L E S A J O U .
S I M I A A P E L L A . LI N N .
L E nouveau conlinent produit un assez grand nombre d'animaux qui ont
beaucoup de rapports avec ceux qu'on appèle dans l'ancien Guenons ou Singes
à longues queues. Leur figure plus ou moins grotesquement ressemblante à celle
de l'homme, les pouces séparés aux quaii-e pieds, le nombre des incisives et des
canines, sont les principaux traits de conformité de ces deux genres 5 maïs il y a
d'autres traits qui Jes distinguent constamment : le pouce des mains est plus court
à proportion dans les Singes du nouveau continent que dans ceux de l'ancien. Les
narines des premiers sont percées sur les côtés du nez, et sont par conséquent
séparées l'une de l'autre par un espace assez large, tandis qu'il n'y a entre les
narines des Singes de l'ancien continent qu'une cloison mince. Les premiers otit
vingt-quatre molaires, et irenle-six dents en loul ; les autres n'ont, comme l'iionmie,
que trente-deux dents, dont vingt molaires. On n'observe point sur les fesses des
Singes d'Amérique ces proéminences nues et calleuses que portent presque tous
ceux de l'ancien monde, et, d'un autre côté, ces derniers n'ont jamais la queue
prenante, comme elle l'est dans un grand nombm des Singes d'Amérique. On
nomme queues prenantes, celles qui peuvent se rouler sur elles-mêmes, et saisir les
corps avec assez de force pom' que l'animal puisse les emporter, ou pour qu'il
puisse s'y suspendi'e. Le mécanisme de ces sortes de queues n'est pas essentiellement
différent de celui des queues ordinaires : elles conliènent les mômes os et les mêmes
muscles; mais ceux-ci sont plus vigoureux dans les queues prenantes, et les apophyses
de ceux-là, quoiqu'en môme nombre, y sont beaucoup plus saillantes. Ce dernier
caractère suffît ]»our faire distinguer dans le sf[ueleLle la (|ueue prenante de celle
qui ne l'est point. A l'extériem' la queue prenante se reconnaît à ce que son extrémité
est plus ou moins dégarnie de polis eu dessous, et qu'il y a, à cet entli'oÍL, une
peau plus ou moins ressemblante à celle qui revôt les doigts. La queue prenante
est en effet un véritable membre qui concourt, avec les quatre autres, à la perfection
des moyens que la nature a donnés aux Singes pour se tenir constamment sur
les arbres. Tous les Singes tl'Amérique ne jouissent pas de cet avantage particulier.
BulTon s'est servi de leur différence, à cet égard, pour les diviser en deux genres,
et il a donné le nom de Sapajou à ceux (|ui ont la queue prenante, et celui de
Sagotii/is à ceux c[ui ne l'ont pas.
Un examen attentif a montré depuis qu'il s'en faut bien qu'ils se ressemblent
d'ailleurs assez pour (jii'on n'ait pas besoin de les subdiviser encore :on i^emarquc
sui'tout inie grande différence par rapport à la forme de la tête. Le gi'and nombre
des Sapajous a le visage plat, pres<|ue autant que l'Orang-outang; leur crâne est
applati et se pi-olonge en arrière; leur mâclioire inférieure n'a que les proportions
les plus ordinaires dans les Singes; mais dans (|uel(iues espèces la face descend