clc-gans et fleiii is, origijiaircs des elimats étrangers, cl aujourd'iuii naturalisés dans nos
bosquets, il en est d'autres ijui nons intéresseiu bien davantage, et dont la simple vue
excite en notre ame jeue sais quoi de sensible el de doux, malgrélenr extérieur sauvage
el leurs ileurs sans éclat : le! csl le Coudrier. Né dans nos bois, humble ai'brissean en
comparaison des arln-es élevés de nos li.réts, nons le préfc^rons, parce qu'il c.st plus a
notre portée, paive (pic ses rauuNmx nexiblesseprètent plus aisément;» la niain qui vent,
cn récolter les fruits. Qu'ils ont de saveur, lorsqu'ils excilcnl la rivalité d'une jeuiu'sse
aimable et gaie ! Qu'ils ont de i>rix, lorsqu'ils .sont cueillis et re(;us par l'amitié ! Lenr.s
fleurs n'ont point d'éclats ; mais quelles sonl intéressantes, lors(|ue leurs chatons peiidans
nous annoncent le retour de la vie daus une saison de nuvrl! Leur ironc n'est
point couronné par une eime qui se perd dans les nues; mais leur lige peu élevée et
llexible, se divise en rameaux touffus, inclinés, ([ui nous olVrent bien mieux que les
grands arbres, des (mibres bass(\s, des boscjnets de verdure, des relrailes solitaires,
favorables a la méditation. Que de titres <'n liivenr du (;ou(h-ier ! Que de souvenirs ,
que de sentimens délicieux il raj.pelle daus l'ame de tous ceux ipii ont eu le btmlieur
de passer à la campagne les jdus belles années de leur vie ! C'est le témoin de nos premières
jouissaïu-es, c'est notre ancien ami. Connneul pourrions-nous l'oublier, lui qui
i libéralenu'ut ces fruits eiumqx-tres, premier honnnage offert par la tenxe
nous a fourni si libéraleii
dresse à un sexe >(pu>
déjà notre coeur connnent^ait à distinguer ! Premières «^motions
d'uncoeursen.sible, vous serez toujours chères h Tlionmie «pu'. les passions tiunnllueuses
n'ontpointmaitri9é,et les objels qui les lui rappellent, ue lui seront jamaisindilfiTeiis.
(^e sentiment est d'autant plus vif, que l'homme qui l't'prouve est plus rapproché
de la nature. Suivons XOtahitien Potaveriimwm-. en France par M. Bougainville. Nos
jardins ornés des plus belles fleurs, uos bosquets composés d'arbres qu'il ne connaît
point, fixent h peine son attention; mais il apj)cr<,-oiL parmi eux un arbre de son pays,
le mûrier "a papier, [Papyrivs japonica aussitôt sou ea-ur se gonfle (leplai.sir,
il n'est plus maître de ses tran.sporls; il croit avoir retrouvé sa ]>atrie^ il la voit, c'est
(dle-im'-me : sou imagination .s'est élaiict^e an delà des mers, cl l'a ramené à ses premières
seii-salioiis. T ne seule expression sort de sa bouche, c'est le uom de son ile
fortunée, c'est eclui j}.
Telle est la force ]niissante des objets extérieurs sur l'imagination, disons mieux,
sur le cffui' de l'hrnume sensible ! telle est la cause de ce ehai'me secret attaché aux
plantes .pie nos anciens plaisirs oui mis en l i.ppfu-t avec. ru)us De lii vient (jne la p.x^sie
pastorale est pleine de ces images charmantes, qui ue nous j)laiseiit que parce (pi'dles
sont dans la nature, et que nous y retrouvons le lableiui de nos propres sensations. 11
eu est peu où le Coudrier n'entre conune une des plus belles décorations de la scène
<-hampètre : c'est sous son ombrage que, dans \'irgile, les bergers :\lénalqiie el :\Iopsus
s'invitent réciproquement à chanter les vertus et ia perte de Daphnis :
IFic corrlis mix tas inter conscdimus ulmos.
Ailleurs, le Coudrier est l'arbre que chérit de préférence el poiir rause, la berbère
Ph>llis; etleCoudri.-r, tanlqu'elle coni in uera à l'aimer, l'empoi'lera toujours aux j'eux
de Corydon son amant, sur le nivrlhe e l l e laurier.
Phyllis amat corylos ; illas dùm Phyllis amabit,
IS'ec myrtus vincet corylos , nec laurca P h oebi.
Si riionime s'en était tenu à ces peintures riantes, à ces tableaux aninu's delà simple
(0 Celle aaecdolt ei jalée par M. Del isle, orni^e de lous les charmcs de b poéaic. Pwme des Jarûini, liv. second,
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