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f|ue nous avons consultés, ont prétendu que les Chats-tigres vièneni lous d'Amcinqiie 5
mais ces gens là confondent sous le nom de Chats-tigi'es, les Ocelots et d'autres
espèces, et nous ne trouvons d'ailleurs, dans aucun des auteurs qui ont décrit les
animaux d'Âméricjue, rien qui se rapporte à notre espèce actuelle.
L'individu représenté siu' la planche, a passé six ans en France, dont trois à la ménagerie
du Muséum, sans avoir éprouvé de changement notable dans la taille et dans
les couleui's. Il était mâle, et avait, du bout du museau à la racine de la queue, vingtquatre
pouces; depuis le sol jusqu'au garrot, un pied ; longueur de la tête, quatre
pouces-, largeur, deux pouces onze lignes; longueur de la queue, neuf pouces.
Un Lynx qui a également vécu dans cette ménagerie, comparé au Serval dans ses
principales dimensions, s'est trouvé les avoir d'un quart plus considérables ; mais la
c[ueue du Serval est d'un tiers plus longue que celle du Lynx. Quant aux formes , il
n'y a de diflerence qu'en ce que la tête du Lynx est un peu plus bombée, et son museau
un peu plus lai-ge que dans le Serval. Le poil du Serval est épais, assez long et
très-doux. Celui du ventre est plus long et plus laineux que celui des autres parties;
il n'y en a pas de bouquets à la pointe des oreilles comme dans les différentes espèces
deLvnx. Le fond de la couleur est d'un jaune fauve-clair, tirant un peu sur le gi'is,qui
pâlit à la partie inférietu-e; la gorge, c'est-à-dire le dessous de la mâchoire infériem-e,
esiblanciie,et séparée du reste par quelques taches noires; deitx lignes noires étroites
régnent le long du dos; deux autres plus larges, interrompues d'espace en espace,
s'étendent obliquement sur les côtés, et une troisième encore plus oblique et plus
divisée, occupe la partie supérieure de l'épaule seulement : tout le reste du corps est
parsemé de petites taches irrégulières, inégales, pleines, d'un noir foncé; celles qui
sont sur les jambes y forment des espèces de rubans transverses : la queue descend
jusqu'au jarret, et est marquée dans toute sa longueur d'anneaux noirs sur un fond
fauve.
Buffon rapporte que le Serval qui était de son temps à la ménagerie de Versailles,
n'avait jamais pu être dompté ni adouci, et qu'il semblait toujours sur le point de
s'élancer contre ceux qui l'approchaient. Le nùlre ne s'est pas montré moins farouche;
les gardiens qui en avaient soin, les mêmes qui sont parvenus à apprivoiser
le grand Tigre du Bengale, au point de s'en faire flatter et obéir coimne d'un Chien,
n'ont eu aucun succès avec le Sei-val : jamais il ne s'est laisse caresser par eux, et il ne
les recevait qu'avec des coups de patte terribles. Il joignait à sa férocité une agilité fort
extraordinaire; il n'était pas un instant en repos et faisait sans cesse des sauts prodigieux;
c'est en se frappant ainsi contre le plafond de sa loge qu'il s'est tué. La planche
représente la manière particulière dont il se balançait lorsqu'il ne sautait pas : il ne
dormait que la nuit, couché sur le côté.
il ne vivait que de chair. Lorsqu'on lui donnait un oiseau ou un rat vivant, il jouait
long-temps avec avant de les tuer. Il préférait le cceur de Boeuf à toute autre viande; il
en mangeait chaque jour la moitié d'un; il buvait fort peu; à peine consommait-il un
verre d'eau en trois jouj's. Ses excréments étaient de petites boules sèches et noires; il
n'en faisait de liquides que lorsqu'on lui donnait du foie ou du lait. J1 rendait son urine
jaune et puante en arrière et trcs-lréquemment. Du reste, c'était un animal très-propre
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comme tous ceux du gem-e des Chats, Sa voix ressemblait au miaulement d'un Chat;
elle était seulement un peu plus forte,
La figure que Buffon a donnée du Serval ne représente pas bien l'inégalité et la différence
de direction dans les Uches; elle a été copiée par Schreber et par Shaw, mais
assez mal enluminée d'après les descriptions. Celle de Perrault rend mieux les taches;
mais elle est faite d'après un individu excessivement engraissé dans une ménagerie.