RENSEIGNEMENTS
d’IRBOU , DE OUOBO ET DE GUÉBRA SELLASSÉ.
Irbou, en sa qualité de marchand de Naréa, avait
fait plusieurs voyages à Kafa, et dans les pays situés
à l’ouest de cette presqu’île ; il avait même suivi une
caravane jusque dans le Kordofan : aucune des questions
que je lui fis sur les deux .branches du Nil ne
parurent l’embarrasser.
Suivant lu i , un grand nombre de rivières s’appellent
Guibé(ce nom est probablement générique, à 1 exemple
de Medeummar ou Djemma qui signifient réunion);
mais le grand Guibé prend sa source entre Nounno et
Kafa, coule d’abord à l’est, puis au su d , reçoit le Guibé
du Gouraguié, et de là se dirige à la mer. Le Godjob,
autre grand fleuve, prend également sa naissance
entre Nounno et Kafa, dans le pays des Goumarous;
il décrit une courbe à l’est pour tourner au sud , et
vient définitivement à l’ouest se jeter dans un lac, qui
est aussi le commun réceptacle de plusieurs branches
du Nil blanc.
Ouobo était originaire du pays de Doko ; il avait été
amené esclave en Abyssinie dans un âge assez avancé,
et ses souvenirs le portaient à nier positivement que le
Godjob continuât sa direction à l’ouest après s’être
réuni au Baro; il assurait au contraire l’avoir vu revenir
à 1 e s t, et supposait qu ’il devait par conséquent se
joindre au Guibé : cette opinion était partagée par son
maître, GuébraSellassé, qui avait une parfaite connaissance
des pays compris entre le Gouraguié et Kafg,.
Voici ce qu’il m’en dit :
Le Gouraguié est un pays chrétien , dont la population
parle amara. C’est un sol montagneux, dont les
parties élevées voient croître le gouassa (bruyères), et
les plaines basses le café; il contient, vers son milieu,
un lac qui a nom Zouaye, et dont la surface est beaucoup
plus étendue que celle du lac Aïk. Le Gouraguié
donne naissance à plusieurs cours d ’eau importants,
entre autres le Ouahabé, le Guibé et l'Oumo : le premier
se dirige vers le royaume de Harar; les deux autres
vont se joindre au Guibé, qui vient de Sibou.
Pour aller du Gouraguié au Naréa, il faut traverser
les tribus Agabja, Adiya, Djindjero et Tembaro.
Le principal marché du Naréa est Saka, distant de
huit journées de Kafa : la route d ’une ville à l’autre
traverse les pays de Oualémo et de Garo , qui sont séparés
par le petit Guibé; elle coupe, un peu avant
d aboutir à Kafa, le Godjob, qui entoure la province
de ce nom, de manière à en former une presqu’île
avec la rivière Baro; car il paraît qu ’il faut également
passer celle-ci pour pénétrer à l’ouest dans le pays des