l’agâo, l’adal et ie galla. Nous y ajouterons quelques
vocabulaires de divers patois, tels que celui de Mes-
soah, l’argobigna, le djerbigna, etc. La première de
ces langues est celle qui doit fixer le plus l’attention,
parce que c’est la langue littéraire du pays, celle dans
laquelle se sont transmises les traditions historiques,
enfin la langue sacrée. Elle semble avoir éprouvé de
nombreuses révolutions, comme il arrive pour toutes les
langues sur lesquelles s’est exercé l’esprit humain. Les
caractères de son écriture ont changé à diverses époques,
il en est resté des traces évidentes dans les diverses
inscriptions que l’on trouve en Abyssinie. Les plus anciens
caractères connus dans le pays sont les caractères
h ymiarites, dont la langue doit être supposée celle que
parlaient les Abyssins alors qu’ils occupaient l’Arabie.
Nous ferons remarquer que l’hymiarite et le guiz ne
sont autre chose que de l’arabe littéral, d’où on
peut être amené à conclure que le guiz n ’est pas
en Abyssinie la langue aborigène. Le tigréen n ’est
q u ’une corruption de l’éthiopien avec de nombreuses
intercalations d’une foule de mots galla et agâo.
L’amaréen paraît être la langue du s o l, langue dont
la constitution a été altérée par le contact de l’arabe et
du grec. Les linguistes ne s’accordent pas encore au
sujet de savoir si c’est une langue sémitique. La langue
agâo paraît avoir sa source dans le sanscrit; l’adal
ainsi que le galla sont des langues primitives, parfaitement
originales et dont les formes s’éloignent tout
à fait des langues sémitiques.
Mais au re s te , nous allons mettre le lecteur à même
de juger de ces assertions en faisant passer sous ses
yeux quelques principes des grammaires de ces divers
langages. Nous y ajouterons des glossaires que l’espace
nous forcera de limiter, mais qui néanmoins peuvent
être de quelque utilité aux voyageurs ou aux négociants
qui auraient des relations avec ces contrées.