« Ses cornes sont inutiles au combat, parce que leur pointe est dirigée vers le has, et
» se 1-ecourhe de manière qu'elles représentent des cercles. Loc. cit. el liist. an. lib. II,
>i cap. i ,ei lib. ILL, c. 2. » Mais ici Aiisloieatiribueprobablement¿1 toute l'espèce une
circonsiance particulièreàriudiviclu (¡a il observait 5 circonstance peu imporiante, car
la direction des cornes est sujelte à varier dans ces animaux ^ circonsiance enfin que
nous avons retrouvée en partie dans un squelette d'Âurocli.s du Muséum, dont une
des cornes est absolument contournée comme Âi-isloie le dit de celles du Bonasus. Il
n'est pas besoin de s arrê ter àla propriété atii"i buée à cet aiiinial de projeter,lors(ju'il est
poursuivi, des excréments si chauds qu'ils brûlent les poils des Ciiiens sur lesquels ils
lombenl. Il est clair que c'est là une fable rapportée au philosophe par les {^ens qui lui
amenèrent le Bonasus^ il semble nous j)révenir lui-ménie qu'il n'en a pas été témoin,
en remar(|uanl que dans l'état lran(|uille ses excréments n'ont rien d'extraordinaire.
C'est cependant celte circonstance fabuleuse que les copistes d'Ai-istoie ont eu le plus
de soin de recueillir; Pline, lib. M l l , c . i5,et Élien,lib. VII, c. 5 , la rapportent sans
rechercher (|uel animal ce pouvait être que ce Bonasus. Le même Pline parle, dans le
même endroit, dos Boeufs sauvages de la (îermanie, et il a l'air d'en reconnaîli'e deux
espèces: Juhatos Bisontes, excellentique et vi et velocitate Ciw; et dans un autre endroit
il suppose qu'elles n'avaient point été observées par les Grecs;«ec Uros aut Bisontes
hahuerunt in experinientisgrceci,\[h. XXVIII, c. 11. Voilà tout ce qu'il dit du
Bison j el ijuant à l 'Urus, il se borne à rapporter ailleurs la capacité de ses cornes, et
l'usage qu'en faisaient les Germains pourboire. Un passage de Solin,qui se rapporte au
Bison et à fUrus , n'est qu'une paraphrase de celui de Pline.
Oppien a parlé depuis du Bison en poète, et en poète très-inexacl, puisqu'il lui
attribue une langue âpre ; et Pausanias le fait venir de Pceonie, patine du Bonasus.
Caîsar décrit assez bien l'Aurochs, sous le nom tXLrus, et ne parle point ilu Bison ?
mais Sénèque et Martial distinguent, comme Pline, l'un et l'autre animal :
Tihi dant varioe peclora Tigres
Tihi villosi terga Bisontes
Lalisque feri cornibus Urt.
S É N È Q U E . IIIPPOL.
Et
IIU cessit airox Bubalus atque Bison.
M.\rt.
\ers dans lequel le mol Bubalus désigne l'Urus ; car c'est ainsi que le vulgaire le nommait,
comme nous l'avons observé à l'ariicle Bubale.
Les modernes oni donc cherché à retrouver ces deux Boeufs sauvages; Gyllius a
appliqué au Bison ce que O s a r dit du Henne; Érasme Stella croit (]ue le Bison est le
même que l'Elan; Olaûs Magnus et Albert le Grand ont confondu le Bison et l'Urus;
Gessnerest le seul des naturalistes, du lempsde la renaissance des lettres, f|ui ait voulu
les distinguer, et cela sur deux figures prises d'ouvrages différents ; l'une des conmienlalres
sur les affaires de Moscovie, par Sigismond d'Hcrberstein; l'autre, d'une carte
de Moscovie, d'Antoine V\ led ; il croi t la première du Bison, k seconde de l'Aurochs,
et cependant un coup-d'oeil suffit pour faire juger qu'elles ne représentent qu'un seul
et même animal qui est toujours l'Aurochs. Pallas nous explique complettement les
petites différences que ces figures présentent, et même l'origine de cette duplication
de l'espèce, en nous apprenant que les vieux mâles Aurochs prènent des poils plus
longs, et une saillie plus forte sur les épaules que les jeunes et que les femelles. Les
figures de Gessner ne sont donc pas plus que les témoignages des anciens, une autorité
suffisante pour prouver qu'il y a dans le Nord deux races distinctes de Boeufs sauvages.
Rachzinski, auteur polonais, ne parle du Jiison que d'après Gessner, et il dit môme
positivement que la figure d'Herberstein appariient à l'Aurochs; et le Thur des
Polonais, que quelques-uns ont cru être le Bison, n'est, selon Pallas, autre chose que
le Bufïlc ordinaire.
C'est parce que BuiTon ne connaissait pas bien le Brcuf ou Vache grognante de
Tartarie, qu'il a rapporté ce qu'en disent Bell et Gmelin, à l'espèce du Bison,
suppl. III. Il a voulu ensuite, suppl. torn. VI, 45, d'après Forster, rapportera ce
même Bison ce que Caniemir dit du Zimbr, ou Boeuf sauvage de Moldavie; mais
ce Zimbr est sans doute le même que le Zuber des Polonais, (|ui est certainement
l'Aurochs, et Cantemir ne dit pas un mot de bosse dans sa description.
Le prétendu Bison blanc d'Ecosse, qui existe encore dans quelques parcs de ce
pays, où l'on croit, au rapport de Forster et de Pennant, hist, qua dr. p. 16, que l'esclavage
lui a fait perdre sa crinière, n'a point non plus de bosse notable dans la fîgui-e
qu'en donne Gessner, et n'est probablement qu'une variété de l'Aurochs.
Les Bisons qu'Allamand et Buffbn ont fait représenter, venaient d'Amérique, et
non de l'ancien continent ; ceux-là avaient vraiment une bosse très-visible sur le garrot
et une crinière de longs poils : on les connaît bien aujourd'hui par les figures de ces
deux auteurs, parcelle d'Hernandès, et parla description de Hearne; mais c'est cette
connaissance même qui empêche deles confondre, comme a fait Bufron,ave(i les vieux
Aurochs un peu bossus, ou Bisons du nord de l'Europe, et avec les Zébus oulesBreufs
domestiques à bosses, des Indes et de l'Airique. Ces derniers n'ont point de crinière;
les Aurochs n'en ont de notable qu'à un certain âge, dans un sexe seulement, et elle est
composée de poils longs et droits; les Boeufs d'Amérique, improprement nonmiés
Bisons, ont toujours le cou,les épaules et le dessous du corps chargés d'une laine
épaisse ; une longue barbe leur pend sous le menton, et leur queue ne va pas jusqu'au
jarret. 11 est très-probable que l'ostéologie confirmera un jour ces caractères extérieurs,
et que le crâne du Bison sera au moins aussi difftTenl de celui de l'Aui'ochs, que
celui-ci l'est du crdne de nos Boeufs. Les Bisons et les vieux Am'ochs répandent continuellemenl
une odeur de musc, et cette circonstance fait qu'on a lieu de s'étonner que
le nom do Boeuf musqué ait été réservé par Pennant, à un animal aussi d'Amérique,
mais particulier à certaines contrées septentrionales, qtii paraît très-difféi-ent du Bison
de ce pays >ar la forme de ses cornes; mais comme cette forme même empêche de
confondre cette espèce avec aucune autre, si ce n'est celle du Buffle du Cap, il est
iiuitile que nous nous en occupions ici. II nous suffit d'avoir mis au clair la distinction
des Boeufs sauvages de l'ancien et de ceux du nouveau monde, et d'avoir prouvé qu'il