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ce procédé que nous devons la plupari des espèces que nous possédons.
Aujourd'hui, les semis sont peu usilés , parce que, coniin*^ les autres
arbres fruitiers , la vi^ne ne reproduit pas son espèce de graitie. Des
pépins de bons raisins en produisent souvent de détestables ; le blanc en
produit du noir, et le noir du blanc. De plus, un pied de vigne, provenu
de graine, ne frucUfie qu'il l'âge de six ans au moins ^ et peu de personnes
ont la ])atience d'attendre aussi longlems. D'ailleurs le nouxbre des
espèces cultivées est si considérable qu'il est plus curieux, (ju utile de
< hercber à l'augmenter.
Poiu'marcotter, on prend un bourgeon fort et vigoureux, qu'on épluche
bien en lui relrancliant les vrilles et les pousses latérales. Ensviite on fait
au-dessoius, une fosse naviculaire. longue de SaS niillimètres ( i pi.),
et profonde de 162 millimètres (6 po. ), dans laquelle on plonge le bourgeon
sans le dclaclier, de façon que son extréuiiié sorte de celle fosse
dans la longueur de deux yeux au moins; après <pioi on remplit la fosse
et on en presse la terre avec le pied pour que la marcotte ne puisse se
relever. T1 faut avtssi rabattre le bourgeon à deux ou ciualro noeuds audessus
de la terre, s'il a^oit une pliLS grande longueur, afin de lui donner
de la force. Le terreau et In terre de bruyère étant très-propres à faire
pi-odnire ])romptcmont des racines aux marcottes, il est bon d'en iiiettre
dans le fond de la fosse ei d'en rccoii\Tir la partie <lc la marcotte qui
se trouve enterrée. iJauloiimc suivant, elle aura une grande quantité
de racines, sera bonne à être sevrée et plantée dans le lieu qu'on lui
desline, si peiuhuit l'été on a eu soin de la mouiller et de répandre un
peu de paille au pied pour prévenir le desséelicment. Mais si le bourgeon
ctoitsi liaut(juou ne pût lecouclicrcn lerre, il faudroit percer le fond
d'un pot à fleur , y faire passer ce bourgeon, fixer solidement le pot
à la liauteiu^ convenable , reni])lir de bonne terre que Ion arrosera
souvent pendant le t e , et qu'on préservera de l'ardem- du soleil s'il
est ])ossible, en la couvrant de ])aille ou de mousse.
[.es boutures se foui ordinairement en février. On (choisit les bo\ugeons
[es pliLs ibrls et les mieux garuis d'yeux, ("[ue l'on coupe j)nr longueur de
quatre ncruds. Les nu-illciu-es soûl celles prises à la hase des bourgeons,
i.orsqu oii lem-liiisse un peu de bois de raiuvéc])rccé(lente, elles s'appellent
crvsselU's, el [>roduisent des racines }>Uus aisément (|ue les aulres. On les
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plante ordinairement avec ce vieux bois , mais nous croyons qu'il seroit
plus avantageux de le supprimer en éclatant le bourgeon , et en emportant
avec celui-ci tout le bourrelet du noeud, (jui est la partie où les racines
se développent le plus abondamment. La plaie produite par cet éclat est
<tussi irès-favorabie à rérnption des racines.
Lorsqu'on fait une bouture dans une terre fraîche et légère, elle réiLSsit
presque toujours ; c'est pourquoi r|uand on veut étal>lir un pied de vigne
quelf|ue part, on peul y mettre tout uniment mie bouture eu lui
doimiuit les soins nécessaires. Mais si on en dcsire nu grand nombre, on
choisit une terre meuble et Iruîche , on y fait des rigoles de I4 à T8
millimètres ( 6 à 8 p o . ) de proibndeur, où l'on pose les boutures à i4
millimètres (() po.) l'une de l'autre, en enterrant deux nanids; on entretient
la terre fraîche par de fréquens et légers arrosemens, et on abrite les
boutures de l'ardeur du soleil avec des paillassons.
Si on recevoit d'un pays éloigné , une bouture foible, de vigne rare
et précieuse , il faucb'oit la planter dans un pot rempli de terre de
bruyère ou de terreau de (touche bien fait, enfoncer ce pot dans
une couche liède, le couvrir d'une cloche de verre recouverte ellemême
d'iui paillasson , ne lever la cloche (jue poiuc mouiller légèrement
ou détruire une trop grande humi<lité. Au bout de quinze jours la
bouture aura des racines , el on t:onunencera à lui donner peu-à-peu de
l'air et du soleil.
La grefle en fente est la seule employée à la multiplication de la
vigne. Au mois de février, on scie à Heur de terre uu cep de vigne , on
le fend et on y insère, suivant les règles, une grefi'e faite du gros bout
d'un bourgeon : on forme la poupée , on la butte , et on préserve de
I ad ion immédiate du soleil la partie de la greffe qui est à découvert.
II arrive aussi souvent à celle greÛe de s'enraciner <jue de se coller au
sujet, mais Tavaulage est au moins égal.
Les marcottes el boutures ein-acinées peuvent se planter depuis le mois
de novembre jusqu'à la fin de lévrier , dans tm terrein léger , chaud , un
peti graveleux. Ce n'est pas <|ue la vigne ne s'at;commode assez bien de
tonte sorte de terrein 5 mais .sou i'rult mûrit difficilement et accpiiert peu