2 LE M A K I M O C O C O
l'ongle du deuxième doigt est le seul qui ne soit pas dans ce cas: c'est le caraclère
le plus constant, de manière que, si on eu jugeait d'après les règles établies pour
l'évaluation des caractères, il faudrait admettre que cet ongle est dans mie relation
nécessaire avec les principaux organes, ce qui n'est nullement vraisemblable.
Je n'insiste pas davantage sur les rapports naturels des Makis; on peut consulter
à cet égard un mémoire que j'ai public dans le septieme volume du Magasin
Encyclopédique, et dans lequel j'ai fait voir que tous les animaux confondus
sous ce nom, devaient élre divisés en cinq genres : les Maîàs proprement dits,
les Indrisj les Loris, les Galagos et les Tarsiers : c'est au premier de ces genres
qu'appartièneiit le Mococo et le Maki brun dont nous avons à traiter ici.
Le Mococo se reconnaît à sa belle et grande queue qui est toujoui'S relevée, et
sur laquelle on compte jusqu'à ti'ente anneaux aUernativement noirs et blancs ,
tous bien distincts et bien séparés. Le poil de cette belle espèce, toujours propre
et lustré, change peu de couleur: celui des parties inférieures du corps est blanc;
il est cendi'é avec une légère teinte de roussàti'e sur le dos. La téle, à laquelle un
museau pointu et relevé, un oeil vif et animé donnent de la grace, se fait surtout
remarquer par l'opposition de ses couleurs: tout le museau, le lour des yeux et
l'occiput sont noirs, le front et les oreilles blancs, et les joues cendrées; le dessus
des bras est aussi de cette couleur; un liseret noir entoure la gorge et se continue
sur les épaules.
Le Moco(;o, dont nous donnons la figure, a vécu dix-neuf ans à notre connaissance:
il a d'abord appartenu au mar((uis de Nesle, et depuis a M. Mei'lin de
Tliionville, qui en fit pi'ésent à la Ménagerie nationale: on peut juger, d'après le
grand âge de ce Maki, qu'il a fort bien supporté la température de notre climat;
cependant il a toujours paru inconmiodé du froid; il montrait qu'il y était sensible,
en se ramassant en boule, les jambes rapprochées du venire, et en se comTant
le dos avec sa queue. On le tenait l'iiiver à portée d'un foyer au devant duquel
il s'asseyait, en étendant les bras poiu- les approcher plus près du feu: c'était aussi
sa manière d'aller se chauffer au soleil. 11 aimait le feu,au point de se laisser souvent
brûler les moustaches et le visage, avant de se décider à s'éloigner à une distance
convenable; ou bien il se contentait de détourner la téte, tantôt ii droite et tantôt à
gauche.
Il avait été accoutumé à jouir d'une certaine liberté; on ne voulut point l'en
priver en l'enfermant dans une des loges de la Ménagerie : on le plaça dans le
laboratoire où l'on prépare les [)ièces destinées à enrichir les collections. Il exigeait
la plus grande surveillance : inquiet, sans cesse en mouvement, il e.viminait,
touchait et renversait tout ce (jui éUiit à sa portée : une jilanche au-dessus de la
porte tlu laboratoire lui servait de ht : c'était là qu'il se rendait chaque soir, après
sétre préparé au sommeil par un trc.s-grand exercice : il n'a peut-être jamais
oublié d'employer la dernière demi-heure de chaque journée à sauter en mesure:
cette espèce de danse achevée , il se rendait à son gîte oii il ne lardait pas à
s'endormir.
On le nourrissait de pain, de carottes et de fruits (ju'il aimait singulièrement:
/./•Mr/i ¡••(•/.I l .s !,)•: MAKI lM\[-\