
3<S L’ANTIQUITE' EXPLIQUEE , &c. Liv. I.
Enée fait à l’anniverfaire de fon pere Anchife des jeux funebrès un peu
differens. Le premier eft un combat naval ; le fécond la courfe à pied ; le
troificmc l’arc & les fléchés ; le quatrième le jeu des celles ; apre's quoi
vient le jeu de Troie, qu’Afcanius fait avec les jeunes garçons. Nous en avons
parlé à l’article des jeux. Nous ne voions pas dans tous ces jeux ceux des
gladiateurs, que les Romains donnoient en l’honneur des défunts , perfua-
dez que les dieux Mânes aimoient le fang humain, Si que c étoit un des meib
leurs moiens pour les rendre propices. Les trois fils de M. Æmilius Lepi-
dus, qui avoit été trois fois Conful & Augure , firent dans le marché public
des jeux funèbres à leur pere, qui durèrent trois jours : d’autres en donnèrent
qui durèrent quatre jours.
Les Romains donnèrent comme à l’envi des jeux funèbres, dont la dépen-
fe étoit excelfive Jules-Cefar fe dillingua par ceux qu’il donna en 1 honneur
de fon pere : Curion fit des théâtres & des machines verfadles, où les Ipe-
élateurs ne pouvoient fe tenir fans péril.
Le peuple afliftoit à ces jeux funèbres en habit de deuil ; après quoi
quand on donnoit un fellin public , chacun s’habilloit de blanc. Cette coutume
étoit feverement gardée : Cicéron fait une grande affaire à Vatinius
de ce qu’il avoit aflïftéau feftin de Q. Arius en habit de deuil. On donnoit
ainfi des feftins à tout le peuple ; quelques-Uns les donnoient, parcequ’ils y
étoient obligez par le teftament du défunt; d’autres le faifoient volontairement
, fans y être obligez par le teftament de leurs proches. Ils affignoient
le nombre des tables qu’il falloit dreffer & fervir pour y recevoir tous ceux
qui s’y préfentoient. Jules Cefar en fit dreffer jufqu à vingt-deux mille ; d'autres
en mettoient un nombre beaucoup moindre.
Æncas in annivcrfariis funebribus Anchifie patris
paulum diverfos ludos inftituic. Prior fuit pugnana-
valis , fëcündus decurfio pedibus, tertius arcus & la-
gictac , quartus cæftuum ludus, quintusludus Trojæ,
quo Afcanius cura pueris æqüalibüs lu fit, de quoegi-
mus tomo tertio. In bis vero ludis gladiatorum pu-
gna non adeft , quam Romani in defundtorum honorem
edere folebant, rati deos Manes humano langui
ne dele&ari, illoque pa&oipfos mortuis fore pro-
pitios. Très filii Marci Æmilii, qui ter Conful &
Augur fu it, funebribus ludis per triduum editis pa-
tri fuo parentarunt : alii etiam per quatriduum ludos
dederunt.
Romani quafi certatim ludos funèbres edebant,
quorum fumptus immenfi. Julius Cæfar in patris
honorem memoriamque ludos edidit magnificos i
Curio theatra vcrfatilcfquc machinas inftituit, ubl
fpe&atores non fine periculo ftare poterant.
Plebs pullata vefte ludis funebribus intererat ) exiii-
de vero cum convivium publicum dabatur, veftè
Candida omnes aderant, quod etiam magnopere ob*
fcrvàbatùr j Vatinio qilippë vitiö vertit Cicero,
quod ad convivium Quinti Arii atratus veniflet. Sic
toti plebis multicudini convivia dabantur j nonnulli
quiâ per fupremam mortui voluntatem quam tefta-
mento protulerat, hujufmodi convVia apparare cd-
g bantur ; alii fponte & voluntate fua , nulla inter-
pofita per teftamenturri neceffitate. Menfarum verb
numêrum alfignabant, in queis omnes omnino etf-
cipiendi erant» Julius Caïfar menfarum ad ufque vi-
ginti duo millia apparari juffit j alii minorera coi\-
ftituebanc numetum«
L ë s h y p o g e ' E s. 37
L I V R E I ILes
Hypogées3 les Columbaria, les Urnes cinéraires.
C H A P I T R E P R E M I E R .
J. La forme fes Hypogées-. II. Epitaphes mifes dans les archives. III. Amendes
contre ceux qui ewvahiffoient ou <violoiint les fèpùlcres.
I. X ES funérailles des Grecs étoient à peu de chofes près les mêmes
| ^ que celles des Romains , comme nous avons déjà vu ci-devant.
Quand les corps étoient réduits en cendres, les uns & les autres mettoient
les cendres & les relies des offemens dans des urnes, pour les porter ail
tombeau. Les Grecs avoient des hypogées , où félon la lignification du mot
des caveaux & des voûtes fouterrairies pour y mettre ces urnes. Petrone dans
Ion hiftoire de la Matrone d’Ephefe, en parle en ces termes : Elle fuirait,
dit-il, le corps jufqu au caveau; il fu t mis dans l hypogée félon la coutume des
Grecs ; la elle pajfoit les jours & les nuits : où nous remarquerons en paf.
fant, que ce corps n’avoit pas été brûlé, puifque la femme le fit mettre
à la potence en la place d’un pendu ; perfonne n’ignore eette hiftoire, ou
pour mieux dire ; cette fable.
Ces hypogées étoient quelqüefois de grands lieux, comme il eft marqué
dans une inlcription deSmyrne, qui m’a été donnée avec plufieiirs autres
parM. de Tournefort: en voici les termes.
Be0U A&Qfi» ( fie) to ■Sapajcfioi' jajij là twéeaa *41' rit aofït rit H tS japaïu/p; ttai r«
tariM&Tù rà. itpixnLiliLtovA. o i j c e ç , X . A « p i a f ( f c ) x .o [ T û »V , utS'tcLtoi , TV.y-Xilivt o f f T o O w ^ . E t. lait
Xijtni txUT* , w S f ï T p t i p « tu a ’ r J ' p ) , ! ( J j, T a ~ 5 rtàrolS t t W ï s , t y f Toïs t y f o n l t à o r S t . - g f f i cxj.
Il paroit quelque corruption dans cette épitaphe, mais elle eft faine pour
L I B E R I I
Hypogoea, Columbaria, ZJrna cineraria.
CAPUT PRIM U M.
t . irlypoT/eomm forma, I I . Epitaphia in dr-
chivis depoßta. 111. M u lc ta pecuniaria in
qui ßepulcra veL invaderent v e l violarent.
1 . T7 U N E R A Gnecorutti cadem pene ipfa qu£
X Romanorum erant, ut jam ante diximus., &
cxemplls oftendimus. Poftqüam cörpus crematum
igneque confumtum erat, tum Graici tum Romani
cineres ofliumque reliquias in urnis reponebant, üt
ad fepulcrum inferrent. Grccci hypogaca häbebant i
Vel, ut ipfa voce fignificatur , fubterraneos fornices,
tibi urnas illas depönebant. Petronius inhiftoria Ma-
tronje illius Ephefina, de hypogao hae habet : In
tonditoriùm etiam frofetjùuta eft defunÜum j pàjîtum-
<jhc in hypo veto gr&co more corpus cuftodire ac flere tot it
noEHbus dichilfjuc coepit. Ubi anirtiadvertendum cadaver
illud crematum non fuifie, quandoquidem matro-
naillud in crùtem, fiifpenfi furis loco, inferri julfici
hahe feu hiftoriam feu fabùlam ignorât nemo.
Hæc hypogaa magna quandoque domicilia erant,
ut videre eft in aliqua inferiptibné Smyrnenfi , tujuà
knrdy&iioY accepi cum multis aliis a D. de Tournefort.
En inferiptionis inrerpretationern latinam :
Bebia . . ; . hajee ftruEluras , & thecas , & tumii-
lnm exttdificari ju flii, necnon habitacula adjacentia 4,
nempe domim ,/calam , cubicuhm, medianum , triclinium
& ojfuaria. . . Excitavit autem fib i, conjugi fua
Byntropho j & ftliis at que nepotibnt fuiu Kale & t»i