
point oiseau de proie, quoiqu’on le classe dans
cette famille, d’après son extérieur. Comme
Mauduyr vient a l’appui de ces faits , en disant
que quelques personnes , qui prétendent lavoir
observé à Cayenne , lui ont assuré qu’il ne vit
•point de proie, mais de baies, de fruits er
même de graine, nous croyons que cet oiseau
est déplacé.. Au reste, le Rancanca est aussi peu
farouche que les IIoccos et on l’approche aisé-
.. ment. Lorsqu’il aperçoit quelqu’un , il redouble
ses cris, qu’il prononce d’une voix forte et rauque.
' Ces oiseaux, font entrieux un bruit effroyable ;
fuient les lieux habités et se tiennent dans les
forêts solitaires de la Guyane ;^ils volent en
troupes,, ne voyagent pas seuls, accompagnent
. pour l’ordinaire lès Toucans, parce qu’appa-
remment ils se nourrissent des mêmes substances
; d’où vient que les créoles et les nègres
les ont appelés Capitaines des Gros-becs; ils donnent
ce dernier nom aux Toucans; mais celui de ;
Rancanca lui a été imposé par les naturels, d’après
son cri. Il niche sur les arbres, et sa ponte est
de trois à cinq oeufs ronds et blancs. •
Buffon l ’a décrit sous le nom de petit Aigle
d9Amérique ; mais il n’est pas inutile de remarquer
que, pour rapprocher ce prétendu Aigle
des oiseaux de proie, on lui a donné, dans la
p l . enlum. de Bouffon , unç attitude forcée, en le
représentant comme prêt, à s’élancer sur une
proie, et. avec une trop forte courbure du bec ;
de plus, là teinte jaune des pieds doit être remplacée
par une couleur rouge, qui est la naturelle.
Gmçlin et Làtham ont décrit un oiseau, auquel
ils ont rapporté ce Rancanca, dans la synonymie,
qui laisse des doutes si c’est de celui-ci
qu’ils ont voulu parler; carie plumage, le bec
et les pieds de leur Falco formosus ou aquïlanus ,
présentent dans les couleurs des dissemblances
très-remarquables ; en effet, ce Falco a le bec
.bleu j la cire , la peau du tour de l’oeil et, les
pieds, jaunes'; l’iris , orangé ; la gorgé, le cou,
nus et d’un;beau rouge-pourpré (c’est le seul
rapport qu’il ait avec le-, Rancanca ow petit Aigle
d'Amérique) ; le dessus du corps est bleu, avec
des reflets rougeâtres ; Je- Yéntre -et le bas-ventre
sont couleur de chajr, çt les ongles, noirs. La
femelle de ce Falco, indiquée par Latham,
dans le premier supplément de spn general Sy nopsis
, pôfte des codeurs plus analogues à celles
du Rancanca j que/le mâle dont il vient d’être
question; elle a vingt-deux pouces de longueur:
le be.c et les pieds, jaunes; la cire, noirâtre;
1 es paupières, garnies de cils noirs et forts* la
peau nue de la gorge et, du cou , d’un pourpre
sale ; le plumage, générâlefhent bleu, avec des
reflets d’un noir-verdâtre.; le bas-ventré^et les
jambes , blancs ; la queue, longue de neuf pouces
et carrée â son extrémité.
Suivant Sonnini, la femelle du Rançanca'ne
diffère du. mâle qu’en c.e que la teinte noire de
son plumage.est moins foncée; au ; lieu que dans
le mâle, le cercle qui couronne, 1,es yeux est
rouge ; tandis que chez la femelle, c’est la peau
grise de la base du; bec.qui vienc la-former.
L e mâle a la peau nue de la gorge, et du devant
du.couj d’un, rouge-pourpré et parsemé de
quelques poils; le bec, totalement jaune chez
des individus ; noir en dessus chez d’autres; la
cir- , grise ; les côtés de la tête et le tout des
yeux, dénués de plumes et de la couleur du devant
du cou; Kiris, rouge; l'es paupières', gar-
hies de cils noirs et roides ; tout-le plumage,
noir, â reflets fpibles,. excepté le ventre;ét les
parties postérieures qui sont blancs. Buffon,Hist.
natur. des Oiseaux, tom. 1. pag. 14 1 . pi. enl.
n. 4 17 (sous le nom de petit Aigle d'Amérique).
Latham , Index (Falco formosus). Gmelin ,Syst.
nat. édit. 13 (Falco aquïlanus). V Amérique méridionale.
L . 16 a 18 . E .. P.. R . 12 ;
* * * G e n r e .
P H E N E , Phene, Savigny. Falco, Linn. Vultur,
Latham.
Corpus eblongum , variis coloritus pictum.
Caput oblongum , densè plumosum.
Rostrum b as i rectum et cerâ molliculâ, plu-
mis setaceis recumbentibus instructum j validissi-
murn, lateratimcompressum, supra rotundatum,
convexum ; mandibula superïor marginibus rectis,
- versus apicem subgïbbosa, aduncà ; inferior bre-
vior, recta, obtus a , subtus basi setïs rigid\s , por-
rectis , Ion gis barba,tà. '
Tiares obliqua, ov'ata, pennis sttaceis obtect&f
L'tngua crassa , car nos a , emarginata.
Rictus y aidefis sus.
Frons plumilis brevibuj , lanuginosis et pennis
rigidis yestita.
Ingluvies paulb prominula , lanàta,,
Cqllum médiocre.
A la longs, ; remex prima quartâ brevior 3 tertict
omnium longïssima. '
Femorà extra abdomen posita 3 tibia omnino
plumosa,
Tarsi
Tarsi brèves,-crassi, robusti, ad digitos usque
plumosi. t . . .
Pedes hirsuti, tetradactyli ; digin très <mre-
riores, posticus unüs 3 extertores basi memhranâ
conneximédius longissimus ; hallux quemad-
modùm dnteriores imo tarsi positus || sedilem cin-
gens, humi incumberis.
* U noues validi, adunci, acuti ; internus et posticus
reliquis majores et adunciores.
Cauda rectricibus 1 1 .
Bac aves habitant in Alpibus Helveticis , Lae-
ticis , Noricis , Persicis JEgyptiâque; animalïbus
yiedtant 3 in antris rupium inaccessamm nidi-
Jicant 3 ova 3-4 pariunt. Pulli recens nati videntes ,
in nido victati, ex illo cedentes tantum advo-
landum apti.
Corps oblong, peint de diverses couleurs.
Tète oblongûe , parfaitement emplumée.
.Bec droit et couvert à sa base d’une cire
molle, cachée sous des .plumes sétacées, couchées
en avant, très-robuste, comprime latéralement,
arrondi et convexe en dessus ; mandi-
- bule supérieure â bords droits, crochue et un peu
gonflée vers le bout; l’inférieure plus courte ,
droite, obtuse à la pointe, garnie en dessous
d’un pinceau de poils roides , tendus- et longs.
Narines obliques, ovales, couvertes par les
plumes du capistrum. " . ,
Langue épaisse , charnue , échancree.
Bouche très-fendue.
Front garni de plumes courtes, laineuses , et
de plumes roides. d
Jabot peu proéminent, duveteux.
Cou médiocre.
Ailes longues; première rémige plus courte
que la quatrième ; troisième, la plus longue de
toutes, " . - - • -
Cuisses posées hors de l’abdomen; jambes
-totalement emplumées.
Tarses, courts, vêtus jusqu’aux doigts;
Pieds tétradactyles; trois doigts devant, un
derrière, l’intermédiaire très-long; les extérieurs
réunis à leur base par une membrane ; pouce
posé au bas du tarse,sur le même plan que les
antérieurs, embrassant le juchoir et portant a
terre sur toute sa longueur.
Ongles robustes, pointus ; l’intérieur et le
postérieur plus grands et plus crochus que les
autres.
Queue à 1 1 rectrices.
Les Phènes habitent dans les Alpes suisses et
petsiques et en Egypte > vivent d animaux , nichent
dans les trous de rochers inaccessibles;
leur ponte est de trois ou six oeufs. Leurs petits
y voient dès leur naissance, sont nourris dans
le nid , prennent eux-mêmes la nourriture, et ne
le quittent qu’en état de voler.
L a Ph en e ou l e G y p a e t e des A lpes. i f P.
Ossifraga. P . Albido-rutïlo ÿ dorso fusco ,* tanta
nigrà supra et infra oculos 3 rostro citiereo, rubi-
cundo mixto 3 pedibus hirsutis. -
D ’un roux-blanchâtre; dos, brun.; bandelette
noire au-dessus et au-dessous des yeux;
bec, d’un cendré mélangé de rougeâtre; pieds
• velus. (P L 19bifig. 3 j sous le nom de Vautour
barbu. ) .
Les Allemands ont imposé â ce grand oiseau
de proie le nom de Laemmer geyer, c est-a-dire,
Vautour des Agneaux. Il est en effet un fléau
très-redoutable pour les .troupeaux qui paissent
dans les valions des" Alpes ; À fait une guerre
cruelle aux brebis, aux agneaux, aux chèvres et
même aux veaux ; les chamois., les lièvres, les
marmottes et d’autres quadrupèdes sauvages deviennent
ses victimes j il attaque aussi les en-
-falis et meme les hommes', quand il les rencontre
dans sa sauvage retraite, où, à coups d’aile
redoublés,. il cherché à les étourdir, les pré-,
cipiter dans les abîmes et les devorer. En 1 année
1 8 1 9 , les Phènes étoient en si grande quantité
dans les environs de Saxe -Goth a, que ne
trouvant point de nourritures suffisantes pour
leur grand nombre, iîs dévorèrent deux enfans ;
aussi leur tète fut mise à prix par le-Gouvernement.
.
Cette espèce se tient ordinairement dans les
endroits les plus élevés .et les plus isolés des Alpes,
et y niche dans les rochers les plus inaccessibles,
d’où elle descend en hiver'ec même
au commencement du printemps, dans les^val-
lons. Sa ponte se compose de deux ou trois.oeufs
blancs et .'tachetés de brun.
"Ce Gypaète se trouve non-seulement sur les
Alpes, les Pyrénées et les grandes montagnes
les plus inaccessibles de l’Europe, mais encore
sur les montagnes graniteuses d’Odon-Tschelon
en Sibérie, où l’a vu le savant voyageur Pallas.
Qn le trouve aussi dans ta Mongolie, ou il porte
le nom d'Icello ; en Egypte et en Abyssinie ,
dont le peuple 1 appelle Aboudachn , c est-a-dire,
-Père de la barbe, à cause de la touffe de plumes
soyeuses qui pendent sous son bec j car il n y a
- pas de doute que ce Gypaète d’Abyssinie que,
I Brown-a décrit, est de la même espèce que celui
d’Eutope, dont Sonnini a fait.mal-à-propos
1 v m m i