P O M P E L M O U S E ORDINAIRE,
C I T R U S DECUMANA: foliis oblongis, magûis, petiolo cordato articulalim
inseriisj flore maximo, albo, tetrapelaloj iructu omnium maximo, subrotundo, apice
subuiiibilicaLo.
NÉ regardoît le pompelmouse comme une variété, et les successeurs
de ce célèbre botaniste le regardent comme une espèce. Non-seulement
nous croyons que le pompelmouse constitue ce qu'on appelle espèce dans
toute la force du terme; mais nous ne serions pas étonnés qu'il fut chef
de famille. Sa fleur,
outre son volume extraordinaire, n'a que quatre
j)étalcs, et il a déjà produit tant de variétés dans l'Inde, en Amérique
et en Europe, qu'il semble destiné par la nature à devenir le père d'une
nombreuse famille. M. Iluard, le jardinier de Paris qui s'occupe le plus
pai'ticulièrement de la culture et de la nuiltiplication des orangers, en
possède
trois yariotcs, qui se disliiigucnt par la Ibrme des fruits et par
celle lies feuilles. Rumpliius en décrit quatre, dont deux à chair rouge
et deux à chair blanche, et toutes très-bonnes à manger : l'une est grosse
comme la téte humaine, et se conserve très-longtemps; ou l'embarque
pour rafraîchir l'équipage : Si <iuid in maris itinere comedatur, stomachuin
refellet sitinuiue scdat, dit lUmiphius. Une autre a la forme d'une
poire ; la quatrième vient par bouquet et donne rarement des graines; mais
elle a quelquefois un autre petit fruit dans sou intérieur.
Sloane, dans son Histoire de la Jamaïque, a figuré un pompelmouse
alongé, qui semble tenir le milieu entre le nôtre et celui que Rumphius
appelle pvriforme, et on en conserve un dans l'esprit de vin au Jardin
des Plantes, qui est, au contraire, trés-aplati en dessus el en dessou,s.
Ainsi voilà bien des variétés dont Tournefort auroit Ihit de bien belles
et bonnes espèces, s'il les eût connues. A Saint-Domingue les pompelmouses
sont des arbres cultivés par pure curiosité : on ne fait aucun
usage de leurs fruits, qui deviennent gros connue la tète, et qui contiennent
beaucoup plus de pulpe que ceux cultivés à Paris.