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L I V R E I V -
Les Enfers , la defcente des âmes, les champs Elyfiens,
&C les Apotheofes. *I.1
C H A P I T R E P R E M I E R .
I. L'opinion des Grecs & des Romains touchant les âmes des défunts & les enfers.
11. Defcription des enfers p a r Lucien.
I. T A plupart des Grecs & des Romains croioient lame immortelle,
| ^chacun fàic que les philofoplies ne convenoient point entre-eux , &
que chaque feefte avoir des fèntimens particuliers fur cela. Quelques-uns
croioient que tout mouroit avec le corps ; d’autres croioient la metempfÿ-
cofe ou le pafTage de l’ame d’un corps dans un autre; & du corps même d’une
bête dans celui d’un homme, ou du corps d’un homme dans celui d’une bête.
Platon croioit que l’ame e'toit immortelle, & que' dans l’autre vie les bons
étoient recompenfez, & les mechans punis. Il paroit que c’étoic l’opinion &
la plus generale & la plus ancienne, puifqu’Homere femble la fuppôfer comme
reçue de tout le monde. Dans Euripide Medée étant fur le point de
tuer lès enfans , leur fouhâite la félicité dans l’autre vie.
C’étoit donc le fentiment commun chez" ces profanes. L’ame feparée du
corps étoit félon eux l’ombre d’un homme vivant : cette ombre penfoit &
parloir auffi, mais imparfaitement,- c’eft pourquoi Homere. appelle les ombres
des morts dunna. des têtès foiblès. Les morts menoient une elpe»
ce de vie qui relfembloit à un fônge ou à Un fommeil félon Homere & Socrate.
En effet nous voions unaifez grand nombre d’épitaphes qui commencent
ainfî,
Au Sommeil éternel.
L I B E R I V.
Inferi, defeenfus animamm , El)fit campi, apotheofes.
C A P U T P R I M U M .
I . Grdecorum Romanorumque ofiniones circa
animas defunfiorum ai que inferos. I I . In-
ferorum deferi f Uo a Luciano.
I. "XyT Ax i m a pars Græcorum R omanorum-
_lVJL que immort alem effe an imam arbitraban-
tur. Ignorât nemo philofophos circa hominis finem
non inter fe confenhfle : quælibet fcéfcafuam ca de re
tuebatur opinionem. Nonnulli exiftimabant animam
mori cum corpore. A'ii merempfyehofin docebant feu
tranfitum animx ab alio ad aliud corpus ; imo a corpore
brutæ animantis in hominem , aut hominis in
bruram animantem. Plato animam crcdebar immor-
talem ; in aliaque vita bonos probofque homines re-
munerandos > malos vero improbofque caftigandos
elfe. Hæc pene generalis & perquam antiqua opinio
erat j quandoquHem Homerus earn ut vulgo recep-
tam profert In Euripide vero Medea filios mox in-
teremtura felicitatem ipfis apprecatur.
'EljhtU'-loinv . iWy* «K«. 7 à J ‘ ivddA
n« riç à<?nMT.
Féliciter agatis i fed ilitc j nam qua hic funt
Pater abftui.t.
Hæc itaqtic opinio vulgaris apud profane« erat l
animam exiftimabant a orpore feparatam umbram
efte hominis viventis: iftæc umbra cogitabat & loqpe-
batur, verum non ita perfekte* quamobrem Homerus
umbras mortuorum vocat but »m wßva. , deb i lia capita.
Mortui quodpiam vitæ genus ageb'ant fomnio
fimile , ut aiunt Homerus atoue alicubi Socrates .*
ideoque nonnulla cpiraphia fic incipiunr ,
a e t e r n a l i s o m n o .
Cette ombre fèparée du corps defeendoit aux enfers félon eux :8c quoique
dans le fentiment des philofophes l’enfer (oit également éloigne de tous les
endroits de la terre, & que Cicéron pour marquer qu’il importe peu de mourir
en un lieu plutôt qu’en un autre, dife , undique tantumdem 'via efî ad
inferos , en quelque lieu que l’on foie on a autant de chemin à faire pouf
aller en enfer 5 il y avoit pourtant certains paffages pour les enfers , comme
le fleuve Lethédu côté des Syrtes ; en Epire la caverne Acherufia. A Her-
mione, dit Strabon, il y avoit un chemin fort court pour aller aux enfers ,
& c’étoit pour cela, dit-il, que ceux du payis ne mettoient pas dans la bouche
du mort le naule ou le prix du paffage : la bouche de Pluton près de
Laodicée , & la caverne de Tenare auprès de Lacedemone , étoient encore
des routes des enfers. UlylTe pour delcendre aux enfers , alla , dit Homere,
par l'Océan au payis des Cimmeriens. Enée y entra par l’antre du lac Averne;
Xenophon dit qu’Hercule entra aux enfers par la peninfule nommée Ache-
rufiadc près d’Heraclée du Pont, & que c’étoit l’opinion commune des gens
du payis.
La demeure fouterraine des enfets eft décrite diverfemeht par les anciens 5
Apulée fait palfer Pfyché par la caverne du Tenare pour aller jufqu’aü trône
de Pluton & de Proferpine; au bout de la caverne elle trouve le fleuve
infernal Acheron, où elle palfe la barque de Caron, va de là au trône
de Pluton & de Proferpine , gardé par le chien Cerbere.
II. Voici la defcription qu’en fait Lucien, qui parle félon 1 opinion commune
des profanes : » Cette Région, dit il, eft arrofée par de grands fleuves!»
que leurs feuls noms rendent terribles ; ce foht des Cocytes & des Pyriphle-«
gethons, & d’autres noms non moins affreux. Mais ce qui eft encore plus «
horrible , c’eft ce grand marais Acherufia que l’on rencontre le premier, «
fi profond qu’on ne peut le paffer à gué, & fl large qu’on ne fauroic «
le paffer à la nage ; tel en un mot que les Mânes mêmes des oifeaux ne »
fauroient le franchir en volant. A la defcente au delà du lac eft une porte de •*
diamant, gardée par Æacus cou fin du Roi ; auprès de lui fe tient un chien «
furieux à trois têtes, qui regarde de bon ccil & fait un accueil favorable à «
tous ceux qui entrent ; mais qui abboie horriblement, & qui fait des heur- «
lemens épouvantables, quand quelqu’un veut s’échapper. Quand on a paffé«
Haec umbra a corpore feparata ad inferos defeeri-
debat, ut aiebant profani illi 5 licet autem fecundum
opinionem philofophorum inferi sque diftentab omnibus
orbis partibus 5 licet Cicero ut oftendat parurft
intereffe in hoc potius, qnam in alio mori loco, dicat,
ttndique tantundem via efi ad inferos, aliqut tamen
vi.e ad inferos patere putabantur , ut fluvius Lethe
verfus Syrtes , in Epiro Acherufia. Hermione etiam,
inquit Strabo 257. 40. breviffima via ad inferos eratt
ideoque ,adjiciit , Hermionenfes in ore mortuorum fuo-
rum naulttm , id efi tranfitus prectum , non ponebdnt.
Via quoque inferni erant os Plutonis prope Laodi-
ccam> antrum Taenari prope Lacedxmonem. Ulyfles
ut ad inferos defeenderet, per Oceanum ad Cimme-
rios contendit. ./Eneas per antrum Averni lacus eo in-
grefius eft. Xenophon vero p. 377. ait Herculem
ut ad inferos defeenderet, per peninfulam Acheru-
fiadem prope Heracleam Ponti pertranfivifte, ut loci
incolarum opinione ferebatur.
Habicaculum porro illud inferorum fubterraneurti
diverfe ab antiquis deferibitur. Apuleius Pfychen
fuam ad inferos deducit per antrum T xnari, ut ad
üfqiie folium Plutonis atque Proferpinæ perveniat :
ubi ad extremam antri oram devenir, fluvium infer-
«nalem Acherontem invenit * ubi naulo perfoluco a
Charonte ad alteram oram perducitur -, inde ad fo^.
liüm Plutonis ProferpinæqUe contendit, quod a
Cerbero cane cuftodiebatur.
I I . En deferiptionem infetorum a Luciàno fadatn
lib. de luétu fub initiiim, ubi fecundum vulgaretri
profanorum opiniotiem loquitur. Circumluitur hac re-
gio fiuviis magnis & hotrendis , vel folo notnine forms-,
dan dis: nam Cocyti) Periphlegethomes, & aliis id genus
nominibus vocitdntur. Quodquc efi gravijfnhum, praja-
cet Acherufia palus, qua prima excipijga {ventantes,
quam non pofjts ttanfmittere tree tranfite Jine veElore i
nom & profundior efi quam ut pedibus tranfiri t & la-
ttor fp a tio forque, quam ut tranari que at. In furnrna
hujufmodiefi * ut nec avium tnanes poffitit earn tranjvo*
lare. In ipfo defeenfu & in porta q ui efi adamantina ,
t/Eacus efi regis patruelis , cut mandata Cffiodia efi t
juxtaque ipfum cams triceps e fi, admodum favus &
formidandus, qui advenientes amice pacateque intueturi
adverfus eos autem qui aufuget e conantur la rat & oris