T R A I T É D i : S A R B R E S F R U I T I E R S.
e x t r é m c ï D o i i l avantageuse pour facililer l'oruplioii et r i n l r o t l u c l i ou
e n terre des r a c i n e s des ca?»r5 o u j e u n e s p l a n t s , ([ui se sont développées
de distance en distance sur la l o n g u e u r des iilets-, c a r de c e l l e circonstance
dépend la quantité plus ou moins grande de p l a n l , e t par conscq
u c n l l'éJevation plus ou moins grande de son prix.
E n n o v e m b r e , les j a r d i n i e r s de Montreuil et autres vont acheter
ce plant. Ils le p a i e n t , année c o m m u n e , neuf à dix francs la
p e r c h e , et chaque perche contient trois où quatre mille petits
pieds. Lorsque le plant est très-abondant la perche ne se vend
m ê m e que six francs^ mais dans les années extrôuiement sèches,
l e plant est si r a r e qu'il coûte jusqu'à trois francs le cent. Dans
tous les cas , les acheteurs le lèvent eux-mêmes et l'emportent
ordinair'^ment sans 1 c p l u c h e r . Arrivés chez e u x , ils déiaclient les
petits pieds de leurs coulans, les n e t t o i e n t , s u p p r h n e n t les grandes
f e u i l l e s , r a f r a î c h i s s e n t les r a c i n e s , et les repi([ucnt dans une jilate-
Lande abritée d'un m u r , à deux où irois pouces les uns des
a u t r e s , et si l'Jiiver devient r i g o u r e u x , ils les c o u v r e n i d'un p e u de
l i t i è r e pour que les gelées ne les fatiguent pas (i).
Si nous r e t o u r n o n s à la p é p i n i è r e , nous verrons qu'aussitôt que le
plant à été e n l e v é , on a labouré la p l a n c h e , rechaussé et nettoyé les
m è r e s , et qu'on les dispose à d o n n e r l'année suivante une a u t r e récolte
de c o u l a n s , après latpicllc on les a r r a c h e r a , parce (jue l ' e x p é r i e n c e a
a p p r i s qu'il faut r e n o u v e l e r les mères tous les deux a n s . si o u ne veut
pas voir l'espèce dégénérer. O u t r e les d e u x l'écoltes de coidan.s, ces
m è r e s donnent e n c o r e , par perches chaque a n n é e , poiu- e n v i r o n cinq
f r a n c s de fraises q u e l'on vend à Paris.
V e r s la fin de mars ou dans les p r e m i e r s jours d ' a v r i l , le plant
(i) A ce snjet , M. Duchesne , au lien cité, pag. aG8, pn'lc aux jardiiiicis de Monirriiil im
long el profoud rai»oiiiicmeiit auquel iis n'rinl jamais peuié , et dont ils oui ri lorsque uousleiii
eu avons parlé. Ces j.irdiniers nielieiu leur plant en pépinière, loul près do leur logcniciil, poui
pouvoir mieux le soigner pendant l'iiivcr, Si, diseut-ils, ils le mclluient PU place di"> l'aulonine ,
ils en pcrdroicnl beaucoup par les gelées et par les animaux pendant l'hiver ; il faudroit regarnit
au piintems , et cela augmeuteroit la dépense. Voilii leur théorie.
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que les j a r d i n i e r s de Montreuil avoient mis en d é p ô t , doit Oire
déjà bien fortiHé: alors on le j>lantc par planches dans un terrein
bien p r é p a r é , en mettant les pieds h. e n v i r o n 5 décimètres ( i 8 p o . )
les uns des autres. Il faut m o u i l l e r plusieurs fois la semaine pendant
le p r i n l e n i s et l'été, siu--tout si l'on n'a pas paillé les planches
en plantant. Il est aussi d'une très-grande Importance de supprimer
les coulans à mesure qu'ils se d é v e l o p p e n t , car ils altéreroient le
p i e d et r e m p è c h e r o i e n t de se fortifier. I.es sarclages et binages fréquens
sont intlispeusables au succès du plant. Pendant l'été de Ja
p r e m i è r e a n n é e , quelques pieds f l e u r i r o n t cl donneront du fruit
qui ne sera guère plus gros que la fraise des bois : aussi ccite
r é c o l t e ne couipte-t-elle pas : c'est sur la seconde et la troisième
a n n é e que l'on fonde toute son cspéi-ance : c'est pendant ces deiLX
années que l'on obtient les fruits m e r v e i l l e u x que représente notre
dessin. Mais ce n'est toujours qu'avec des soins a s s i d u s : si l'on suspendoit
la m o u i l l u r e , qu'on laissât d u r c i r et sécher la t e r r e , (ju'on
ne la paillai p a s , qu'on cessât de s u p p r i m e r les coulans à mesure
q u ' i l s paroissent, ce seroit en vain q u ' o n auroit été bien loin acheter
du plant bien c h e r , les fraises qu'on en obtiendroit seroient à peine
plus grosses que celles des bois.
Q u a n d la récolte de la troisième année sera f a i t e , on laissera partir
tous les coulans qui voudront se d é v e l o p p e r : ils p r o d u i r o n t du jeune
plant qu'on levera en n o v e m b r e et qu'on traitera c o m m e celui <|u'on
avoit été chercher à Y i l - B o u z i n trois ans auparavant. On détruira
les vieux pieds qui alors seront épuisés, et le j e u i i e plant qu'ils
auront fourni sera cuhivé comme eux , mais dans un aulre
e n d r o i t , pendant trois ans, et subira le m ê m e sort au bout de ce
t e i n s ; après toutefois q u ' o n en aura aussi r e t i r é un nouveau plant (jui
din-era p a r e i l l e m e n t trois autres a n n é e s , après quoi on le détruira
e n t i è r e m e n t sans iH'server de coulans , parce que les j a r d i n i e r s de
M o n t r e u i l savent par e x p é r i e n c e <pie ce plant quoiqtie rajeuni tons les
trois ans, dégénère enliii lorsfju'on le cultive plus de huit à n e u f ans
dans le m ê m e lerrein. Il leur arrive m ê m e bien souvent de le
d é l r u i r e au bout de six a n s ; mais dans tous les c a s , ils ont toujours
soin d'aller d'avance à S c a u x - l e s - C h a r t r e i i x , en acheter de nouveau,
et c'est ce qu'ils aj)pelient renouveler le plant.