qu'un autre Palmier cultivé à Brindes, à quinze lieues de la, avait, cette même année,
fleuri pour la première fois, et que ses fleurs étaient mâles. A dater de cette époque,
le Palmier d'Otrantc continua à donner tous les ans de très-beaux fruits, malgré la
distance oii il se trouvait de celoi de Brindcs. La poussière fécondante des étamines
est très-abondante dans les Palmiers. Elle a une odeur spermatique très-exaltée, qui
se fait sentir à de grandes distances, et j'ai souvent, dans mes courses en Barbarie,
soupçonné l'existence de Palmiers que je ne rencontrais qu'après plusieurs heures de
marche. Je dois ajouter ici que les Palmiers qui croissent le Vni^ de.s côtes , sont bien
moins beaux, et que leurs fruits sont très-inférieurs h c<!ux du désert.
Les lieux les plus remarquables du Biledul^érid, où l'on cultive le Palmier, sont
Tozzer, place trcs-vivantc par raffluence des étrauj^ers qui y arrivent de toutes parts
pour le commerce des dattes. Elles passent pour les meilleures du pays. A cinq lieues
tie Tozzer on trouve Ae/ïra. Ces deux villes sont peu éloignées du lac Triton. Au nord
de Tozzer est une autre ville qui porte le nom de El-Hammah. On descend ensuite
dans uu très-large vallon, riche en Palmiers, et situé entre deux chaînes de montagnes
où l'on renconlre le bourg de Gorhatd, très-singulier par sa position. 11 est
placé sur le sonmiet d'une monticule arrondie, environné de plu.sieur.s autres qui ont
la même forme, il en découle uu ruisseau d'eau saumàtre qui fertilise plusieurs pUmtations
de Palmiers.
Eu continuant sa route vers le nord, dans le mcme vallon, on arrive ii Cafsa. Cette
ville serait intéressante par le grandnombre d'anti(ptités tpi'elle renCerme, si ces monuniens
n'étaient point tellement nuuilés, qu'il est impos.sible aujourd'hui de les distinguer.
La plupart sont enchâssés dans des bâtisses modernes. On y retrouve de
beaux piédestaux, des débris d'autel, des colonnes de granit, plusieurs morceaxix
d'architecture ancienne qui portent à croire que Cafsa était une des villes les plus
considérables du royaume de Jugurta. Sa situation sur une monticule lu rendait d'un
difficile accès pour l'attaque, tandis que la défense en était très - facile. D'autres montagnes
l'entourent de toute.s parts i» uiie assez graude distance. Ses environs .sont
cfimplantés d'Oliviers , d'Orangers , de Palmiers arrosé.s par des ruisseaux qui tirent
leur source du centre même de la ville.
A mesiu-e que l'on s'éloigne de Cafsa et que l'on se dirige vers Ferina , le pays
reprend la stérilité <lu climat. Ou n'apperçoit presque plus que des collines arides , et
des vallons sablonueux et brùlaus. La ville de Feriua se ressent de cette stérilité. Il
u'y a qu'une médiocre portion de son territoire qui soit cultivée, à l'aide d'une petite
rivière qui coule au pied de .ses nmrs. Ferina doit avoir été autrefois d'une as.sez
graude étendue. Elle con.serve de beaux restes d'aiitiquités, des colonnes de granit et
de marbre encore placées sur leurs piédestaux. 11 existe dans le Biledulgérid beaucoup
d'autres places moins importantes, mais presque toutes vivifiées par ractivité du commerce
et de l'agriculture.
Cette partie de la Barbarie que la nature a eiiricliie d'une de ses plus belles production.
s, et que l'homme a tant d'intérêt <le eulliver, en est aussi la plus vivante, la
mieux peuplée; l'aisancc, la santé et le bonheur régnent dans les villes, dans les
bourgs que la fertilité du pays a nutltipliés dans le voi.siiiage de ces belles forets de
Palmiers. Le cultivateur, au milieu de ces vallons (h'licieux tpie des rui.sscaux iu)mbreux
arrosent de toutes parts , sous le frais ond)rage de ses plantations , (Uiblie qu'il
vit sous un ciel embrasé , et qu'uii <lésert stérile est h deux pas de lui. l, u travail actif,
un commerce vi%ifiaut donnent h ces hommes laborieux <les rnaiurs Lrès - difléreiiLes
de celles des autres hordes Arabes, qui ue fondent leur exisLciice que sur leurs
brigandages.
WÊÊ »