous dirigés comme des rayons du pourtour des deux canaux perpendiculairement
à l'enveloppe extérieure. Cette assertion n'est pas entièrement exacte; un coup-d'oeil
sur nue coupe transversale de la trompe montre qu'ils ont plusieurs autres
directions ; ceux <lc la partie antérieure vont ii peu près comme des rayons du
centre à la circonférence; dans la région de l'axe, derrière les deux canaux, il y en
a qui se portent directement de droite à gauche ; ceu.x-ci sont entourés par d'autres