T R A I T É DES A R B R E S F R U I T I E R S.
France, ensuite, que, suivant la loi générale, il doit avoir moins perdu
dans les dé|)urtcniens méridionaux, qu'aux environs de Paris : nous ajouterons
iiicnie, comme probabilité, ([u'il existe déjà quelques variétés de
cette espèce, puis(|u'on remarque des différences assez grandes dans les
feuilles de divers indi\idus.
Le plaqueminier de Virginie est un arbre de la taille et du port d'un
pelil pommier. Son tronc, rarement plus gros que la cuisse d'un homme,
se termine par une tête arrondie, dont les rameaux très-flexibles sont
le plus souvent diffus cl inclinés. Ses bourgeons sont d'un vert cendre,
ou (quelquefois rougeàtres, pubcscens, marqués de points alonges. Les
supports sont saillans, les boulons gros, coniques et luisans.
Les feuilles sont alternes , pétiolécs, oblongucs, entières, longues de 12
ii i5 centimètres (4 à 5 po.), d'un vert gai et tendres en dessus, glauques
et im peu velues en dessous. Elles se distinguent aiscment de celles du
plaqueminier d'Italie, en ce ([u'ellcs ne sont pas luisantes en dessus, et
en ce qu'elles n'ont pas de glandes en dessous.
Comme dans Fespèce précédente, certains individus ne portent que des
fleurs mâles , auxquelles il ne peut jamais succéder de fruit, Elles
naissent également avec la pousse actuelle, et sont nombreuses, jaunâtres,
disposées trois à trois sur de très-com-ts pédoncules axillaires.
Le calice est infondibuliforme, à ((uatre divisions droites, aiguës. La
corolle a le tube gonflé en grelot, et les quatre divisions du limbe ouvertes
ou roulées en dessous. Les étamines insérées sur deux i^angs à
la base de la corolle, sont naturellement au nombre de seize; mais nous
en avons quelquefois compte dix-huit et dix-neuf; elles ont un très-couri
filet, sont lancéolées et velues dans toute leur longueur. Au centre de la
fleur se trouve un rudiment d'ovaire surmonté d'un style imparfait.
Les fleurs femelles, une fois plus grandes et deux fois moins nom
breuscs que les mâles, sont solitaires, axillaires, sessiles sur la pouss
actuelle, munies à la base de deux petites écailles, ([ui tombent trèspromptement.
Elles ont le calice grand, persistant, campanulé, ii quatre
<livisions ovales, oblongues, ouvertes. La corolle, jaunâtre, a le tube
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globuleux, et le limbe divisé en quatre lobes ovales. Au bas du tube
sont insérées huit étamines soyeuses, lancéolées, stériles, plus petites que
celles des fleurs ladles. Le centre de la fleur est occupé par un ovaire
ovale, tétragonc, entouré à la base d'une glande cupulée, crcnclée eu
son bord, et sm'monté d'un gros style soyeux divisé supérieiu'emcnt en
quatre branches subdivisées elles-mêmes en deux, trois ou ([uatre
autres plus petites branches. Cet ovaire se change en un fruit arrondi,
de 27 milhmètres ( i po.) de diamètre, soutenu par le calice <jui est
devenu ti^ès-grand et coriace •, il est un peu déprimé à la base, et termine;
au sommet par le style desséché; sa smfuce est luisante, d'uu jaune
ponceau, quelquefois d'un rouge assez vif du côté du soleil. La chair,
de la même couleur ([ue la peau, est molle, visqueiLse, douce, un
peu acerbe si elle n'est parfaitemcnl mûre. On trouve dans l'intérieiu'
«juatre à huit grosses gi-aines comprimées, rangées autour d'un axe
vertical.
Ce fruit mûrit à la fm d'octobre. On peut le laisser supporter quelques
petites gelées sur l'arbre avant de le cueillir; on le mettra ensuite
sur mie tablette ou sur de la paille, où on le laissera s'amollir comme
ou fait aux nèfles. Il se mange comme elles, et a l'avantage de rester
longtems mou et bon sans se pourrir. Les Américains en font du
cidre, des galettes ou de petits pains longs, d'uu goût assez agréable,
qui ont la propx'iété d'être astringens; pour cela, on écrase des fruits
(|ue l'on passe au travers d'iui gros tamis pour eu séparer les graines
et la peau; la ])ulpe se réduit en bouillie que l'on façonne en petits
pains, et que l'on fait sécher au feu ou plutôt au soleil, parce <pi"ils
en sont meilleurs.
M. Lamark dit que le filaqueminier s'élève à la hauteur de 19
mètres 49 centimètres (6opi. ) ; cependant Catesby qui a parcouru
l'Amérique septentrionale, et qui a public l'histoire naturelle de plusieurs
de ses provinces, ne donne à cet arbre que 4 mètres 87 centimètres
à 6 mèti'es 49 centimètres ( i S à a o p i . ) d'élévation sur un tronc
de 27 centimètres ( l o p o . ) de diamètre. Nous n'en avons jamais vu
de plus gros.
Il en existe quelques individus dans la pépinière impériale du
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