
Quand quelqu'un mouron loin de Ton payis, on y rapportoit Tes cendres
pour être mifes au tombeau de fes ancêtres. Cela fe pratiquoit quelquefois -,
mais fi l'on comptoit tous les exemples , les exceptions pafleroient peutêtre
la réglé.
Ceux qui etoient frappez de la foudre, dit M. Potter, étoient enterrez à
p a rt, parcequ’on croioit que c etoient des gens qui deplaifoient aux dieux.
D autres difent qu on les enterroit au même lieu où ils avoient été frappez :
mais félon Plutarque on les laifloit pourir la même, & l’on entouroit de pa-
liffades le lieu où étoient ces corps. Peutêtre en a-t-on ufé à differentes fois en
toutes ces maniérés. On privoit auffi de la fepulture les facrileges & les violateurs
des temples.
Cum quis procul patria moriebatur , ejus cineres
in earn reportabantur , uc in majorum fepulcro depo-
nerentur. Id videlicet aliquando fadum eft 5 fed ft
exempla numerentur, exceptioncs fortafle rcgulam fu-
perabunt.
Qjii fulminis idu peribant, ut obfervat illuftrifli.
mus Potterus 4. 1. feorfim fepeliebantur, quia opinio
erateos diis invifos fuifle. Alii dicunt ipfoseodem in
loco fepultos fuifle, quo fulmine percuffi fuerant. At
feçundum Plutarchum in fympos. eodem in loco re-
linquebantur putredine confumendi, locufque ille
fepto circumdabatur. Qui agendi modi forte omnes
diverfis in caftbus adhibiti fuerint. Sepultura porro
•privabantur facrilegi templorumque yiolatores.
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C H A P I T R E IV.
I Combien de jours gardoit-on le corps mon dans la maifon ? I1. Ceremonies à lu
mon des Rois de Sparte. I II . Qui étoient ceux qui ajflftoient aux convois : lex iques
& fandapiles pour porter les morts. I V . Autres ceremonies. V. Joueurs de
flûte & baladins.
f bl ne convient pas fur le tems pendant lequel on gardoit les corps
V-V m°rts a la maifon avant que de les porter au bûcher. Homere dit que
le corps d’Achille fut gardé dix-iept jours. Mais Servius dit qu’on les bruloit
le huitième jour, & qu on les enfevelifloit le neuvième apres leur mort. Cela
ne doit s entendre que des gens de qualité ; car les pauvres étoient enfèvelis
ou le lendemain, ou apres trois ou quatre jours.
Apres que les fept jours étoient expirez, un héraut annonçoit le convoi
en cette maniéré ou en quelque autre fèmblable * Ceux qui voudront apflfler
aux objequcs de Lucius T itiu s, fils de Lucius, font avertis qu’i l efl tems d'y aller
prejentement ; on emporte le corps de la maifon. Ces mots du héraut, que rapporte
Moreftel, femblent être pris du Phormion de T erence, où il eft dit, On fa it
les obfeques de Chremès, que ceux qui le pourront y ajflflent ; l'heure cfl arrivée.
11. Quand les Rois de Sparte étoient morts, des gens à cheval annonçoient
C A P u T IV.
I. Quot diebus mortui domi manerent- 1 I. Cérémonie
Spartiatarum rege mortuo. III.Q u i.
nam elationi funeris intereffent : LeBice &
fandapile deferendis mortuis. IV. A lie ceremonie.
V, Tibicines } fcurre.
I* U o T diebus corpus fervaretur domi non
convenit inter lcriptores: Homerus in Odyf-
fea air corpus Achillis feptemdecim diebus fervatum
fuifle, antequam efferretur cremandum. At feçundum
Servium Virgilii interpretem , cremabantur cadave-
ra odavo poft mortem die , & cineres condebantur
nono. Illud vero de nobilibus dividbufque cantum ac-
cipiendum ; nam plebeii auc poftridie aut poft ter-
tium quartumve diem efferebantur.
Poft diem fcptimum clamabat pneco his aut fimi-
libus verbis : Exftqmas L. Titio L . filia , quibus eft-
commodum ire, jam temp us efl s ollus ex etdibus ejfertur.
Ira Moreftellus: quae formula videtur excepta ex his
Terentii verbis in Phormione : Exfequias Chremcti 3
quibus efl commodum ire ; jam temp us efl.
I I . Apud Spartiatas rege mortuo, equites obitum
illius nunciabant, circumquaque per urbem curfitanleur
décès en courant de côte & d autre par la ville. Alors les femmes fe dé-
cheveloient, & prenoient des chauderons quelles battoient nuit & jour en
faifant des lamentations; c’étoit un charivari épouvantable : chaque maifon
étoit obligée fous de grieves peines de mettre un homme & une femme
en deuil.
III. Ceux qui affiftoient aux funérailles étoient les parens & les amis.Quand
le mort avoir rendu des fervices confidérables à la République , le peuple s’y
rrouvoit aulfi. Il arrivoit quelquefois que des gens qui fe voioient mourir ,
prioient leurs amis d’affifter à leurs funérailles. On portoit les gens de qualité
fur de petits lits appeliez leéfiques , dont nous voionsun afïèz grand nombre
dans les monumens répandus dans cet ouvrage. Ces lectiques étoient appeliez
liexaphores, du nombre des fix hommes qui les portoient ; ou oétaphores,
du nombre de huit.Les gens de baffe condition étoient portez fur des iandapi-
les ; c’étoient comme des brancars portez par quatre hommes. Cesfandapiles
font appellées dans Martial Orciniamefpondoe, du nom Orcus, qui veut dire Plu-
ton ou l’enfer, oùétoient menées les amês des morts.Lucain & Horace appellent
la fandapile area :ferètmm parûit un mon général qui marque la leétique
& la fandapile. Les porteurs des corps morts étoient appeliez Vefpillones,
mot que les Etymologiftes font venir de Vejpera, Je foir, parce , difènt-ils,
que c’étoit le foir que fe faifoient les convois. Au lieu de biere les Lacede-
moniens fe fervoient d’un bouclier.
IV. Le mort avoit le vifage découvert : lorfqu’on l’apportoit au tombeau,' :
on lui mettoit quelquefois des couleurs pour le rendre plus agréable ; ce
qu'on faifoit fur tout aux jeunes filles : quand le vilàge étoit tout-à-fait difforme
, on le couvroit entièrement. Dans les plus anciens tems ces convois fè
faifoient la nuit, quoique cela ne fût pas général ; car il y en avoit qui enterraient
le jour. La coutume d’enterrer la nuit fut depuis changée , & ne
fut obferveé que pour les jeunes gens qui mouroient dans l’adolefcence. Julien
l’apoftat voulut la rétablir pour tout le monde ; mais il ne vécut pas affez de
tems pour la faire obferver.
V. Les Athéniens faifoient leurs funérailles le matin avant le foleil levé.
Devant le convoi marchoient des joueurs de flûte qui jouoient un air lugubre,
& une chanfon de deuil que les Grecs appelloienc iaAep«?, & les Latins nænia
ou nania. Comme les anciens déifioient tout, on faifoit de Nania une déeffe, *I
tes : tum mulieres paflîs crinibus lebetes percuüie-
bant 5 node dieque lugentes, eiulantes ingentemque
ftrepitura edentes. Ædes fîngulæ indida poena, vi-
rum mulieremque qui ludum perfolverçnt, exhibere
tenebantur.
I I I . Qui funeribus intereranc cognati amicique
defundi eranc. Si is qui ex vivis cxceflerat de repu-
blica bene meritus eflet, exfequiis & populus aderar. /
Nec raro ægroti qui e vicino mortem accedere
videbant, amicos rogabant funeri fuo intereflent.
Nobiles virique primarii efferebantur in ledicis,quæ
non infrequentes in hujus operis decurfu vifuntur.
Hæ ledicæ iUçmpct appcllabantur a numéro fex viro-
rum illas geftantium, vel wret<po£«/ fi a virisodo gefta-
rentur. Plebeii fandapila efferebantur a quatuor baju-
lis. Sandapilæ apud Martialem vocantur orcinianæ
fpondæ , ab orco , qui vel Plutonem velinfernum fi-
gnificat, quo animas dcducebantur. Lucanus lib. 8.
iandapilam vilem arcam vocat, itemque Horatius 1.1,
Sac. 8. cujus hæc funt verba :
H uc prias anguflis ejebla cadaver a cellis
Confervus vili portanda locabat in arc a»
Feretrum voxrgenerica fuifle videtur, quæ & Ie&U
cam & fandapilam fignifiçaret. Illi cadaverumbajuli
Vefpillones appellabantur , quam vocem etymologi
ex vefpera deducunt, quia veipere mortui efferri fo-
lebanc : Lacedacmonii fandapiiæ vel ledicæ loco, ely—
peo utebantur.
I V. Vultus defundorum qui efferebantur , ut aie
Kirchmannus, ut plurimum aperti erant , colore
etiam illiti, maximeque virginum. Verum fl qua
effet in vultu deformitas,velata facie prodibant:prilco
tempore nodu efferebantur corpora, etfi non apud
omnes, eranc enim qui inreediu efferrent. Mos autem
efferendi nodu mufatus poftea, & pro folis adolelcen^
tibus præmacura morte abrepeis in ufu fuie. Julianus
is, quem Apoftatam vocamus, prifeum morem reftau-
rare voluic, verum fato præoçcupatus, rem infedam
reliquic.
V. Athcnienfes fummo mane ante folis ortum mor-
tuos efferebant : praffbanc tibicines lugubrem cantile-
nam modulantes, quam vocabant idhtpiot, Latini hu-
jufmodi can tus næniâm five nænias appcllabant. Ut
autem prifei omnia in deos refecebant, Nænia dea