L E S E R V A L .
F ELI s SERVAL. LI N N .
O N sait irès-peii de chose touchant l'animal qui fait l'objet de cet article, et ce qu'on
croit en savoir n'est pas même bien certain; il n'a été clairement décrit avant nous
que par deux naturalistes, Perrault et Bufibu, qui ont été copiés par tous ceux qui en
ont parlé après eux: or, ils n'avaient TU, comme nous, cet animal que dans des ménageries,
où l'on n'avait point de renseignemenls authenliques siu^ son pays natal et sur
ses habitudes dans l'état sauvage. Comme on donnait à l'individu que Perrault décrivit
, le nom de Chal-pard, il supposa que « cet animal était du nombre de ceux qui
» sont engendi-és par le mélange de deux diiFérenles espèces, et qu'il devait être mis
» au nombre des nouveautés que l'Afrique produit tous les jours, suivant le sentiment
» d'Aristote et de Pline qui, rendant raison de la fécondité que l'Afrique a pour les
» monstres, disent que la sécheresse de ses déserts oblige les bêles sauvages à s'assem-
» bler aux lieux où il y a de l'eau, et que cette rencontre donne occasion à des
» animaux de dilTérentes espèces de s'accoupler et d'engendrer des espèces nouvelles,
» lorsqu'il arrive qu'ils sont égaux en gi-andeur, et que le temps qu'ils ont accoutumé
» de porter leurs petits n'est pas beaucoup différent. »
Perrault raisonne suivant cette hypothèse dans tout le reste de son article, et quoiqu'il
ne dise pas positivement qu'il y ajoute foi, on peut dire aussi qu'il ne prend pas
la peine de la réfuter assez.
Buffbn avait reçu son individu sous le nom de Chat-tigre^ et il a regardé comine
identiques avec lui, tous ceux que les voyageurs ont nommés ainsi, et pariiculièrement
le Chal-tigre du Cap, de Kolbe, celui du Gange, de Luillier, et le Seival ou
Maraputé du Malabar, du père Vincent-Marie ; c'est même de ce dernier qu'il a emprunté
le nom de Serval pour le donner à son animal.
Il nous semble que ces différentes descriptions ne s'accordent ni entre elles, ni avec
l'espèce de Buffon. LuilUenWi que son Cliat-tigre est grand comme un Mouton, et
Vincent-Marie fait le sien plus petit que la Civette. Ni l'une ni l'autre taille ne se rapporte
avec celle de notre animal. Quant au Chat-tigre du cap de Bonne-Espérance, il
est bien connu aujourd'hui par la description qu'en adonnée Forster, dans les transactions
philosophiques, lom. L \XI , et il est aisé de voir que ce n'est point le Serval ; il
ressemble même tellement à la Genette du Cap, de Buffon et deSonnerat,( vù'ena
malaccensis. GMEL. ) que la seule raison qui nous fasse hésiter à le regarder coimne de
la même espèce, est que Forster ne fait mention d'aucune odeur dans la description
dcsonCliat-ligre.
Nous n'avons rien à dire non plus de certain sur la vraie patrie du Serval. Celui qui
a vécu dans cette ménagerie, avait été acheté originairement au Havre, avec un roi
des Vautours et un Papión, d'un capitaine américain; mais celui qui a vendu ensuite
ces animaux au Muséum, n'a pu dire si le Serval venait du pays du Vautour, qui est
l'Amérique, ou de celui du Papión, qui est l'Afrique, Quelques marchands d'animaux,
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