la plus plausible, est qu'elle a dû prendre naissance dans les bois
à une époque, q u i , si elle a été r e m a r q u é e , est à jamais perdue
pour nous. Ou doit aussi ([uil a dû se développer le long d'une
charbonnière, c'est-à-dire sur le bord d'un terrein où l'on ayoit, un
an ou deux auparavant, établi et cuit un fourneau de cbarboti ,
parce qu'il est de fait que les plantes viennent plus belles dans
ces endroits, et qu'on y eu trouve même assez souvent qui n'y
avoicnt jamais été remarquées aupariivant.
Duhamel semble croire que le fraisier de Moutretiil n'est que le
fraisier des bois perfectionné par la culture ; mais l'expérience combat
l'opinion de Duhamel, car depuis longtems on cultive simultanément
ces deux fraisiers, et toutes choses égales, ils conservent chacun leur
caractère distinctif. Quant anx personnes qui pensent <iue le fraisier
de Montreuil a p u naître d'une graine de fraisier des bois, semée avec
soin dans un j a r d i n , on ne peut leur opposer qu'une assez foible
raison, qui est que, si le fraisier de Montreuil nous étoit v e im de eette
manière, l'époque de sa naiiisance, qui ne peut dater de deux siècles, et
les circonstances qui ont du l'accompagner, ne seroient point tombées
dans mi oubli telliiiuent absolu qu'il n'en fût parvenu quelques
notions jtisqu'à notis.
Quoi qu'il en soit, c'est dans les campagnes de la Vllle-du-lîois,
près Mont-l'héry, à six lieues au sud de Paris, que le frai.sier eu
question s'est manifesté potu- la première fois. Ces campagnes
étoient autrefois couvertes de bols sous le<iuel le fraisier dit fraisier
des hais croissoit abondamment , et le bois ayant été détruit, la
culture en grand du fraisier le remplaça, pendant plus do cent
ans, jusqu'à ce que vers l'an 1 7 8 0 , les habitans de la Ville-du-Bois,
s'étant las,sés du fraisier , le remplacèrent par de la vigne qu'ils
cultivent depuis cette époque, et qu'ils trouvent apparemment d'un
plus grand rapport. Mais pendant les cent années, au moins, que la
culture du fraisier fut en honneur à la Yille-du-Bois, le goût s'en
répandit peu-à-peu dans les communes voisines, et depuis qu'elle est
abandonnée dans son lieu natal, les villages de V i l - I î o m i n et de Seauxlc.
s-Chartreux, sont devenus les deux pépinières de fraisiers qui jouissent
de la plus grande réputation, et où les jardiniers de Montreuil
vont aujourd'hui faire leurs provisions.