T P w V I T É D E S A R B R E S F R U I T I E R S,
de (jualilc dans les terres humides, froides, fortes, compactes, etc.
Cependant lorsqu'on ne peut réunir une terre convenable et une exposition
avantageuse, il faut préférer cette dernière; car on auroit beau piauler du
jnuscat, par exemple, dans un terreiu léger, fertile,chaud, à lexposition
du nord, il n'y mûrira jamais , du moins aux environs de Paris, tandis
qu'il mûrira dans une terre forte et froide à l'exposition du midi.
Aucune plante n'a aulant exercé la plume des écrivains agricoles,
anciens et modernes, que la vigne. Les poètes l'ont cliautée comme un
présent des Dieux. Les liistoriens nous ont lait connoître le l)ien el le mal
qu'elle a produits parmi les hommes; et malgré le tableau effrayant des
effets du vin , (|uc Pline nous a trace , cette li<jueur continue toujours
d'emporter tous les suffrages.
I^s premiers vins se firent dans l ilc de Scio , au rapport d'Alliéiiée.
Les anciens Romains en ignoroient presque l'usage : ils n'ont planté la
vigne que pour en manger les raisins, jusqu'à ce que Numa, pour les
forcer à la cultiver avec soin, eut déclaré sacrilège toute libation de vin
tiré d'une vigne non taillée. Ce ne fut cependant que vers l'an de Rome
600, (juc l'Italie commença à sentir Je prix de ses vins, dont qucl(juesuns
le (lis])uLèreni dans la suite à ceiLx de la Grèce, parmi les([uols celui
de Scio , de Lesbos, et sur-tout le muscat de Ténédos , selon Tournefort,
licnnent le premier rang.
Tandis cjue les Romains savouroient k longs traits leur Falerne et les
vins delà Grèce, les Germains, les (iaulois, les Espagnols ne coniioissoient
d'autre liqueur <pi"une fennentation de sorbes et de fruits sauvages
avec la<[uelle ces peuples grossiers seuivroient et s'excitoient aux combats.
Combien les teins sont ciianges ! La tVance seule produit plus d'espèces de
vins, cjue toute ranli(juité n'en a jamais connues. Le Rliin, l'Espagne
Mais noire objet n'est pas de décrire tous ces vins, ni d'en faire l'cnuniération.
jNous devons nous borner ici à faire connoître seulement
les divers raisins dignes de paroître sm' les tables, el à indi(]uer les
uiovens de les obtenir le pliLs parfaits possible.
Les espèces de vignes dont nous nous occupons, se plantent dans les
jardins en espalier, en conlrespalier, et en lignes autour des carrés.
T R A I T E D E S A H B R E S F R U I T I E R S.
Planter un cep, est une opération si sinq-le et si familière , que nous ne
devons pas nous y arrêter; mais nous développerons le mécanisme de la
taille, qui est, sinon dilliclle, du moins d'une nécessité si absolue pour
k vigLe, que qa(!l.[ues auteurs ont dit qu'il valoil mieux la tailler mal
que de ne ht point tailler. Celle o|)ération se fait depuis le mois de
décembre jusqu'en mars; mais le plus coimnunément vers la fui tle
février, avant c]ue la sève ail au(nia mouvement.
I.a vigne, au contraire de la [.luparl des arbres fruitiers, se taille sur
les plus gros et les plus forts bourgeons; les foibles se retranchent
entièrement; et. on ne taille sur les moyens t[ue dans le cas de nécessité,
comme lorsque les forts sont mal placés, qu'ils sont toas sur un même
côté du cep, et que l'autre côté n'en a que de moyens, etc. Ceci ne
s'eniefid (jue des vignes en espalier et en contrespalier.
La vigueur du cep et l'espace que l'on a pour palisser ses bom-geons,
décident de la longueur de la taille, ou pour parler plus exactement, du
nombre de bourgeons (ju'il l'aut tailler coiu-ts , et de ceux (pi'il faut tailler
loijgs; car les uns se taillent à <leux ou trois yeux, el s'appellent
coursons ou udllcs-à-bois, parce (pi'ils sont principalement destinés à
donner du bon buis pour fainiée suivante ; les autres se taillent à (juatre
ou cinij yeiLK cl se noitunenl plaies, tailles, ou tailles-à-fruil ^ cette
dernière dénomination maixpie leur desllnalion. Or on fait plus de
coursons (jue de plaies , lorsque le cep est foible ; j)lus de j)laies que de
coursons lors(ju"il est lrès-\ igourcux; un nombre égal des uns et des autres
lorsf[u'il est d'une \igueur médiocre. Il faut observer, en taillant, de faire
la coupe à environ 27 millimètres (1 po.) aix-dessus d'un noeud, el que
le bas du talus soit opposé h r(ril, de crainte qu'il ne soit endommagé
par les pleurs qui peuvent couler de la coupe.
Soit donc un cep de vigne nouvellement planté. Au mois de juin nous
examinons ses productions; de tous les boin^geons cpi'il a poussés , nous ne
lui laissons tjue les deux, plus forts, les mieux placés, et nous supprimons
les autres. S'il est destiné à cou\rir le haut d'un espalier, nous ne
lui laissons ((u'un boiu-geon pour faire une tige, (jui souvent ne se
Corme (ju'en plusieurs années. Nous la supposons formée et arrêtée à la
hanteiu- convenable au mois de février précédent : les bourgeons qui