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précaution de ne choisir que des Palmiers mâles, ou des femelles que l'âge a presque
rendues stériles. Us en coupent les Icuilics et font sur le tronc, nn peu au dessous du
sommet, une incision circulaire, puis nn sillon profond et vertical, à la base duquel
ils placent un vase destiné h recevoir la liqueur abondante qni s'échappe des incisions;
et dans la crainte que l'exLrème chaleur dn soleil ne la <lc.s.sèche promptemcnt, on
Fecouvre'de feuilles toutes les parties incisées. Cette liqueur est douce, bienfaisante,
d'une couleur-laitcnse, nnris elle s'aigdt promptemcnt, ct ne peut guèrcs se conserver
plus de vingt-quatre heures.
Les troncs des vieux Palmiers fournissent un bois Lrès-dar, presque incorruptible,
que l'on emploie ii la construction des maisons. Les leuilles macérées dans l'eau, )
acquièrent une souplesse qui les rend propres à la fabrication d'un grand nombre de
petits meubles très-utiles, tels qne des tapis, des paniers, des corbeilles, des chapeaux,
etc. l,a base des pétioles fournit des filamens dont on fabrique des cordes et
des ficelles.
Mais la récolte des fruits offre des dilïicultés. Comment aller les recueillir au sommet
d'un arbre dont le tronc, dénué de branches, .s'élève quelquefois au dclii de cent
pieds?il n'appartient pas a tous d'y arriver. Il est nece.ssairo, pour y parvenir sans danger,
d'une industrie qui ne s'acquiert que par l'habitude. Pour concevoir par quels
moyens on arrive an haut de ces arbres, il faut avoir une idée de leur organisation.
Le Piilmter ne ressemble pas aux arbres do nos forêts d'ÏAu-opc (i). Sa tige ne se
montre hors de terre que quatre a cinq ans après que la plante a levé. Jnsques lii elle
ne pousse que des feuilles qui sortent d'un gros bouton .sous la forme d'une bulle
épaisse, arrondie, un peu ovale, qui se renouvelle tous les ans, augmente en grosseur,
ct produit annuellement un plus grand nombre de feuilles. Lorsque cc bouton est
arrivé à la grosseur que larbre doit avoir, alors il s'élève peu-K-pcu de terre, offre un
commencement de tronc, uniquement composé de pétioles réunis des anciennes
feuilles. C'est par la chute de celles-ci que le tronc continue a prendre de l'élévation. Il
n'en tombe qu'une partie cha<pie année, mai.s leurs pétioles restent, ct Ibrmcnt des
aspérités saillantes que les Arabes, en aidant un peu la nature, rendent propres à
servir de point d'appui pour les pieds de ceux qui montent à ces arbres.
L'escalade en serait facile si ces soutiens se conservaient; mais il.s se détachent au
bout de quelques années, et dans les arbres anciens, on ne peut les retrouver que
vers le sommet. Le reste du tronc est très-li,sse, marqué seulement aux endroits où
l'on a coupé les anciens pétioles, de boaiTelets transverses et peu élevés.
Il faut donc alors, pour parvenir au haut de l'arbre, avoir recours à d'autres moyens.
Le grimpeur prend une corde, dont il forme un cercle en réunissant les deux bouts
par un noeud. Il la passe sous ses aisselle.? ct autour de l'arbre, qu'il .serre fortement
avec les cuisses et les pieds, tandis qu'avec les deux mains il fait avancer pcu-à-peu
la corde vers le sommet de l'arbre. Llle soutient son corps, lui forme un point d'appui
contre l'arbre, et lui facilite le moyen de s'cxhausseï- de plus en plus, sans beaucoup
de fatigue.
Ceux qui ont l'habitude de cet exercice, arrivent en peu de tems ct avec célérité au
sonmiet de l'arbre. La de nouveau dangers les attendent. La base des pétioles est
armée de fortes épines qui occasionnent souvent des blessures grave.s. Le collecteur ,
placé sur le sonunet <lc l'arbre, cneille les grappes, les dépose dans une grande
corbeille, et les descend ir terre à l'aide d'une corde.
(i) M. Desfonliiini's, daiu sa Flore du monl Alius, a donné du Dnldcr une descriplion aiijsi tigriî.ibk' parle »lylo lin la narratioa,
qu'iu lércssante pai'soii objet. Ce^t de colou\rnge<{iie nous avons e:f(iail l.i pliii>.irl des dOltiUi que nous ré: en tons ici
P H O E N I X . DATTIER. 5
On laisse les dattes exposées, pendant plusieurs jours, à l'action du soleil, qui en
achève la maturité en les .séchant, ct en facilite la conservation : elles sont ensuite enveloppées
de feuilles de Palmier, on renfermées dans des peaux de mouton ; mais ce
dernier moyen leur communique souvent une odeur désagréable.
Il s'en Ihit un très-grand commeixc. Les habitans du royaume dcTtniis, ct de
plusieurs antres contrées de la Barbarie, .se rendent en foule tous les ans dans le
Biledulgérid pour l'acquiskion de cette denrée. Les grappes, qn.and elles sont belles
et de bonne qualité, se vendent de trois a quatre francs. C'est pour les habitans de ce
pays un ample dédommagement des autres productions, (pic hi natare du sol leur
refuse, tels que du froment, du seigle et des troupeaux qu'ils se procurent en échange
de cc fruit ]irécieux.
Les Arabes plantent les Palmiers à ijuinze ou vingt pieds de distance les uns des
autres, tantôt sans ordre, quehfuefois en quinconce, dans les lieux abondaus en
sources on en ruisseaux. Ils établisseuL au pied de chacun de ces arbres un petit fossé
qu'ils remplissent d'eau h volonté par lo moyen de rigoles creusées dans le sable, et
d(ml les bords sont retenus par une terre durcie, ou par (pielqn'aiitre moyen. Ce,.s
eaux descendent des montagnes voisines, ou sont dérobées aux ruisseaux fréquensqui
sillonnent le sable dans ces contrées.
Il est h remarquer que, quehpie soit la nature de ces eaux, douces ou saninâtres,
elles sont également favorables à la fécondité du Palmier. Ces arbres, par tout oiîi elles
manquent, ne produisent qne des fruits médiocres ot en petite quantité. Il y a, pour
ccs arrosemens, des lois fort sages. Comme les Paltniers, (pii couvrent de très - vastes
plaines, .appartiennent h différons propriétaires, et que l'eau n'est pas toujours fort
abondante, ils ne peuvent faire usage de leurs ligolcs que tonr-ii-tonr. Ils paient aux
Souverains du pays un tribut annuel proportionné au nombre des Palmiers qu'ils
cultivent. Ces arbres fleurissent au commencement du printems,et les fruits s'en
recueillent en automne. Les Arabes prétendcmt qu'ils peuvent durer deux et même
trois cenl.s ans.
Le poète PoiUanus a raconté en très-beaux vers latins (i) l'histoire, infiniment
ctnleusc pour le tems, de doux Palmiers cultivés dans le roy;iiiirie de Naples, et qui
prouve la diversité des sexes et la nécessité de la fécondation dans les plantes comme
dans les animaux. Depuis long-tcnis on poss(klait dans les environs d'Otrantc un trèsbeau
Palmier femelle. Tous les ans il était chargé de fleurs, el cependant il n'en résultait
aucun fruit, malgré la vigueur de l'arbre et la chaleur du climat ; mais un
certain été on fui irès-surpris de voir ce nmme arbre produire en quantité des fruits
excellens ct très - murs. La surprise se convertit en admiration lorsque l'on apprit
(0 Dnmdusii lalis loiig4 viret ardaa lerris
Aibor, Iiluni.-eis usque p.'tila lofis.
Allerii hvdiuutinis ill sallibiis lemiila pnlmie,
Ill.i viniui refrrens, lu-ec iimlicbre decus.
Non lino rrp\-ere solo, dislanJbns ngris,
Kiilb luii fatics, nec soiinlis amor.
PiTiiinnsit sine prole dm, sine fruclibus arbor
Ulraqiie, froDdosis et sine fiuge coinis.
Ast piJslqnam p.-ilnlos fudenmt braciiia rauios,
Ccrpi'rp et cccio iibcnore frui,
Frondo.^i((ne .ipices se conspex^re, virique
onjugis ille sure,
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