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descripiions d'après ces figures gi-ossières, et Columnaappliqiia à la première la clescriplion
verbale que lui fil le capucin Bolivar, des moeurs du p-and Tigre (VAmérique,
«|ui n'esi aulre que le Jaguar, cL à la seconde, l'Iiisioire de ce que ce mèuie
Bo'ivar noiumait Panthère d'Amérique eL qui est le véritable Ocelot.
Il esi résulié de celle confusion (jue nous n'avons encore de description du Jaguar,
suffisante pour un naluralisle, ipie <^ellc d'iVz.zara, et i|ue nous n'en avons aucune
bonne fii^ure; car quoique d'Azzara juge que celle envoyée ¡)ar Col l insonà Biiiron,ei
insérée par celui-ci dans son supplément, lom. 3 , est faite d'après un Jaguar, il est
facile de voir, en la comparant avec la descriplion d'Az,7,ara, (pi'elle u'csl poiiil exacte,
et Peimant la regarde comme celle de son Léopard à crinière. Autant »|u'on ]>eut se
représenter un auimal d'après une simple description, il résulterait tie celle d'Azzara,
que le vrai Jaguar ne difiere de la Pantlière tpie par une laille plus considérable et
des taches annulaires plus grandes sur les eûtes.
Celte ressemblance et l'idée tro]5 restreinte que ilonnait île la taille du Jaguar la
description de Bulfon, excusent Pennant d'avoir cru que la Pantlière d'Afri(jue existe
aussi dans rAméri(|ue. Il n'y existe certainement poini d'autre grand Tigre <|ue le
Jaguar. Mais nos natiu-alisles en pla<-ent encore quatre dans l'ancien : c'est ceux-ci que
nous allons à présent discuter, en distinguant soigneusenient les fails isolés d'observation,
<|ui peuvent être tousM-ais, d'avec les rapprochements partiels qu'on en fait et
les conclusions forcées qu'on en lire, sources de presque toutes les eiTeursdes livres.
Plusieurs voyageursrapporteni qu'on emploie en Or ient , pom'la chasse, un animal
du genre des Chats, (ju'ils nonunent Panlhcre, Léopard, ou petite Panthère. Albertlo(
îrand fait déjà mention de cet usage, et dit <|ue les Italiens nommaient, de son
temps, ce Léopard-ciiasseur, Gessner dérive ce mot de Lynx, quoiqu'on ait
pu aussi bien le dériver de Lco, ou du mol latin Uncus-, de là est .sans doute venu le'
mot d't/ic/fi employé ])ar Isidore et par Caïus, et celui (YOnza appliqué au Jaguar,
par les Portugais du Brésil. Tavernier et Chardin appèlent aussi Once le Léopardcliasseur
des Persans, que ceux-ri nomment Youz/.c. Dans la foule de lémoignages f|ui
parlent de cette coutume, il ne se trouve aucune bonne description de l'animal^ on
s'accoi'de seulement à dire qu'il est plus petit que la Panihère.
Buflun avant ti'ouvé, chez les fourreurs, des peaux noniniées de Tigres d'Afriijue,
dont le fond était plus blanc que celui des peaux de Panthères ortiinaires, les taches
plus gi'amlos, moins régulières, et le jioil plus long ei moins égal, il jugea <|u'elle.s
devaient provenir de l'Once, et c'est seulement d'après .ses induclions que <;eile espèce
a été placée dans la liste des animaux; el comme les auteurs arabes el les voyageurs
modernes qui onl été en Barbarie, pari en l de tieux animaux ligres habitants en ce
pays,un grand nommé Nemer, et un petit nommé Feed, Bufibn a conclu que ce
dernier devait être l'Oiu e: tandis que la même ilifférence de grandeur ayant été indiquée
pour les animaux tigrés de Guinée, il a établi pour ce pay.s-là une troi.sième
espèce qu'il a nommée Léopard.
Cepenilant, les landx'aux de descrijetions (pie quehjues voyageurs nous donnent, de
leur Tigre-chasseur, ou des synonymes (pii lui sont attribués, ne s'accordenl pas tous
avecles peaux que Buffon a cru lui appartenir.Sclunv dit ([ue le Faa<lh a la peau plus
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obscure que la Panihère, el Prosper Alp in décrit son animal chasseur comme ayant
sur tout le corps de petites taches rondes. De plus, Petmant rapporte tout ce que
Tavernier etBernier ont dit des Tigres-chasseurs de l'Inde, à une autre e.spèee à poil
brundlre, un peti |-.Ius long sur la nuque cpie sur le reste du corps, à taches noires,
rondes cl pleines, dont il donne une très-mauvaise figure, en en citant une de Schreber
qui ne vaut pas mieux, et en y rapportani la fig. 09 du suppl. tom. 5 de BuHbn, que
d'Azzara eroit un Jaguar, et (]ui n'a jioint de long poil sur la nuque 5 il y rapporte encore
le Guépard, dont la peau a été aus.si trouvée chez les foun-eurset bien décrite par
Bufibn, d'après la des<Tiption duquel les deux (le.ssins ci-dessus paraissent avoir été
imaginés; mais ce (iuépard est de la laille il'un Lynx, et Buffon le CToit le même que
le Loup tigré de Kolbe, (|ui n'est autre c[ue l'Hyène tachetée; d'ailleurs, d'où Pennant
a-t-il liréces détails sur sa pairie et sur l'emploi qu'on en fait à la chasse? Ce naturaliste
anglais n'en admet pas moins que l'OïK-e existé dans lout le nord de l'Afrique et tout
lemilieuderA-sie, et <[u'on l'emploie, dans toutes ces contrées, à la chasse.
Nous avouons ([ue ces divers résultais ne nous ont point semblé pouvoir satisfaire
une critique éclairée, et c|u'ils contredisent en quelt|ues points ce que nous avons
observé nous-mêmes, tant sur un assez grand nombre d'animaux entiers, soit vivants,
soit empaillés, que sur une multitude de peaux que nous nous sommes fait repré.scnterchez
les marchands. D'abord, la nomenclature que ceux-ci enïployaient du temps
de Buf ibn, n'est plus la même aujourd'hui ;aucun d'eux ne connaît le mot de Guépard,
cpioique quelques-uns ayent vu le Lynx à crinière; ensuite ils ne distinguent point le
Léopard de l'Oni-e; mais tout ce qui n'a pas des taches ceillées porte le nom de Tigre,
et tout ce qui a ces taches oeillées celui de Panthère: or, il y a tant de variétés dans ces
peaux, depuis les taches composées d'un cercle entier avec un point au mi l ieu, jusqu'à
celles dont le cercle extérieur esl plus ou moins inierrompu, et à celles qui ne représentent
que des roses ou des amas irréguliers, qu'il est impossible <le savoir ou s'arrêter;
BuITon lui-même ne donne de taclies ceillées, dans .ses figures, qu'à la Pantlière
femelle: le m;ile n'a <|ue des taches en roses; le fond de la couleiu^ ne varie pas moins
que les taches; il passe par nuances insensibles du fauve au jaune doré, au jaune pdle
et au blanchâtre. Qui ne verrait que deux peaux extrêmes, établirait des espèces; mais
en voyant les intermédiaires, il les effacerait.
Les taches oeillées ne se trouvent d'ordinaire que sin- les plus grandes peaux, et pom--
raient bien être le caractère <lc l'état adulle; les Panthères ordinaires des ménageries
n'en onl pre.sque jamais (|ui soient parCaitemenl telles. Le citoyen Desfonlaines a rapporté
delBaj-barie, sous le nom de Panthère, une peau qui se rappi'oche tellement de
ccllcs([ue Bulfon attribue à l'Once, qu'on aiu-ait peine à l'en dislinguer. Ce savant
n'a poini entendu dire ([u'on sc.sorvedecet animal à la cliasse dans ce pays; et le citoyen
Olivier (|ni a vu en Perse l'espèce qu'on y emploie, la décrit comme plus petite <jue le
Lynx. Lndolplie place en Abyssinie deux animaux tigrés; l'un à grandes taches noires;
l'autre à petiles tai'hes disposées en ro.ses: c'est ce dernier qu'il nomme Panthère; il
ap|)èlo le premier Tigre, mais il n'établit entJ'c eux aucune diiférencede grandeur.
Prcs(|uc tons ceux (|ui ont été dans le midi de l'Afrique, décrivent aussi deux ou trois
animaux ligrés, dont ils nonuuenl l'un Tigi-e et l'autre Panthère, mais il est facile de
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