fait prévenir sur-le-champ1. Elles arrivent aussitôt :
l’une d’elles reçoit l’enfant, l’autre soutient les reins
de la patiente, et les autres ne contribuent à la délivrance
que par leurs prières et leurs exclamations :
Egzio ! et Menta Mariam ! L’accoucheuse lie le cordon
ombilical, lave le nouveau-né, lui pétrit la tête ; son
aide prend un anneau d’argent, le plonge dans, un
morceau de beurre frais, et l’introduit dans la bouche
de l’enfant.
Le septième jour après la naissance, les parents et
amis apportent leur tribut en provisions de toutes
sortes; car les matrones, qui ont présidé à l’accouchement,
doivent avoir table ouverte dans la maison.
Si, au bout de trois ou quatre jo u rs , l’enfant a
les voies aériennes obstruées, on lui fait prendre, pour
les lui débarrasser, les boutons pilés d’une plante nommée
anfare, e t, pendant l’allaitement, on lui administre
encore de temps à arçtre du beurre frais comme
purgatif.
Le sevrage n ’a lieu que graduellement et n ’est complet
qu’à l’âge de deux ou trois ans, à moins que la
mère n’ait pas de lait, ou qu’elle soit empêchée de continuer
à nourrir par une circonstance quelconque. Elle
met alors sur les mamelles, en guise d’absinthe, du
jus de racine d’aloès mêlé à du tabac.
Les enfants ne présentent ni plus ni moins de précocité,
terme moyen, qu’en Europe. La mère porte
son enfant sur son dos jusqu’à un ân; elle l’y maintient
avec un cuir dont deux extrémités se rattachent
' Comparez Palestine, p. 376.
à la ceinture, et les deux autres par-dessus les épaules.
Elle ne s’en sépare jamais, quelque occupation qu’elle
ait à remplir : la nuit elle le couche auprès d’elle.
A un a n , elle commence à l’exercer à marcher; elle
le pose sur un cuir étendu à te rre , et l’y laisse ramper
jusqu’à ce que ses forces lui permettent de se tenir
debout. A deux a n s , communément, il marche b ien ,
et commence à parler. Il est toujours nu jusqü’à cinq
ou six ans, à moins qu’il n ’appartienne à une famille
aisée.
La mère seule fait l’éducation première de son enfant :
c’est elle qui lui apprend à prier Dieu et lui enseigne
ses devoirs moraux. A sept ou huit ans, le père songe à
lui donner une profession. Si ses moyens sont suffisants,
il lui fait apprendre à lire et à écrire, ce qui
déjà dans ce pays constitue une éducation relevée1;
ajoutez-y la connaissance de la Bible, de l’Évangile,
du livre des Apôtres, du Feuta Negueuste, de la Chronique
historique, et vous aurez un savant du premier
ordre ; car tout le corps enseignant du pays ( on sait
qu’il est formé des debteras ) , ne pourra pas lui en apprendre
davantage.
Mais cette simple éducation est loin d’être à la portée
commune, et les citadins seuls peuvent se la procurer :
même dans la classe riche, s’il est très-fréquent de voir
un homme qui sache lire , il est très-rare d’en trouver
un qui en même temps sache écrire : ce qui tient sans
doute à cette particularité que l’écriture est regardée
comme un art très-secondaire, bon à cultiver unique-
* Palestine, p. 277, t. II.