inachevé. Malgré le zèle et l’habileté bien connue
des hommes spéciaux qui m’ont prêté leur généreuse
collaboration, nous n’avons pu nous dissimuler
l’impossibilité de donner à ce travail le caractère
d’ensemble qui eût été le premier effet du
concours de mes collègues. Ainsi que je l’ai déclaré
ailleurs, nous nous étions en partant divisé
les tâches, et nul de nous n’empiétait sur les attributions
des autres : seul moyen de faire marcher
la besogne avec ordre et célérité. Mais avant d’être
mises en oeuvre, toutes les notes devaient être examinées
en commun, les faits à produire arrêtés et
classés par la discussion, et de ce rapprochement
fût sans doute née l’unité de pensée et d’exécution si
indispensable dans un ouvrage du genre de celui-
ci. La mort de mes amis a tué ce projet, et l’on
comprendra que j ’aie pu regarder notre expédition
en quelque sorte comme avortée, du jour où j’ai
vu s’éteindre le dernier d’entre eux.
Mais on concevra également qu’une fois cette
publication résolue , j ’ai refusé de m’en faire
seul l’arbitre, quoique par la teneur même des
conventions stipulées entre mes collègues et moi
ce droit me fût acquis. J’ai donc en même temps
décliné toute responsabilité dans la spécialité de
leurs travaux, et refusé d’exercer sur ceux-ci aucun
contrôle ; et je puis certainement, entre les divers
savants qui m’ont fait l’honneur de se charger de
la mise en ordre de ces matériaux, proclamer la
même indépendance. Sans doute , je le répète, la
cohérence de l’oeuvre pourra en souffrir ; mais à
défaut d’un vaste tableau, complet dans toutes ses
parties, comme peut-être nous eussions réussi à
le faire, mes collègues et moi, le lecteur aura du
moins un exposé fidèle des travaux de chacun,
tels seulement, à la vérité, qu’ils ressortent, pour
MM. Petit, Dillon et Vignaud, de notes souvent
incomplètes et de collections qui ont eu à essuyer
de sensibles avaries par des circonstances
tout à fait indépendantes de leur volonté et de la
mienne.
Toute l’initiative que je me crois permise en
cette occasion c’est de tracer, comme je vais le faire,
notre itinéraire général, avec la coordination de
nos recherches dans les diverses localités que nous
avons visitées, ensemble ou séparément. Ce résumé
est purement indicatif et n ’a pour but que de
relier nos courses par une chaîne ininterrompue.
On trouvera, d’ailleurs, dans les relations qui
vont suivre, tous les renseignements relatifs aux
divers points de notre excursion.
Nous arrivâmes, ainsi que je l’ai dit, à d ’Ha-
lac le 12 mai 1839, et cette île paraissant devoir
offrir plusieurs points curieux d’exploration
scientifique, MM. Petit et Dillon s’y installèrent
pour quelques jours ; quant à moi, j ’appareillai