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L'Inde et les clciix Amériques en protkiiseiit aussi plusieurs espèces
irès - (liflereiues des nôtres, et dont les fruits sont d'une qualité bien
inférieure. La seule province de Pensilvanie en offre cinq que le docteur
Meassc a rassemblées depuis peu d'années en un même lieu où il tâche
de les améliorer par une cullurc raisonnée. Dej)uis dix ans environ, un
Français, établi dans cette même province, fait des efforLs jusques ici
infructueux, pour y acclimater nos vignes de France. Elles végètent
avec une force extraordinaire: et quoique la chaleur soit plus grande à
Philadclplue <|u'à Paris, les raisins n'y mûrissent que peu ou point.
i\ous avons irouvé aux Antilles notre nmsrat rouge el blaric, que les
«•olons y ont transporté de France depuis longtems. Cette vigne, soumise
à la lot du climat, végète pendant onze mois de l'iumée. Elle produit un
assez grand nombre de grappes aussi belles ([n'en France , mais dont
une partie est <léja pourrie que l'autre est encoie verte. De plus , la
chaleur excessive rend la peau des gi'ains extrêmement dure, et la
\égéLation presque continuelle, entretient dans leurs sucs une sève non
élaborée <|ui ne leur permet pas d'acquérir le goi\t et le parfum <[u'on leur
trouve dans le midi de la France.
Il avoit toujom-s été impossible jusqu'ici de faire l'énumération exacte
des esj)èces et variétés de vignes cultivées , parce (|ii'on ne les avoil pas
encore rassemblées U>utes dans uti même lieu j)our en constater les
différences ou l'identité : mais en 1802, le Ministre de l'intérieur (]Iiaptal,
dont le nom sera toujours cher aux sciences et aux arts , ordonna de
réunir dans les vastes pépinières du Luxembourg à Paris, non-seulement
toutes les espèces cultivées dans les divers tlépartemens de l'Empire, mais
encore celles qu'il fut possible de se procurer des pays étrangers, afin
<|u'étaul toutes somnises à la même culuire dans un même terrain el
sous un uiême climat, on pût reconnoître et déterminer les caractères
propres à chaijue espèce. Ce plan digne du prince qui en a ordomu;
rexécution , va faire connoîtrc le nombre exact des esj)èces , leur mérite
respectif, les modifications qu'elles doivent à tel sol et à ici climat, et surtout
mettra de la concoi'dauce <lans la synonymie des vignes, laquelle est
encore un véritable chaos.
M. Rose d'Antic , membre de l'Institut, inspecteur des iiépinière.s
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impériales, est chargé de cet important et difficile travail ([uï sera enrichi
des figures de toutes les espèces de vigne, faites par les plus habiles peintres
ou histoire natui^clle.
].esanciens raugeoient la vigne parmi les arbres, àcause de sa grandeur.
Les botanistes la mettent parmi les plantes sarmeuteuses, c'est-à-dire,
qui rampcroient sm' la terre si elles ne trouvoient un support à l'aide
duquel elles peuvent s'élever. JNous en avons observé luie espèce aux
Antilles, dont les tiges avoient environ 65 mètres (200 pi.) de long.
C'est la / 'itis indica de Linné ; elle porte, dans le pays, le nom de Liane
des xjoyageurs ^ parce qu'en effet elle offre un rafraîchissement abondant et
sahuaire au voyageur altéré. Pom-obtenir ce rafraîchissement, ou coupe un
cep avec le sabre dont on est ordinairement armé ^ celte première section
ne produit aucun écoulement de lymphe : on fait aussitôt une seconde
section à 975 millimètres ou i mètre 29g millimètres ( 5 ou 4 pi- ) audessous
de la première : alors le poids de l'atmosphère fait écouler de
suite, par la plaie inférieure, loiite la lymphe contenue entre les deux
sections. En moins d'une demi-mimite, un tronçon de cep, gros comme
le bras et long de i mètre 299 millimètres à 1 mètre 624 millimètres
(4 à 5 pi. ), doiuie un grand verre d'eau limpide, bien fraîche , un peu
acidulée, et nès-agréablc à boire. Cette vigne produit aussi un petit
raisin noir que l'on trouve assez bon sous le ciel brûlant de l'Améritjue.
Ce n'est pas dans le ^Nouveau Monde seulement que la vigne acquiert
un volume considérable. Le Musée de Versailles renferme une table de
vigne d'une seule pièce, qui a plusdeO'go millimètres ( 3 pi.) de large. Pline
nous apprend qu'on voyoit de son tems, à Populonium, une statue de
Jupiter faite d'un seul cep de vigne : que le temple de Junon à Métaponte
étoit soutenu sm* des colonnes de vigne •, et qu'on moiuoit au haut de
celui de Diane, à Éphèse, par un escalier d'une seule vigne de Chypre.
A Rome, un seul pied de vigne ombrageoit une promenade publique,
et rapportoit, chaque année, environ 465 litres 65 cendlitres ( 5oo pintes )
de vin.
La vigne se multiplie, 1°. par les semisj par les marcottes; 5". par
les boutm-es; enfui par la greffe. Il est très-probable (ju'autrefois on
étoit dans i'usage de semer la vigne pour la multiplier, et que c'est à