l’Ifate, on entre, sur la première rampe précédant le plateau,
dans un épais brouillard, et sur le plateau lui-
même on trouve des pluies fréquentes, dont la limite
est placée sur la pente occidentale, dans les plaines
Gallas, à peu près au même niveau que sur le revers
oriental.
Pendant mon séjour dans le Choa il pleuvait assez
régulièrement, quoique la saison ne fût pas encore venue
; les vents de sud-est amoncelaient les nuages depuis
le sommet de la chaîne ju sq u ’à Angolola; de violents
orages éclataient dans cet espace, tandis qu’à
deux lieues à l’ouest, le temps restait inaltérable. Cependant
l’interposition d’aucune chaîne ne venait expliquer
cette brusque différence ; mais, de ce cô té , les
vents d’ouest des plaines Gallas s’opposaient aux vents
de sud-est des hautes terres; de l’autre, du côté de
l’Ifa te, c’étaient les vents d’est des basses terres qui se
trouvaient en conflit avec les vents descendant des hauts
sommets.
Les pluies ne tombent pas tous les ans avec la même
abondance; des cinq années de notre séjour, il y en
eut deux de grandes pluies, et trois dites de sécheresse ;
e t , ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le d ire ,
les années de grandes pluies se sont trouvées en parfaite
correspondance avec les grandes crues du Nil; mais,
autre remarq u e, c’est généralement à la suite des années
pluvieuses que surviennent ces nuées de sauterelles
qui désolent les contrées d’Afrique.
Sur le littoral, la saison des pluies est intervertie ; elle
commence en janvier et finit en mars à Messoah, en
avril dans les premières vallées, et en mai dans celles
qui précèdent immédiatement le plateau. Les sommets
des hautes chaînes sont alors environnés de nuages,
dont le choc produit des orages. Ordinairement,
quand la pluie doit être abondante, elle est précédée
d’un coup de v ent, et de déchargés électriques qui
ont lieu au pied des ch aîn es, mais rarement à Messoah
même. La pluie est assez fréquemment accompagnée,
dans cette ville, de vents légers de sud-est. Tant que
dure cette saison l’air est vif et la constitution atmosphérique
parfaitement saine ; mais aussitôt après la
fin des p lu ie s, l’ardeur du soleil décompose les grandes
herbes, et il se répand dans l’air une odeur étouffante,
qui occasionne des fièvres suivies bientôt de
dyssenteries. Quelquefois le même individu est atteint
successivement de l’une et l’autre maladie ; mais dans
ce cas la seconde est bien moins maligne. Les animaux
eux-mêmes souffrent de cet air chargé de miasmes
putrides, et subissent une mortalité souvent considérable.
Pendant la sécheresse, le vent varie du nord-est
au nord-ouest; il souffle presque toujours avec assez
de force et rafraîchit l’air q u i, sans cela, serait insupportable;
car le thermomètre monte souvent jusqu’à
45° à l’ombre dans les mois de juillet et d’août;
cependant si on l’expose à la brise de m e r , tout
près de la côte, il ne monte qu’à 32°. Cette différence
tient à la réfraction qui se fait vivement sentir
lorsque le thermomètre est placé près du sol : je ne
l’ai jamais v u , à Messoah, pendant le jour, au-dessous
de 30°. Pendant la nuit, il fait calme; le matin, avant