est tout à fait fraternelle. Le musé } en l’absence de
son am i, est chargé du soin de son honneur, et le
mari le laisserait, sans aucun soupçon, dormir côte à
côte avec sa femme.
Ainsi qu’il arrive généralement dans les armées, un
soldat se lie toujours à un autre, et les deux sont ce
qu’on appelle compagnons d’armes, en abyssin balind-
jera ; ils se font une loi de tout partager, misères, périls
et aubaines. La plus franche cordialité règne habituellement
dans cette liaison, engendrée dans les
camps : mais elle est de peu de durée, car il suffit
pour la rompre q u ’un des deux amis change de position
, en acquière une plus favorable ; dès lors ce qu’il
n accorde pas aux demandes et à l’avidité de son compagnon
est tout autant de perdu pour leur intimité.
Comme le caractère abyssin est très-porté aux démonstrations
, les intimes se témoignent leur amitié par
mille prévenances, mille politesses. 11 nous suffira d’en
citer quelques-unes.
Quand les amis ne peuvent pas se visiter mutuellement,
ils envoient savoir de leurs nouvelles. La
politesse exige que le même messager ne soit pas
porteur de la demande et de la réponse.
Lorsque quelqu’un arrive de voyage, ses amis
viennent lui donner le baiser de bienvenue : l’inférieur
baise seulement le bas de la robe. Si l’arrivant
n ’habite pas la localité, il reçoit l’hospitalité chez un
de ses amis, et les autres envoient chaque jour des
provisions à son usage.
Quand deux amis sont séparés, ils se donnent réciproquement
de leurs nouvelles; l’usage n ’admettant
pas de signature, ils conviennent d ’un mot de reconnaissance
: ce mot se place au commencement ou à
la fin de la lettre.
Deux amis se donnent réciproquement un introducteur
ou baldaraba, choisi parmi leurs serviteurs
les plus proches, et quand l’un d’eux veut faire une
demande à l’autre, il se sert de l’entremise de son
baldaraba; en revanche, celui-ci a droit à ses libéralités.
Ainsi, par exemple, s’il arrive à casser quelque
objet qu’il soit tenu de payer, il va demander à cet
effet la cotisation de chacun des intimes de son maître.
Quand on est gratifié de quelque événement heureux
ou im p o rtan t, l’usage est d’expédier un serviteur
à ses amis intimes pour leur porter le messeratche,
ou bonne nouvelle. Ceux-ci font preuve de bonne amitié
en accueillant avec joie le serviteur, et en le renvoyant
avec un cadeau.
Les parents se soutiennent par l’épée et la p a ro le ,
mais difficilement par la bourse; la mère seule sacrifie
tout à son enfant-; lé père se montre souvent plus
difficile. 11 y a peu d union entre les enfants de différents
lits ; ils témoignent peu d ’empressement à faire
montre de leur parenté, sauf le cas où l’un d’eux
vient à être tué : ils mettent alors à se faire payer la
dette du sang un acharnement sans égal.
Il règne dans toute l’Abyssinie une très-grande
indépendance qui révèle dans la société un défaut
d équilibre. La hiérarchie des classes n ’est pas établie
d’une manière suffisante pour que chacune