
puisque dans lé nouvéaü Continent, les observations
y sont rnoihs nombreuses et y ont commencé
plus tard. • En effet, dans le nombre de
ceux dont il va être question , il en est qui ont
été décrits plusieurs fois et sous diverses dénominations
y parce qu’ils auront été vus dans une
situation différente de sexe ou d’âge, et dans
des contrées très-éloignées les unes des autres.
T e l est l’oiseau de proie connu pour le plus robuste
et le plus puissant de tous , et dont la fe-
- melle surpasse nos Aigles et nos Pygargues par
sa taille, la grosseur, de ses tarses, la force de
son bec et de ses ongles. C ’ést â cette espèce
que les ornithologistes ont.imposé le nomd’üfer-
■ pyia. Linnée l’a rangée parmi les Vautours,
Brisson avec lés Aigles j Latham au nombre
des Falco ; mais nous la croyons déplacée avec
les uns- et les autres ; car elle n’a aucun attribut
des Vautours, ni les longues ailes des Aigles
y ni leurs tarses courts et totalement vêtus
jusqu’aux doigts ; ce n’est pas non plus un P y -
gctrgue ; car ses ailes sont moins longues et ses
doigts ne sont pas totalement séparés. On a encore
essayé d’en faire un Gypaète > mais elle n’en
a ni le bec, ni les ailes , ni les pieds, ni' cette
longue barbe qui distingue particulièrement celui
ci; enfin, ce n’est pas non plus un Faucon,
car son bec est différent-, ses ailes; sont proportionnellement
beaucoup plus courtes , et les premières
pennes autrement disposées relativement
les unes aux autres. D ’après Cet exposé, peut-on
ne pas convenir qu’il falloir l’isoler ? "
Ce n’est pas seulement dans Latham que cet
oiseau de proie est décrit sous diverses dénominations,
comme celles de Falco destructory
cristatusy Harpyiàj et dans Gmelin sous les deux
dernières et celle de Jacquini ,• mais encore dans
nos ornithologies françaises, sous les noms d’Aigle
destructeur y de grand Aigle de la Guyane, de
Caracca y et peut-être à* Aigle couronné et de Cal-
quïn ÿ les deux premiers nous paroissent être le
mâle et la femelle, et le Caracca, une variété
d’âge. Quant à Y Aigle couronné de Buffoh, iïous ;
avouons qu’il n’est pas aisé d’y reconnoîrre la
grande Harpie' y d’après ce qu’on en dit. G’esr,
suivant ce naturaliste, l’ Urutauraiia de Marc-
g'raVC, Y Y^quauthili de Fernandez , Y Aigle \
huppé d’Afrique x décrit et figuré dans lès O iseaux
d’Edwards', l’Aigle d^Orénoque et Y Aigle
du Pérou * nommé ainsi par Gafcilloscv, dans
Y Histoire des Incas. Sdnnini a , Comme Buffon,
réuni -YUrutauranaet Y Yçquauthili y êt les rapports
a YÊperyier pcùu de M, de Azaraÿ ce râp- , |
port est juste, quant.au premier, mais on ne
peut l’admettre pour le second , qui a Une taille
supérieure â celle de nos plus grands Aigles s et
qui a les pieds nus, tandis que les deux autres
ont les tarses emplumés jusqu’aux doigts, ec
sont plus petits'que celui-ci. M. Cuvier présente
YUrutaurana pour le même oiseau que Y Autour
" huppéj Y Aigle moyen de la Guyane et YÉpervkr
patuy qui tous ont une taille inférieure â celle
de notre Aigle commun, quoique Marcgrave
donne à YUrutaurana la grandeur de cet Aia\t .
mais c’est, dit M. Cuvier, un tiers au moins
de trop ce qui est v ra i/d ira -1-o n , si c’est
réellement le même que ces oiseaux ; ce dont
nous ne doutons pas. L ’Y(quauthili est, selon
* ce savant, la grande Harpie d*Amérique ou
Y Aigle destructeur. Comme la taille d’un mouton,
que Fernandez donne au premier, parole
exagérée, nous croyons, avec M. Cuvier, que
c’est l’individu qu’il indique; en tous cas la
taille de cette Harpie ne peut convenir à Y Aigle
couronné de Buffon, puisqu’il le dit plus petit
que Y Aigle commun, h'Aigle d* O réno que a la
-grosseur et la figure d’un Aigle; Y Aigle du Pérou
pourroit être Y Aigle couronné y car il est plus
petit que les Aigles d’Europe. Enfin, Y Aigle
couronné y pl., 6 , de l'édition de Buffon , publiée
par Sonnini, étant figuré avec les pieds
totalement vêtus , ne peut représenter YYyquâti-
thili cité dans la synonymie; lequel a une grande
partie des tarses dénuée de plumes, mais c’est
bien l’image d’un des oiseaux décrits sous les
noms d'Aigle moyen de la Guyane > d'Autour
huppé y d'Epervier patu. Il résulte de çe .que
nous venons d exposer, que la grande Harpie
a été confondue avec les Spuqaètes ec Y Aigle huppé,
d*Afrique d’Edwards , que nous regardons aussi
comme un Sp'vqaète à pieds vêtus.
La grande Harpie est, assure-t-on, si forte, que
d’un coup de bec elle fend la tête à un homme,
et quelle peut enlever des faons. C ’est, suivant
les obsèrvarions que Sonnini a faites dans
la Guyane , un oiseau solitaire qui vit dans
l’enfoncemenÈ èt l’obscurité des plus épaisses
forêts , et qui, lorsqu’il est affecté, relève les
longues plumes dé sa tête en forme dé huppe
ou de Couronne. Ce fait est confirmé pat
Jàcquifr,- qUi ajoute qù’on peut, malgré sa férocité
naturelle,. l'apprivoiser quand il ést jeune.
O esc à quoi se borne la partie historique de
cet oiseau , dont l'espèce est rare , quoique répandue
dans une grande partie dé l’Amérique
méridionale;; mais il n’est pas aisé de l’obset-.
ver, parce quil se tient fort avant dans les terres
inhabitées-et au milieu des forêts. Sonnini l a
trouvé sur un arbre .fort élevé dans le haut de -
l’Orapa, grande .rivière de la Guyane française
, où il étoic immobile et ne poussoir aucun
ç,\. jacquin l’a rencontré dans la Nouvelle-
Grenade; mais-c’est mal-à-propos qu’il en fait
un V a u to u r enfin on l’.i trouvé au.Mexique,
car il nous semble que ejest 1 YqquauthUï de
Fernandez.
Comme cet oiseau ne se préseme pas "tou-
tours sous la même livrée-, il nous paroit nécessaire
d’en donner plusieurs descriptions,
afin qu’en les comparant les unes aux autres
on puisse saisir les différences qui caractérisent
les sexes et les âges:
i ° . Le g r a n d A i g l e d e l a G u y a n e
( Falco destructor, Larh. ) a une taille qui surpasse
celle du grand Aigle de notre continent
, plus de trois pieds et demi de longueur,
mesuré en ligne droite, du bout du bec a celui
de la queue ; le bec long de trois pouces, large
de quinze lignes et épais de vingt-un à sa base ;
la queue longue de seize pouces et demi; elle
dépasse les ailes pliées de quatre pouces six
lignes. I l n’a point.de plumes, mais seulement
quelques poils noirs entre le bec éc 1 oeil ;'les
plumes des pieds descendent sur deux pouces
de longueur au-devant des tarses, dont le coté
postérieur est entièrement nu; du sommet de
la tête, qui est fort aplati, parten t de longues plumes
"couchées en arrière, dont les deux du milieu,
qui sonc les plus-longues, ont plus de cinq
pouces ; elles Sont d’un gris-rougeâtre, sur presque
près de la moitié de leur longueur ; le reste
esc noir ec terminé de gris-roussatre ; les autres
plumes de la tête sont teintes de gris cendré et
terminées de .blanc ; le dessus du cou ec du
corps présence un mélange confus de gris-
roussâtre et de noir; le dessous est dun gris
sale , à l’exception d’un demi-collier noir, marbré
de gris-roussâtre, et des plumes du ventre
qui sont blanches, en outre presque décomposées
et douces au toucher comme du duvet ;
Stedman [Voyage de Surinam, tom. ; 1 P- 1 LO
de la traduction d’Henry ) , sous la dénomination
les ailes sont variées de noir et de plusieurs
i nuances grises ; la queue esc.grise avec de larges
. bandes et des taches noires ; les plumes des I
jambes sont blanches ec rayées de noir ; le
.bec, sa membrane, la peau nue des lorums I
sont de couleur noire ; les pieds et les doigts 1
couverts d’écailles jaunes. Nous présumons que 1
c’esc de cette espèce qu’entend parler le capitaine
d’Aigle huppé, animal, dit ce -voyageur,
très-féroce et très-forc des forêts de Surinam.
i ° . L 'A i g l e d e s t r u c t e u r a trois
pieds deux pouces de longueur cotale ; sa tête
porte .une huppe couchée en arrière, grise ,
noire et .terminée de gris ; le cou est de cet-te
couleur, qui prend une teinte noirâtre sur la
tête; les joues sont grisâtres; le dos et les
pennes des ailes;, noirs; celles de ta queue,
. d’une nuance grise ; les parties-inferieures, d un
blanc sale; le bec et les ongles, de couleur de
corne; les tarses, d’un jaune pâle..
3°. Le C ara c c a [Falco cristatus , Lath.).
Dellbn a vb et dessiné un oiseau vivant de cette
espèce, dansia Ménagerie du roi d Espagne, a
Buco-Retero [Voyagé en Espagne, pag. ,8o ec
pl, 3 1 ),- Son bec est fortement co.utbé en dessus
et presque droit en dessous; il porte une huppe
courte sur le derrière de la tête;"son ventre esc
blanc et" sa queue traversée par quatre bandes
cendrées; le teste de son plumage est noir ; ce t-
oiseau a la grandeur d’un Coq-d’Inde.
4°. Trois Harpies, dont deux sont au Muséum
d’histoire naturelle ec une dans la collection
dé M. Dufresne, nous ont fourni les descriptions
suivantes.; des deux premières, lune
est sous son plumage parfait, et l’autre, sous -
une livrée qui indique une femelle, étant au
moins un quart plus grosse.et ayant les tarses,
les doigts et les-ongles beaucoup plus forts a proportion;.
elle est, en dessus, variée de brun , de
gris et de blanchâtre ; d’un gris clair sur les
joues, l’occiput, la gorge ec sut toutes les parties
inférieures, avec quelques, plum.-s noires sut le
devanc du cou, qui indiquent que cet oiseau
commence à prendre les couleurs de 1 adulte ;
quelques tacbes noires transversales et écroices
sonc parsemées sur le fond gris-blanc des plumes
des jambes; les pennes de la queue ont en dessous
, sut un fond gris clair, plusieurs taches
noires „ irrégulières et situées sur chaque coté de
la tige. . . - "
Le mâle a le dessus du corps et des .ailes, d'un,
noir à reflets gris ; les joues., 1 occiput et la
gorge, de cette dernière couleur ; le devant du
cou, les côtés- de la poitrine au-dessous des ai les,
noirs; le teste de la poitrine et toutes les parties
postérieures, d’un beau blanc; les jambes., rayées
de .noir transversalement ; quatre larges bandes
noires traversent la queue sut un fond blanc,
T c t t t t t z