L A CIVETTE.
VIVERRA CIVETTA.
O N trouve dans les pays chauds de not r e conlinenL, quelques quadrupèdes qui , en
même temps qu'ils se rapprochent des Martes, par la forme alongée de leurs corps,
ressemblent un peu aux Chats, par les épines qui revêtent leur langue, et par leiu-s
ongles à demi redressés lors de la marche, et ccnsex'vant ainsi une partie de leur
ti-anchant et de leur pointe. La plupart de ces quadrupèdes se font encore remarquer
par une odeur agréable qu'ils doivent à une sorte de pommade produite par des
glandes situées au-dessous de leur anus , et plus ou moins développées selon les espèces.
Linneeus les avait d'abord rapprochés du Blaireau^ il e n a fait ensui te, avec raison,
u n genre particulier, sous le nom de Viverra., mais il leur a depuis associé des animaux
différents, c omme la Mangoust e et les Mouf fet tes, et son nouvel éditeur ayant
p o r t é cet abus encore plus loin, il est arrivé que ce genre Fiveira, sans parler des
espèces purement imaginaires qu'on y a fait enti-er, ne répond presque plus au type
p r i m i t i f d'après lequel il avait été formé; c'est pourquoi nous croyons devoir le rest
r e i n d r e aux espèces qui réunissent les caractèi-es indiqués ci-dessus.
Leur pelage est varié et leur taille médiocre; elles vivent de cl iair, d'oeufs, de sang
et de toutes sortes de matières sucrées ; elles ont toutes cinq doigts à chaque pied, le
museau assez pointu, les dents incisives a u nombr e de six, tant en haut qu'en bas, et
rangées également , sans qu'il y e n ait de rentrées en dedans comme dans les Maries :
leurs molaires sont aussi au nombr e de six d e chaque côté, tant en liant qu'en bas, et
sur les v ingt -quat re, il y en a e n a r r ièr e huit qui sont pkt e s plutôt que t ranchantes, ce
qui permet à ces animaux de mélanger leurs aliments de quelques mat ières végétales.
Leurs intest ins présentent peu de di f férence e n t r e la part i e qu'on n omme g'/^'/e cl celle
qu'on nomme g-z-owe; il y a cependant sur les limites de ces deux parties un petit
coecum, en quoi ces animaux diffèrent essentiellement des Maries.
Il y a des espèces dans lesquelles on observe sous l'anus une poche profonde, où les
glandes déposent leur p omma d e odorante en assez g rande quant i té^cesont les Civelles
proprement dites; dans d'autres, on ne voit au lieu de poche qu'un léger sillon qui ne
contient (|ue quelques parcelles de cette substance; elles n e répandent qu'une odeur
faible : on les n o nmi e Geucltes.
Ce nom de Civette était inconnu des anciens; il vient, dit-on, d'un mot arabe qui
s i g n i f i e p o i f u m ^ et .son premier emploi parmi nous a ét é en effet de désigner la pommade
et non l'animal.
Cette substance a été long-temps un objet d e commerce considérable; o n la vantait
beaucoup en médecine, et il a été à la mo d e , pour les gens qui se piquaient d'élégance,
d'en porter dans leurs vêlements, comme on y a por t é depui s du musc et ensuite de
l'ambre. Elle ent r e encore aujourd'hui dans la composi t ion de quelques médicaments
et de quelques parfiuns ; mai s la con.sonmiation en est prodigieusement dimmuée. On
l'apportait des Jndes et de l'Afrique,CJJ E u r o p e , par la voie d'Alexandrie et de Venise,