L’HOMME NATUREL.
ORGANISATION PHYSIQUE.
Jusqu’ici on a pris pour caractère fondamental des
races humaines la couleur de la p e a u , sans s’inquiéter
s ’il était le plus important, ou plutôt parce que beaucoup
l’ont supposé tel a priori. La nécessité où l’on s’est
trouvé de tenir compte de toutes les variations physiques,
en opposant les faits les plus contradictoires
aux théories préconçues, a cependant établi la supériorité
de plusieurs autres caractères pour la détermination
des sous-espèces humaines ou de ce qu’on appelle
races. Dans le grand nombre des variétés que nous
avons reconnues en Abyssinie, nous avons pu constater
des individualités q u i, sous tous les autres rapports
que celui de la co uleur, démentaient complètement
les déductions que certains auteurs veulent tirer de ce
dernier caractère. Nous les citerons à leur place. Mais,
comme nous ne voulons nullement prononcer un avis
VOYAGE EN ABYSSINIE. 287
dans la question, nous ne tirerons de ces faits aucun
corollaire, et nous nous hâterons de dire que si nous
avons choisi pour règle de notre description la couleur
de la peau, c’est que l’ordre exigeait de subordonner
les modifications des divers caractères à un seu l, et
que celui-là n ’était ni préférable ni défectueux pour
nous qui n ’avons pas à déterminer leur importance
relative.
Sur tout le vaste plateau éthiopien et les contrées
adjacentes, on ne peut remarquer que deux couleurs
bien tranchées : la couleur tout à fait noire et la couleur
brune, qui présente ifiille nuances, depuis le brun
rouge jusqu’au b run olivâtre. En rapportant tous les
autres points de conformation physique à c e lu i-là ,
voici ce que l’on trouve :
Chez les peuples de couleur b ru n e, évidemment
issus du mélange d’une race blanche avec une race
noire, mélange qui a dû se renouveler bien fréquemment,
on remarque les types d’organisation physique
les plus divers. Depuis le plus beau modèle humain
jusqu’à celui de la race la plus dégénérée, l’oeil d ’un
observateur ne peut pas même saisir ces légers caractères
que provoque la différence des localités. Cependant
il en est un dont les variations à ce dernier
titre nous ont paru assez nettement articulées, c’est
celui de la forme du crâne : en interrogeant pour
chaque endroit les précédents historiques, nous avons
pu reconstruire quelques-uns des types des peuples
qui y avaient fait souche. Ils sont au nombre de trois
qu’on peut voir décrits dans notre Introduction ; e t ,