d'aulrcscspèccscxigcnt des contrées phis chaudes, l'Espagne, l'Iudie, la Sicile; d'autres
enfhi sont veiuis d'Aniéri(jne se réunir à uos Erèues d'Europe , et se sout très - bica
naturalisés dans leur nouvelle patrie. Ils ont augmenté considérablement le nombre
des espèces qui en France se borneiu presque K deux , le grand Frèue dont je viens
de parler, et lo Frêne a lleurs, Fraxirnts omiis, bien plus petit, qui ne croît que sur
les hauteurs , dans un sol aride et pierreux.
11 s'est élevé sur ccs deux Frênes, parmi les érudits, une (juestion intéres.sante pour
tons ceux qui eherclieut h connaître , d'ime manière précise , les plantes dont il est
fait nuMition chez les auciens , et ii les rapporter aux espèces mieux caractérisées chez
les modernes. De ce travail plein d'épines, il en résulte l'avantage de pouvoir appli.juev
aces espèces, les observations des premiers écrivains, relatives à l'agriculture et aiu
arts. Plusieurs passages d'auteurs grecs avaient déjà fait soupçonner que le Frojciiim
onius tie Jàmu- était le grand Frêtic, et (pie son Frnxinus excelsior appartenait au
véritable Ornm des latins. M. Dureau de la Malle fds a traitéeette question avec beaucoup
(l'érudition, dans nnnu'inoire particulier. Il parait avoir prouvé presque jusqu'à
l'évidence que l'arbre désigné par Théophraste sous le uom de Boumelia ou grand
Frêne, a reçu des Latins le nom qu'il n'est pas le Fraxinus ormis de Linné,
et que le l-'rêne mentionné <lans Hoinère , Aristophane , Théophraste et Dioscoriclc
sous le nom de Melia, a reçu plus particulièrement le nom de Fraxinus chez les
I.alius. Jean Baidiin avait ties idées a.ssezjustcs des Frênes des anciens , lorsqu'il conseillait
de rapporter le Jhmmelia de Téophraste 'a noire grand Frêne, et Michéli avait
établi legcnrc 0/y»M,dans lequel il plaçait cc même l'rêne.Xous renvoyons au savant
mémoire de ÎM. Dureau , ceux (pii désirent connailre phis en détail les motifs qui ont
déterminé son opinion.
Si la nature n'eût produit le Frêne que pour l'embellissement des forêls, on
pourrait croire qu'elle a presque man(jué son but, ou tpi'elle s'est elle-même opposée
a ses vues, eu destinant les feuilles de cet arbre pour servir d'aliment ;i un insecte qui
les détruit avec avidité; mais daus la combinaison de ses productions, l'existence d'un
être vivant est presque touitmrs attachée ii celle d'uu autre, et la deslruelion de l'ttu
est le soutien de la vie <le l'autre. A peine les Frênes sont-ils couverts <le feuilles,
qu'elles sont aussitôt attaquées par un si graml nombre de canthnrides; que ccs arbres
n'offrent plus, dans lajdus belle saison de l'année, que l'inuigc de la plus triste; leurs
branches, leurs rameaux re^tent, dès le mois de juin, dépouillés de leurs ornemens;
et (pioicpic riiisecte qui les dév<n-e ail de <[uoi j>laire aux yeux par sa forme élégante
cl par sa couleur d'ttu \ert d<n-é, il répand au h>iu une odeur si désagréable, qu'il fait
exclure le Frêne commun de nos forêts. On si'v introduit que le Frêne Ii lleurs, et
quelques autres espèces exotiques, qui ne sont point sujèles au même inconvénient.
3Iais il est un autre d('savanliige qui exige des précautions dans la cidture du Frêne,
et principalement dans le choix de sa place. Par-tout oil s'étendent ses racines et son
ombre, tout |>ént ou languit; prairies, moissons, arbustes, vergers, tout se ressent
de l'intluenee de son voisinage. 11 lui faut de res])ace, et il scie procure atix dépens des
autres végétaux. C'est uu voisin puissaiu qui veut vivre dans l'.iisancc, et ipti s'in<[uik(;
peu de ce que les autres souffrent, pourvu tpie rieu ne lui mamjuc. Ait reste, conune
il a d'ailleurs de bonnes <pialiLé.s, qu'il peut être emjdojé à <ics usages importuns,
qu'il nous fournit, dan.-, quehpies-unes de ses espèces, cet te matmesucrtn!, tant reconimandée
en uK'decine, il faut le jilacer de manière h cc <pi'il jiuisse être utile sans être
utii.sihlc. C'est ainsi que duns l'ordre social, l'iiommc dangereux dans un poste,
contribue duns uu autre au bien général de la société.
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