L E T I G R E .
F E L I s TIGRIS.
P A R L A C É P È D E.
, B U F F O N a donné riiistoire du Tigre, et DAUBEKTON l'a décrit.
Ces deux gi'anda naturalistes ont montré ce terrible animal.
O n ne peut le voir sans une émotion profonde. O n n'admire qu'en frémissant
les bandes noires qui relèvent les nuances de ses poils inégaux en longueur, et
dont les teintes sont ordinairement d'un blanc mêlé d'autant plus de jaunâtre ou
de fauve, qu'ils sont plus alongés. C'est en vain que des touffes de poils deux fois
plus longs que les autres, et placés au-dessous de chaque oreille, ajoutent à ses
traits de ressemblance avec le L ion, et rappèlent une idée vague de celte crinière
touITue qui embellit la face majestueuse du roi des animaux. Son corps U'op alongé,
ses jambes trop com-tes, sa langue couleur de sang et que l'ardeur qui Je dévore
l'oblige à tenir u-ès-souvent hors de sa gueule, sa tète trop petite, son museau
très-court, ses oreilles tres-sépareesj ses arcades zygomatiques très-convexes, son
occiput très-saillant en arrière, sa longue queue qu'il agite avec violence, ses
f o r m e s , sa physionomie, ses mouvements, son allui-e, trahissent, pour ainsi dire,
ses penchants irrésistibles et cruels.
Ses dents, semblables à celles du Lion, ses ongles très-durs, et d'autant plus
aigus qu'il ne les lire que pour le combat de l'espèce d'étui qui les préserve d'un
frottement inutile, sont des armes d'autant plus redoutables, qu'une grande force
les met en mouvement. Les rugosités des os dts j ambe s , sur lesquelles les muscles
reçoivent des attaclies qui augmentent leur vigueur, indiqueraient seules cette force
indomptable qu'annoncent son poids de 200 kilogratmnes, et sa longueiu- de cinq
mètres.
E t d'ailleurs, n'est-elle pas évidemment manifestée par la facilité avec laquelle il
emporte au loin, comme un léger ihrdeau, le Cheval et même le BuHe sur lequel
il s'est p récipi té, par l'audace sanguinaire qui l'irrite quelquefois au point qu'il brave
le L ion, et par la rage dont on l'a v u s'animer, quoique j e une , seul , captif et chargé
de chaînes, en combattant contre trois Éléphants (|ue des plastrons garantissaient
cependant de ses gi-iiTes aiguës et de ses dents nombreuses, crochues et pressées?
O n a écrit qu'il grimpait stu' des arbres élevés; et nous ne voyons rien dans sa
confornuition qui empêche cet animal féroce de pour sui t e ainsi ses mallieureuscs
victimes jusqucs au haut des cimes où elles cherchent un asyle. Mais il paraît que
d u moins la fuiie peut dérober à sa dent meurti-ière celles dont la course est
tres-rapide. O n sait depuis long-temps, sans doute, que plusieurs peuples de l'Orient
ont employé le même nom pour désigner le Tigre, les fleuves les plus impétueux
et la flèche qui fend l'air. Néanmoins la vitesse effrayante que l'on a supposée dans
le ligre, ne doit pas, ainsi que Buflbn l'a très-bien obsei'vé, indiquer, dans sa