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4 L KL E P I I ANT DES INDES,
qui voiii plus OU moins obliquement à la circonférence. Ou voit facilemeni que
les premiers et les derniers tendent bien à diminuer le diamètre de l'enveloppe
exicrieure, sans diminuer, pour cela, le tiiamèlre des canaux, ainsi que Perrault
l'a très-bien observé ; mais on voit aussi que ceux qui occupent la région de l'axe
doivent, lorsqu'ils se contractent, rétrécir à-la-fois et les canaux et l'enveloppe
extérietuT. Ce sont eux que Perrault ne paraît pas avoir coinius. Stukelcy n'en parle
point non plus, quoi<|ue sa Figure les exprime assez bien: au reste leur action ne
peut jamais aller jusqu'à fermer entièrement les narines.
Tous ces petits muscles qui forment le corps de la trompe, sont bien disiincts
les uns des autres, et se terminent tous par des tendons grêles, dont les uns traversent
les couches des muscles longiiudinaux pour gagner l'enveloppe extérieure, ci dont
les autres vont s'implanter à la membrane des canaux. Tous ces petits muscles sont
comme plongés dans im l issu ccllulaire, uniformément rempli d'une graisse blanche
et homogène. On conçoit aisénient qu'ils son,t les anta^nistes des muscles
longitudinaux, et qu'en l'étx'écissant la irompe, ils la forcent de s'alonger en tout
ou en partie; car leurs séparations permettent à l'animal de ne les faire agir
qu'aux endroits et dans les limites qu'il veut. 11 n'est pas très-dilïicile de compier
le nombre des petits muscles qu'olTre une coupe transversale de la trompe 5 et
comme ils n'ont pas une ligne d'épaisseur, il est aisé de calculer combien il y en
a dans la lotalilé de cet organe; si l'on veut ensuite considérer les différenls
faisceaux des muscles longitudinaux comme autant de muscles particuliers, car
ils peuvent, en elTet, aussi, agir séparément, on ne trouvera pas que le nombre
total des muscles dont une Irompe se compose soit bien au-dessous de 3o à 4o,ooo;
et l'on sera moins étonné de la variété admirable de mouvements et de la force
prodigieuse de ce bel organe.
La manière <lont l'Eléphant avale l'eau qu'il a pompée au moven de sa (rompe,
n'est pas exemple de dilTicullés dans son explication; il est certain qu'il la fait
d'abord monter dans la trompe en retirant l'air et en faisant le vuide; il recourbe
ensuite cette irompe et en porte la poinie jusque dans le fond de sa bouche, où
il la lance avec force. Conmie les muscles transverses de la trompe n'agissent
pas avec assez de violence pour en comprimer subitement et totalement les deux
canaux, ce n'est que par le moyen du sou file que l'eau peut dire ainsi dardée. Or
comment l'animal peut-il à-la-fois faire jaillir l'air de son larynx et faire entrer
l'eau dans son oesophage sans que ces deux actions se contrarient et sans com-ir le
risque de faire pénétrer l'eau dans sa trachée-artère?
C'est dans la longueur et dans la position du voile du palais qu'il faut chercher
la solution de ce tie difficulté. Ce voile <lcscend plus bas que le bord supérieur de
l'épiglolte, et il embrasse élroitcmenl ce bord, do manière ([uc l'air qui sort du
larynx est porté iimnédialemcnl dans le ne/, et va sortir ]iar la trompe. A la base
de la langue, au-devant de la racine <le l'i-piglottc, se trouve un enfoncement dans
lequel l'eau est reçue, et d'où elle s'écoule dans l'iesophage en passant sous le
voile du palais, et des deux côtés de l'épiglollc et du larynx, sans qti'aucunegoutte
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puisse pénétrer dans celui-ci. J1 n'est pas nécessaire par consé<|uent de supposer
avec Buffon et les Ânalomistcs de l'Académie, que l'Éléphant ferme son larynx en
pressant l'épiglotte du bout de sa ti-ompe; cela lui serait même impossible, car il
ne lance son eau que par le moyen du souffle, et il ne poun-ait souffler si son
larynx était fermé.
Les Voyageurs parlent beaucoup du bon goût des pieds de l'Éléphant : cet animal
a en eflet sous le pied une partie remarquable ; c'est un coussin assez épais d'un
tissu cellulaire opaque et serré, rempli d'une graisse trcs-fme; le pied ne touche
pas la ierre, par la totalité de ses os, mais seulement par les bouts des doigts, et
par un ou deux des os du carpe et du tarse; le milieu du pied est concave et élevé
an-dessus du sol comme une voûte ; c'est le vuide compris sous cette voûte que
remplit le coussinet élastique dont nous venons de parler : son usage est d'amortir
l'effet de la pression , qu'un poids aussi énorme que celui de l'Éléphant ne
manquerait pas d'exercer sur les os et sur les autres parties de son pied.
Duvernoy a fait représenter la verge de J'Éléphant dans une Planche peu exacte,
quoique magnifique (i). Jl est possible cependant d'y prendi-e quelque idée du beau
réseau veineux qui reçoit le sang du corps caverneux. Cet Anaiomiste a cherché à
expliquer le phénomène de l'érection, en supposant que les nerfs nombreux qui
s'entrelacent avec ces veines et qui forment un réseau non moins compliqué que le
leur, pénètrent dans la substance de leurs parois, et les contractent lorsqu'ils sont
eux-mêmes excités par l'imagination. Nous avons fait beaucoup de recherches à ce
sujet; nous avons heureusement dévelojjpé et fait représenter, l'un et l'autre réseau,
et nous nous sommes assurés que les nerfs suivent ici toutes les ramifications des
veines; tandis que dans le reste du corps, ils s'attachent principalement aux artères.
Il y a d'autant moins d'équivoque, que les deux artères marchent parallèlement
l'une à l'autre le long des deux bords du torps caverneux dans lequel elles font
pénétrer leurs branches directement, et sans se diviser comme les veines, en une
espèce de labyrinthe.
On ne voit nulle part, aussi bien que dans l'KIéphanl, la véritable structure du
corps caverneux. Ce n'est essentiellement qu'un innombrable (issu de petites veines,
«'ouvrant sans cesse les unes dans les autres, de manière que les coupes de ce tissu
ressemblent, à l'oeil, à un tissu cellulaire ordinaire, et qu'on le prendrait pour
tel, si l'on ne distinguait dans les parois des cellules la structure ordinaire des
tuniques veineuses. 11 résulte de là que le sang qui produit l'érection, n'est point
épanché hors du système de la circulation , mais qu'il est simplement anéié
momentanément dans une partie du système veineux; il en résulte encore que les
veines ne remplissent pas plus ici que dans le reste du corps, des fonctions de
vaisseaux absorbants.
Les parties intimes de la génération nous ont présenté aussi des sujets curieux
d'observation. Les canaux déférents sont repliés, dans toute leur longueur, d'une
(i) Móüioires de l'Acad. des se. de Pétersbouvg. Toiii. II.
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