
i4 L 'A N T IQ U I T E ' EX PL TQ U E 'E ,& e . L iv . I.
«les morts, fie pouvant donner cette lunelieut u 1 unic , quoiqu on fouleuitc
«qu’après avoir achevé fa courfe, elle paroifle pure 6c brillante. Ou efl ce
«parce que la bienfeance veut que tout ce qui lert au deuil ioit fort {Impie ?
« Or tout ce qui eft teint en couleur, foit noire, foit bleue,ne l'eft pas,parceque
«la couleur hiit un mélange. Il n y a donc que lé blanc qui convienne aux
«morts. Socrates dit qu’à Argos on porte au deuil des habits blancs 6c paflez
«par l'eau. » Pour marquer une douleur extrême, les parens déchiroient quelquefois
leurs habits.
III. On loüoit des pleureufes qui s'appelaient præficæ, qui fondoient en
larmes en chantant les louanges du mort : comme c etoient des larmes de
commande, & que ces pleureufes fe réjouifloient intérieurement du gain que
leur produifoit cette douleur fimuléc, il paffa en proverbe de dire , Il aime,
il eft en deuilpræficdrum more, à la maniéré des pleureufes, en parlant de ceux
qui faifoient femblant ou d’aimer ou de s’affliger , lorfqu’ils étoient dans des
difpoficions toutes contraires. Ces pleureufes s’arrachoient les cheveux ; ce
que faifoient auffi les autres femmes à leur imitation. Il y en avoir qui fe
tondoient à la mode des Grecs que nous obfervons aux funérailles de Patro-
cle 3e mettoienc leurs cheveux fur la poitrine du défunt, ou fur le bûcher,
quand il y étoit. /
La coutume de fe couper les cheveux étoit encore plus en ufage chez les
Grecs ; Archelaiis roi de Macedoine fe les coupa aux funérailles d'Euripide.
Cette coutume s’obfervoit aufli chez les Perles & chez d’autres barbares ; nous
en trouvons des marques dans l’Ecriture fainte. On coupoit aufli pour marque
de deuil le crin des chevaux : cela s’obferve au deuil d'Alcefte, où Admete
commande dans Euripide, qu on coupe le crin aux quatre chevaux qui me-
noient le char. Plutarque dit dans la vie de Pelopidas , qu’à fa mort les
Theflaliens fe tondirent, & qu’ils coupèrent aufli le crin de leurs chevaux.
Alexandre le Grand à la mort d'Hepheftion ne fe contenta pas de faire
couper le^crin des chevaux & des mulets, mais il fit aufli abatre les créneaux
des villes, afin que les murs mêmes portaflent le deuil de la mort de
fon ami. -
I V. D’autrefois fans fe couper les cheveux on témoignoit fon afflidion en
les afpergeant de poufliere & de cendre ; on en trouve un grand nombre
d'exemples dans les poètes. Quand la douleur étoit extrême, ces profanes * I.
album colorent anima indere non valeant : etfi fummope-
re tupiant earn vita curfum emenfam pur am fplendi-
damejue apparere. An etiam quia decet omnia qua ad
luchm adbibentur ejfs admodum fimplicia? A t qui id
quod colore quopiam | five nigro five candeo tingitur ,
fimplex non efl, color enim aliquam infert mixtionem.
Albus ergo color tantum mortuis convenit : ait S ocrâtes
in Argo ad luElum geflari vefles albas & aqua ablutas.
Ad majorem indicandum dolorem , cognàti nonnun-
quam vertes dilacerabant.
I I I . Præficæ mercede conducebantur, quæ Ia-
mentantes lacrymafque profundentes defunéti laudes
canerent, præficæ diétæ, ut putatur, quod ad eam
rem eflent præfeâæ. Cum veto quæftus folum caufa
de induftria fièrent, nulle tamen affeétæ moerore > in
proverbium abiit, ut ii qui amorem dolorcmque fî-
mularent, præficarum more id agere dicerentur. Hæ
præficæ fibi capillos evellebant ,• idipfumque cæteræ
mulieres earum imitatione præftabant : capillos etiam
detondebant alii Græcorum more, qualem videmus
in funere Patrocli apud H orner um. Defe<5tos autem
capillos in mortui pe&ore deponebant, feu etiam in
rogUm ipfum conjiciebant.
Hæc confuetudo frequentior. apud Græcos erat. Archelaiis
Macedoniæ rex in funere Euripidis capillos
totondit : quæ coqfuetudo etiam apud Perfas aliof-
que Barbaros vigebat : ejufdem moris aliquot veftigia
exftant in feriptura facra. Etiam equorum crines in
luéfcus argumentum tondèbantur : quod in Alceftidis
lu6tu obfcrvatur apud Euripidem, übi Admetus jubet
detonderi crines quatuor equorum qui currum trahe-
bant. Plutarchus in vita Pelopidæ narrat Thefialos in
cjus obitu fuos pariter & equorum crines totondirte.
Alexander vero magnus in funere Hephæftionis non
fatis habuit præcepifie ut equorum mulorumque crines
detonderentur ; fed etiam urbium pinnas decuti
diruique juflit -, ut vel mûri ipfi amici fui obitum lu-
<5tu profequerentur.
I V. Aliqwando etiam non defe&is capillis mcero-
rem teftmcabantur pulvere cinereque caput afpergen*
d o , cujus rei exempla frequentia exftant apud portas.
Nonnunquam tanta vis erat meeroris ut profani
L E S C O N V O I S. iy
s’emportoient quelquefois jufqu a chanter pouilles aux dieux qui leur avoient
enlevé leurs parens ou leurs amis ; leur fureur alloit quelquefois plus loin ; ils
jettoient des pierres contre les temples, renverfoient les autels, jettoient les
dieux Lares à la rue.
illi in deos malcdi&a profunderent, quod fibi co• procedebat, ut templa lapidarent, aras diruerent,deoS
gnatos amicofve abftuliflent : furor etiam eo ufque Lares in vicos projicerent.
C H A P I T R E V I .
I. Convoi tiré d ’un marbre Romain. II. Femme qui fè tue auprès du bûcher de Jon
mari. III. Defcription des funérailles des gens illuftres de "Rome,
fa ite p a r T?olybe. IV. Oraifons funèbres.
j T jr convoi que nous repréfentons ic i, eft tiré d’un marbre Romain ; P l. IL
I fl s’en faut bien qu’on y obferve tout ce que nous avons dit : ces ceremonies
des funérailles varioient beaucoup, comme nous vènons de le remarquer
Celui qu’on porte au bûcher paroit être un chalfeur ou un homme
qui aimoit la chalTe. Le corps nu eft porté fans leéKque par quatre hommes ;
un des quatre hommes tient un bâton, dont le haut fe termine enT. L homme
qui fuit immédiatement le corps eft tout nu , & tient un doigt fur la bouche
: un autre tient une lancé de chafleur : un autre mene deux chiens de
chafle attachez. Après vient un cheval qui porte des hardes , & une efpece
de fourche de chaque côté ; ces hardes pourraient bien être des filets, &
les fourches pourraient avoir fervi à les tendre. Après ce cheval vient un homme
qui porte la main à fes yeux, & femble pleurer la mort de fon ami ou de
fonmaitre. La bande eft terminée par un petit char fur lequel eft monte un
jeune homme qui donne des marques de triftefle. A côté des chevaux eft encore
un autre homme qui porte une lance ou un javelot pour la chafle.
11. Le mort eft porté les pieds devant ; un homme qui précédé le corps
tient une épée, & fait quelque ligne de l’autre main. Trois femmes qui vont
devant font toutes échevelées & éplorées ; un jeune homme qui les précédé
tient la main fur la bouche, & donne aufli des marques de triftefle. On remarque
fur la même image plufieurs aeftions où les mêmes perfonnes iont répétées
, comme nous avons vu fouvent dans d’autres planches. Apres ce que
C A P U T- V I .
I. Funcbris cUtio ex marmore Romano ciuBa.
I I . Malierprope conjugis pyram violentas fibi
mamts infert. W . Defcriptiofimeris illu-
firium Romanorum a Polybio. IV . Funèbres
orationes.
j, t “»Unebris pompa quatn bîc exhibemus, ex
JL marmore Romano prodit i ubi non multa ex iis
OUT jam diximus obfetvantur : nam funerum mus
multis étant varietatibus obnoxii, quod jam fiepe am-
madvertimus. Venator vel venationl deditus tullie
vidttur is qui effettur: geftaturque nudus fine ledh-
ca vel (andapila a viris quatuor , quotum unus bacu-
lum tenet in figuram T fuperne terminatum. Qui
corpus fequitut nudus digiro os premere viderai.
alius -haftam venatoriam tenet : alter canes duos venatorios
loro colligatos ducic : hinc equus fequitur
farcinis onuftus qui furcam feu bidentem in utroque
latere appenfum habet •> farcinae retia effe poile vi-
dentur : hx veto fu te z , ni fallor , venatoria inftru-
menta ad retia expandènda : poft equum vir manum
oculis admovens amici vel parroni fatum lamentari
videtur : agmen claudit ab hoc latere biga equorum ;
auriga in curru ftans lugentis fpecicm ptTfett: a latere
equorum alius haftam ad venatum , ut putarur, tenet.
I I . Ab altero latere defumfturo, qui pedibus an-
trotfum pofitis defettut, prxeedit vir gladium manu
tenens, extenfaque manu fignum aliquod edens; hinc
tres mulieres paffis ctinibus .plotantcs , mceftmTque
figna plurima edentes , quas prxeedit juvenis meeroris
& ipfe plenus, qui manum ori admover. In eadem
ipfa tabula aAa plurima eafdem perfonas referentia
exhibentur, quod in veterum monimentis jam frequenter
faeäum vidimus in praecedentibus tabulis,