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Le Miiv.souin est absolumcnl dépourvu tic poil ; il n'a pas même de cils aux
paiij>icrcs. Sa peau est parfailcment lisse, eL son cpidcrine, très-doux au toucher,
se dt'iaclie facilcmenl. H n'y a point de lèvres proprement dites5 mais la peau,
toujours lisse et noire, se renfonce seulement un peu pour s'unir airs gencives.
L'a'il esl petit, fendu longitudinalement, et situé prcscjuc dans l'ali^nenient de
l'ouverture de la bouclie. Les paupières sont molles et ont peu de jeu; leur face
interne est enduite d'une espèce de mucus^ mais il ne pai'ait point que ces animaim
répandent de larmes, et ils n'ont pas de points lacrpnaux. L'iris de l'oeil est jaunâtre,
ei la pupille a la Tonne du V renversé. L'ouverture de l'oreille n'est pas plus grosse
qu'une piqûre «l'épingle; celle des narines est placée sur le soimiiet de la téte,
précisément entre les yeux, et ressemble à un a^oissant dont la concavité serait
dirigée en avant.
La nageoire dorsale et celle de la <]ueuc n'ont point de parties osseuses dans
leur intérieur, et ne sont pas susceptibles de mouvements particuliers ; leur
substance est un mélange de cartilages cl de fibres ligamenteuses croisées en
différents sens. Celle du dos est presque toute composée de giaisse.
La taille du Marsouin varie de trois à quatre, jusques à six, et, selon quelques
Auteurs, jusques à huit pieds. Son poids dépend de sa taille. Cardan prétend en
avoir vu à St.-Vallery un c[ui pesait mille livres^ ils restent d'ordinaire beaucoup
au- dessous de ce poids.
La couleur est, en dessus, un beau noir luisant ; en dessous, un blanc un peu
bleuâtre.
Le màle et la femelle ne diffèrent que très-peu à l'extérieur, même par les
organes du sexe ; la verge rentre entièrement sous la peau, et l'on n'en apperçoît
d'ortlinaire en dehors que rexlréniitédu gland. Celle du Marsouin d'abord cilindrique,
après avoir fait un coude, se termine eu cône assez aigu; celle du Dauphin ressemble
plutôt à une langue applatie. Les testicules sont cachés en dedans, et portés par un
ligament, membraneux fourni par le péritoine, dans l'épaisseur duquel l'arlère
.sj>ermaiii[ue forme un plexus comme la veine. Le canal déférent, comme celui
de l'Llcphant, est replié sur lui-même jusqu'à son entrée dans l'iu-èthre. Il n'y a ni
vésicule séminale ni glande de Cowper, mais la prostate est énorme. La première
moitié de l'urèlhre fait, avec celle contenue dans la verge, un angle de l{0 degrés :
les corps caverneux et leurs muscles s'attaciient aux petits ossclels qui tièncnt lieu
de lout bassin. I.a femelle n'a point de nvmj)lies, mais un clitoris assez notable.
Son vagin est garni de rides transversales, presque semblables ¿1 des valvules. Sa
inairice est partagée très-près de son orifice.
Nous ne comptons (|ue quatre estomacs, tant dans le Daupliin que dans le
Marsouin ; nous concevons »-opendant qu'on peut en compter six, mais nous ne
voyons pas comment J. lluntcr a pu en trouver un se])tièine dans le Dauphin.
Voici une description sonuriaii-e de ces viscères.
L'oesophage <'onduit d'abord directement dans le premier estomac , le })lus
volumineux de tous, en iôrme de poclic ovale; le passage du premier au second
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est près de l'entrée de l'oesophage; et comme il y a deux étranglements, ce polit
passage pourrait passeï' lui-même pour un estomac. Le second estomac est de
forme ronde, et presque aussi grand que le premier; sa sortie est opposée à son
entrée. Entre lui et le troisième, est encore un petit passage, étranglé aux deux
bouts, mais qu'on ne voit point en dehors. Le troisième estomac, selon noire
manière de <'ompier, est fait comme un simple boyau courbé en S ¡iali(|ue, ei le
quatrième est tout à fait aiTondi; les parois du premier sont fort ridées en dedans
et revêtues d'une veloutée assez épaisse. Son pylore est garni de rides tellement
fortes et saillantes, qu'aucun corps un peu gi-os ne pourrait le traverser. Les parois
du second estomac sont irès-épaisses et creusées de rides longitudinales qui en ont
de côté et d'autre d'obliques, comme des feuilles pennées. La subsiance des parois
est une sorte de pulpe assez homogène, et la veloutée fine et lisse. Les deux passages
tièncnt assez de la nature de ce second estomac. Le troisième est simplement
membraneux; sa veloutée esl marquée d'une'infinité de petits pores. Enfui, le
quatrième est presque ridé comme le premier.
Malgré letups quatre estomacs, ni le Marsouin, ni le Dauphin, ne doivent
ruminer: leur oesophage ne conduit que dans le premier estomac, et ils ne sont
pas maîtres de faire revenir les aliments à la bouche en passant par le second
estomac, comme le font les véritables ruminants. Les rides du premier pylore sont
mén\e disposées de manière à empêcher le retour des aliments dans l'oesophage
et à les forcer d'entrer dans le deuxième estomac. L'oesophage et (out le canal
intestinal ont en dedans des plis longitudinaux très-profonds. Le canal va en
diminuant de diamètre jusqu'à l'anus, et l'on n'y voit ni gi-os intestins ni coecums.
Le rectinn est d'une minceur extraordinaire, à proportion de l'aninial.
Le canal hépatique et le pancréatique entrent dans le dernier estomac. Le foie
n'a (|ue deux lobes, encore moins divisés que dans l'homme, sans vésicule du fiel.
Il y a sept rates, dont la première est de la grosseur d'une châtaigne, et les autres
vont en diminuant jusqu'à celle d'un pois. Cette observation, déjà faite pai-Daniel
Major, a été négligée par J. Hunter.
La langue est molle, large, plate, et dentelée en scie sur ses bords.
Les reins sont, comme dans les Ours, divisés en beaucoup de lobes distincts
et dépourvus de bassinet.
L<a pyramide du larynx est formée par l'épiglotte et les cartilages arythénoïdes
joints enscnrble parla membrane commune; de sorte ([u'il ne reste qu'une petite
ouverture vers le haut en forme de bec de lanche. Il n'y a rien dans l'intérieur
de cette pyramide ni dans le reste du larynx, qui ressemble à une glotte, et ces
animaux n'ont et ne peuvent avoir d'autre voix qu'un fi-émissement ou autre bruit
sourd produit par l'air chassé violemment au travers de la petite ouverture du
sommet de la pyramide.
L'oreille interne du Mai^souin, comme celles des autres Cétacés, est creusée
dans un os particulier, qui ne fait point partie du crâne comme dans les
mammifères, mais qui n'y lient que par des ligaments. La trompe d'Eustache va