Cette uniformité dans les saisons, dans l’état de l’atmosphère,
dans sa constitution électro-chimique, ressort
évidemment de nos tableaux de météorologié, qu’on
peut consulter à cet égard. Sans doute ces conditions
stables, en n ’attaquant pas l’équilibre de l’organisme
h um a in , diminuent la sensibilité du système nerveux :
de là aussi l’absence de ces accidents, q u i, chez nous,
sont la conséquence ordinaire d’une opération grave.
Mais, chose à n o te r, ces conditions ne sont pas aussi
favorables aux plaies par contusion qu’à celles faites
par des armes tranchantes, peut-être parce que l’air
d’Abyssinie, très-bon pour le système nerveux, est
nuisible au système lymphatique; ainsi les maladies
cutanées, qui s’y engendrent facilement, s’y guéris-
rent avec beaucoup de peine : dans ce nombre il faut
surtout signaler les scrofules, la lèpre, etc. Cependant
l’embonpoint n ’est pas très-commun en Abyssinie,
et le système musculaire est généralement peu développé,
mais le climat n ’y est pour rien. Les Abyssins
font beaucoup d ’exercice, de longues marches et de
fréquents jeûnes; on ne trouve que dans les hautes
classes, et parmi le très-petit nombre de gens riches,
des individus obèses : la population garde généralement
ses formes sveltes ; et quant à la faiblesse générale des
muscles, on peut raisonnablement l’attribuer à une
nourriture composée presque uniquement de légumes.
Nous avons eu l’occasion de remarquer, pendant
notre séjour en Abyssinie, des changements considérables
dans la couleur de la peau chez les hommes, et
dans celle du poil des animaux. En combinant l’action
de l’air avec celle du soleil, on peut se rendre
raison de ces phénomènes. Ces changements ont surtout
lieu pendant la saison des pluies; à cette époque,
la peau de l’Abyssin, qui est ordinairement d’un brun
olivâtre, s’éclaircit et prend quelques-uns des tons
pâles et roses de l’Européen : mais s i , au lieu de rester
sur les hautes terres, il descend au litto ral, la siccité
de l’air jointe à l’ardeur du soleil, lui font prendre une
couleur b run noir.
Mais c’est dans les animaux et surtout dans les bêtes
à laine que se montre dans toute sa force 1 influence du
climat; celles-ci n ’acquièrent de grandes proportions
que sur les plateaux les plus élevés, tels que le Oua-
dela, le Lasta, le Ouello, et quelques endroits du
Choa. Dans ces localités, les moutons ont une chair délicate
et une toison abondante; dans les pays tempérés,
au contraire, et dans les basses terres, ils sont chétifs;
mais les chèvres y sont d’une belle race et les remplacent.
11 faut excepter cependant quelques espèces de
moutons qui sont d’une belle venue dans les basses
terres du sud; mais au lieu de laine, elles ont du poil;
on les connaît sous le nom de moutons d ’Àbyssinie.
Pour les chevaux, la différence est plus tran ch ée , et
nous avons vu plusieurs bai-bruns prendre la couleur
café au lait au bout d’une semaine de séjour sur le littoral,
et, vingt jours après être remontés sur le plateau
, redevenir tels qu’ils étaient d’abord : leur poil
était moins long et plus soyeux dans les pays chauds.
Les grandes races de boeufs aux cornes gigantesques
ont aussi leurs localités particulières , dont ils ne peu