ou de cailloux roulés, auxquels la vase ne succède que
lorsque la rivière coule en plaine. Il résulte aussi de
cette disposition que les rivières ont dans la première
partie de leur cours une pente fort rap id e , ët qu elles se
dessèchent très-vite après la fin des pluies ; leur ûi—
veau varie même dans le courant d’une seule journ
é e , e t, à l’époque des plus grandes crues," il suffit
en effet de deux jours sans pluie pour abaisser le niveau
jusqu’à le rendre guéable. Il est inutile de dire
que dans de pareilles conditions aucune rivière n est
navigable sur le plateau ; mais l’Aouache et le Koua-
lim a , qui coulent dans les basses terres, le sont, dit-on,
dans la plus grande partie de leur cours. Enfin, souvent
la fissure s’excave au-dessous du lit, dans une étendue
restreinte, et le fleuve présente, à côté d’un gué facile,
une très-grande profondeur. Pendant la saison sèche,
l’eau est limpide et rare; dans la saison des pluies, elle
devient bourbeuse, et charrie quantité de débris de végétation.
La plupart des rivières sont très-poissonneuses,
sauf le Mareb. On trouve l’hippopotame et le crocodile
dans toutes celles qui conservent, pendant la sécheresse,
assez d’eau pour permettre à 'c es animaux
de s’y baigner.
Les grandes pluies commencent sur le plateau généralement
en ju ille t, et finissent en octobre; mais
dès les mois d’avril et mai arrivent des pluies intermittentes,
dites de semailles, ou Azmera. De cette
sorte, il y a donc réellement trois saisons en Abyssinie
: Bag'a, la saison sèche, Keremte, la saison des
p lu ie s , et Azmera. Dans certaines localités, les pluies
ont des heures régulières : à Adoua, par exemple,
et dans presque toute la partie du Tigré comprise entre
le Mareb et le Ouéri, sauf à la lisière même du
plateau, elles commencent de midi à une heure;
mais le ciel est presque toujours couvert , et il ne
s’éclaircit que le matin et le soir. La pluie se déclare
par un vent de nord qui passe bientôt à l’ouest-
nord-ouest.'Il en est ainsi à peu près pour toutes les
moyennes hauteurs, ou pour les pays de Ouaïna Dega.
Sur les hautes terres la pluie est pour ainsi dire continuelle
; la saison en commence plus tôt et finit
plus tard ; à l’époque deTAzmera, la grêle y est fréquente,
le tonnerre gronde souvent, tandis que sur les
Ouaïna Dega, il se fait rarement entendre, plus rarement
même qu’en Europe. Dans le Sémiène, c est le
vent d’ouest qui domine ; à la bordure orientale, depuis
le 16° jusqu’au 14° de latitude, c’est celui de
nord-ouest, et à partir de là celui de nord-est.’Dans
le pays de Dobâ, le Ouodgérate et le Bouguena, la pluie
dure presque toute l’an n ée, mais avec de fréquentes
intermittences; le vent de sud-est y souffle le plus souvent
: une autre particularité à noter, c’est que la pluie
se résout en brouillards, tandis que dans les endroits
où elle est rég u lière, elle tombe par torrents. Avant
l’époque générale des pluies, une grande sécheresse
règne dans les vallées basses, et une humidité froide
sur les hautes terres : c’est une observation qu’on peut
faire lorsqu’on parcourt la province d’Ifate par un soleil
torréfiant, et qu’on voit les sommets du Choa tout
à fait cachés par les nuages : si l'on gravit la pente de