chercherons nullement à reconstruire, par induction ,
les monuments dans tous leurs détails ; nous laisserons
cette tâche à d ’autres plus instruits ou plus audacieux
que nous; satisfaits, en nous bornant au rôle de simple
dessinateur, de pouvoir fournir à leur imagination et à
leur science, une base certaine et des éléments exacts.
Nous allons donc donner simplement les plans et
coupes mathématiques de ce qui reste de la ville des
Ptolémées.
La ville d Axoum, située dans la partie méridionale
de la province du Tigré, par 14° 8' latitude méridionale
et 36° 32J longitude orientale, est aujourd’hui
bâtie dans un bassin entouré de collines au nord-ouest
de la plaine d’Atabo. La ville antique s’étend au pied
de la montagne qui porte le couvent de Saint-Panta-
leone : à cette place même, vingt mètres sur la droite
de la route d’Adoua, s’élève le premier obélisque, qui
n ’est autre chose qu’une longue pierre brute, détachée
de la montagne où ont été puisés les matériaux de
tous les monuments de cette ville. Cette colline masque
la ville moderne; au détour, on aperçoit son église
crénelée comme un castel du moyen âge, entourée de
jardins et d ’arbres touffus. Aux abords des faubourgs,
la route se bifurque et laisse sur la droite une large
chaussée, dont il n ’existe plus de constructions régulières,
mais dont les roches silico-ferrugineuses de la
base paraissent avoir été faites de main d’homme; à
cette ligne de roches sont adossés d’énormes blocs de
pierre taillée qui nous ont paru devoir être des sièges
destinés à un aréopage.
La première (pl. IV, fig. 1) est une plate-forme de
deux mètres soixante centimètres de long sur deux
mètres vingt-six centimètres de large, danslaquelle on
remarque des excavations, destinées sans doute à recevoir
les montants d’une chaise curule : on voit encore
sur la pierre la trace de pieds humains.
La seconde (p l. IV, fig. 2) est aussi une plate-forme,
qui a deux mètres soixante-dix centimètres de long sur
deux mètres cinq centimètres de large, et quarante centimètres
de hauteur; elle supporte un siège taillé dans
la pierre même, et au-devant duquel est ménagée la
place des pieds ; sa partie supérieure est creusée dans
les flancs et l’a rriè re , et forme une rainure qui pouvait
servir d encastrement au dossier d’une chaise curule.
La base de ce siège est unie, tandis que la base et
la chaise même du suivant (p l. JV, fig. 3 ) sont ornées
tout à l’entour d’une dossière. Celui-ci paraît avoir été
un siège privilégié; du reste, il est tout à fait taillé
sur le modèle des précédents.
Deux blocs semblables au n° 2 , mais brisés, sont
renversés sur les flancs de celte chaussée.
Sur le côté d ’une colline, placée à droite, on rencontre,
à environ cinquante pieds d’élévation, une
grotte taillée dans le roc, non terminée, et dont l’ouverture
ressemble à celle du souterrain de Caleb Ne-
gousse (voy. pl. V). Cette colline fait face à la
longue ligne d ’obélisques, dont la plupart sont deb
o u t, quoique les principaux jonchent le soi de
leurs débris : un seul s’élève majestueusement au-
dessus de tous, et semble être resté comme une attes