soins pour produire de beaux fruits. La vigne n ’est pas
taillée davantage, d’après l’opinion répandue que cette
opération l’empêche de porter des fruits l’année subséquente
: on la soutient au moyen de treilles.
Le grand nombre d’arbustes qui couvrent le sol dès
qu’il est abandonné, rendent très-pénibles les travaux
du défrichement. Dans les basses terres les mimoses,
dans les moyennes les rosiers et les jasmins nécessiteraient,
pour être arrachés , des instruments plus
efficaces que la pioche et la serpette dont on se
sert. Une fois le sol débarrassé d ’arb u stes, on fait
deux labours, puis on laisse sécher les herbes, et on
les brûle; pour procéder au troisième on attend les
premières p luies, et le mois de juin ou de juillet
venu, on sème à la volée. La préparation de la terre
varie aussi suivant les cultures : pour le blé et l’orge
elle est disposée en sillons, pour le theff en planches;
dans ce second cas, les semailles n ’ont lieu
que lorsque le terrain est bien humide. Le blé et l’orge
demandent un terrain un peu plus sec. Quand on a
semé le theff, au lieu de passer des rouleaux sur le
sol, on le fait piétiner par les boe u fs, pour enfoncer le
grain et mieux tasser les terres.
Le blé et l’orge se sèment de préférence dans le terrain
rouge; les terres noires et profondes conviennent
mieux au theff et au dagoussa, et les différences qui
résultent de ces choix sont très-remarquables : a in s i,
dans un terreau léger, le theff ne met que trois ou
quatre mois à venir; dans les terres grasses, comme
celles du Dembéa, il en met sept.
La fécondité des terres dans la plupart des provinces
permet de faire plusieurs récoltes en une année
sur le même champ. Ainsi, aux céréales et particulièrement
au iheff qui épuise m o in s, on fait succéder les
grosses légumineuses comme les pois, les vesces, les
gesses, etc. On procède de la même manière pendant
plusieurs années de suite, puis ori laisse reposer le
champ pendant un certain tem p s, qui varie suivant la
productibilité.
Le sarclage est fait par les femmes ; les hommes
coupent le grain et le ren tre n t, puis il est disposé en
m eu le , et battu en le faisant fouler par des boeufs ;
quelquefois, cependant,,on fait usage de fléaux. On le
met ensuite dans les silos, à moins que la localité ne
soit hors des atteintes de la guerre, car alors il est
conservé dans des jarres dans l’intérieur de la maison.
Le vannage est également fait par des femmes, avec
des vans en osier qui sont leur propre ouvrage. Pour
émonder l’orge et l’adja, on se sert d ’un mortier dans
lequel le grain est pilé ; on n ’a pas d ’autre moyen de
le séparer de son enveloppé.
Le rouissage n ’est pas usité en Abyssinie ; on se
contente de piler certaines plantes pour séparer les fils,
qu ’on fait sécher, puis on les tord. C’est ainsi que se
fait la corde et aussi la mèche à fusil. L’arbre qui sert
à faire celle-ci s’appelle tsakemtié.
La charrue des Abyssins , dont ôn peut voir le dessin
dans la planche de Y Album intitulée : harnais et
instruments de labour, se compose d’un soc adapté à
la tige, qui peut s’incliner à volonté au moyen d’une