
C H A P I T R E X.
tJpotheofe d’Augufie dans f agathe dû la Sainte-Chapelie.
VE n o n s à l’incomparable agathe de la Sainte-Chapelle, que nous
donnons ici dans toute fa grandeur, qui efl d’un pied moins quelques
lignes dans fa plus grande longueur, & d’environ dixpouces en fa plus grande
largeur. Elle eft de figure ovale, en Ibrte pourtant quelle eft un peu plus large
par le bas que par le haut. Celui qui l’apporta fu t, dit o n , l’Empereur Baudouin
II. qui pour recouvrer l’Empire de Conftantinople vint l’an 1144. demander
du lècours aux Princes Çhre'tiens , & fur tout à fàint Louis, à qui il
vendit cette agathe. L’ignorance profonde de ces tems - là faifoit qu’on
prenoit cette image pour une hiftoire fainte : il y en avoir qui croioient que
c’étoit l’hiftoire de Jofeph ; on l’appelloit le triomphe de Jofeph, quoique dans
tout ce grand nombre de figures, il n’y en ait pas une oui puifTe avoir le moindre
rapporta cette hiftoire. Un morceau d’antiquité fi rare ne pouvoir manquer
d’exercer les habiles gens de ces derniers flecles, ou l’étude de l’antiquité
a été fi perfeftionnée. Triftan de Saint-Amand antiquaire célébré & des plus
favans du fiecle paffé, a fait dans fes commentaires hiftoriques une affez longue
diflertation fur cette agathe, ou l’on peut dire qu’il a très-bien rencontré
en certaines chofes, mais qu’il en a mal expliqué d’autres. Dès que fon livre
parut, il en fit préfent à M. de Peirefc, qui lui témoigna, dit-il, dans plufieurs
lettres la grande eftime qu’il en faifoit. Cependant M. de Peirefc étant mort
M. Gaffendi fon ami, qui écrivit fa vie, & qui la publia, rapporte le fentimenc
que M. de Peirefc avoir touchant cette Agathe, fort different dans la plupart
des chofes de celui de S.Amand.Celui-ci dans une fécondé édition de fonLivre
raporte le fentiment de M.de Peirefc, prétendant que ce grand homme n’avoit
jamais penfé comme cela, qu’on le faifoit parler, ou qu’on avoit mal pris fa
penfée;& il réfuté au long fes fentimens, qu’il prétend abfurdes & capables de
faire tort à la mémoire de M. de Peirefc, s’ils étoient véritablement de lui. Ce-
pendantAlbert Rubens qui a fait depuis ce tems là une differtationfurla même
pierre, affure que les fentimens de M. de Peirefc fur cette belle agathe étoient
tels que M.Gaffendi les a rapportez; qu’il s’en eft expliqué de la même maniéré
c A P v T x .
Auyißi apotbeofis in Achate facroe Capelloe.
J A m ad incomparabilem Achatem fandtæ, ut vo-
cant, Capellæ Parifinæ, quem, uci eft, latum lon-
gumque damus ; qua majori longitudine , eft unius
pedis regii aliquot demtis lineis ; qua majori yero lati-
tudine, decem pollicum. Eft Achates ille ovaræ pe-
ne forma: j ita tarnen ut ab ima parte paulo lacior u t,
quam a fuprema ; qui ilium hue attulit, ut narrant,
fuit imperator Balduinus fecundus , qui cum anno
1244. ad imperium Conftantinopolitanum recuperan-
dum veniftet opem poftulatum a principibus Chri-
ftianis maximeque a fanéto Ludovico, hune ipfiAchatem
vendidit. Tanta erat illius xvi ignorantia t ut hi-*
ftoriafacra in eo repræfenrari crederetur. Erant .qui
putarentefle hiftoriam Jofephi, & , ut aiunt, trium-
■ phusJofephi appellabatur j etfi in illo tanto figurarum
numéro nulla ht, quæ polîjt ullo modo ad hanc hiftoriam
refcrri.Tam exquifitum, tam rarum antfquitatis
monumentum eruditos & antiquarios hujus & proxi-
me præteriti ævi, ubl antiquitatis ftudia admodum
viguere , non potuic non exerccre. Triftanus a fandto
A man do v ir eruditus, in re antiquaria inter pi'æ-
ftantiflimos lui ævi numerandus, in Commentariis
fuis hiftoricis fat longam diftertationem in hune
Achatem edidit i ubi in quibufdam optime rem egit
atque dilferuit, in aliis veto fecus : ftatim arque liber
ipfius ex prælo exiit, ipfumdono milît D. Peiref-
cio , qui in gratulatoriis fuis ad Triftanum literis, fe
ejuslucubrariones magni facere declaravlt j attamen
defundo Peirefcio, qui illius vitam fcripfît amicus ,
Petrus nempe Gaftendus, Peirefcii circa hoc monumentum
fententiam retulltg a Trittani opinione in
plurimis rebus longe diverfam. Triftanus vero in fe-
cunda libri fui editione, earn Peirefcii fententiam re-
tu lit, & non putare fe teftificatuseft tantum virum
unquam de hujufmodi cimelio ita cogitafte,fed illam
adverfantem fibi opinionem vel pr.orfus confidam ,
vel non accurate relatam fuifle : hinc explicationes
illas confutat, quas abfurdas elfe dicit, talefque uc
poflînt Peirefcii famam lædere, fi ab eo profedæ fuc.
rint. Attamen Albertus Rubenius qui ab illo tempore
Diatribam &r ipfe edidit in hoc monumentum , affè-
verat Peirefcii circa hune lapidem fententiam, qualcm
retulit Gaftendus, vere illius fuifte , ut confiant ex
literis ab codera Peirefcioad Petrum Paulum Rube-
A GAT HE DE LA SAI NTE-CHAPELLE. 155
dans plufieurs lettres écrites à Pierre Paul Rubens fon pere. Il prétend même
que le fentiment de M. de Peirefc eft préférable en bien des chofes à celui de
Triftan :il convient dans fa diflertation tantôt avec l’u n , tantôt avec l’autre;
& il réfuté l’un & l’autre en bien des endroits. Après tous ceux là M. Jaques
le Roi fit une nouvelle diflertation imprimée à Amfterdam en 168;. où il rapporte
tous les fentimens precedens, fans en adopter aucun; il explique toutes
les parties de cette pierre, en fuivant tantôt l’u n , tantôt l’autre, & propofanc
en certains endroits des fentimens nouveaux fur quelques perfonnages contenus
dans la pierre.
Après que tant d’habiles gens ont parlé lur le même fujet, la matière ne
me paroit pas encore bien éclaircie. Il y a peu de chofes dans lelquelles tous
conviennent ; dansles autres la diverfité de fentimens ne fcrt qu’à jetter de
l’obfcurité dans le fujet. Je vais tâcher à mon tour d’expliquer en peu de mots
toutes les parties de cette pierre. J’avoue qu’il y a quelques endroits même
des principaux, où je ne conviens avec aucun de ceux qui ont parlé avant
moi ; dans les autres je prens d’entre les fentimens propofez celui qui me paroit
le plus plaufible.
L’image eft divifée en trois parties ; la plus haute, fe. moienne & la baffe.
La plus haute repréiente à mon avis l’apothéofe d’Augufte ; la moienne l’Empereur
Tibere qui reçoit Germanicus revenant de Germanie chargé de lauriers
; la plus baffe contient des captifs & des marques de vieftoire.
Je crois être obligé d’avertir que les reflèmblances ni dans l’image ni dans
l’agathe même ne font pas dans la derniere perfection. Je remarquai cela il y
a quelques années fur la pierre même. Dans les eftampes les têtes s’éloignent
encore plus de la reffemblance avec les têtes des mêmes perfonnages que l’on
voit fur les médaillés. Les graveurs mettent des prunelles aux yeux qui n’en
ont pas ;& quelque diligence qu’ils puiffent y apporter, ils font toujours
quelques petits changemens qui ne laiffent pas d’alterer les reffemblances.
Dans la première & plus haute partie, qui contient cinq perfonnages , il
n’y en a pas un iur lequel les quatre auteurs ci-devant nommez conviennent ;
jufques. là que Jaques le Roi croit que le petit Cupidon aile qui mene le cheval
Pegale par la bride, eft le fils de Germanicus peint en Cupidon. La prinnium
patrem fuum fcriptîs , quas penes fe habebat :
irao pugnatille Peirefcii explicationem Triftani fen-
tentiæ in mulcis anteponendam cfte -, & in diftertatio-
ne fua ipfe modo cum hoc, modo cum alio confcntit,
atque in aliquot locis utrumque confutat. P oft hofee
oranes Jacobus le Roi vir nobilis, in idipfum cime-
lium differtationcm novam edidit, quam prælo raan-
davit Amftelodami anno 1683. ubi omnium præcc-
dentium allatis l'entendis, nulli hærere fe fatetur -, fed
omnescimelii partes explic i t , & modo hune, modo
alium fequitur, & aliquando opinioncm novam
ipfe profert in aliquot perlonas in achate compre-
henlas : omnium veto diatribas fimul typis dédit.
Etiam poftquam tot tamque doéti viri circa hoc
anaglyphum fententiam dixere, non videtur mihi.
res ubique ufqueadeo clara & enucleata efte. Pauca
fant in quibus omnes confentiant : in aliis vero fen-
lentiarum diverfitas magnam parit caliginem : omnes
itaque imaginis hujufce partes paucis expÜcaturas
accedo. Quædam funt, etiam ex præcipuis, circa quæ
cumnullo ex iis qui prius dixerint confentio. In aliis
vero ex jam propofttis explicationibus illas adhibeo ,
quæ mini ad rei veritatem propius accedere viden-
Imago tora très in partes dividitur , in fupremam
fcilicet, mediam & infimam. In fuprema parte, uc
quidem exiftimo , repræfentatur apotheofis Augufti:
in media Imperator Tiberius Germanicum ex Germania
re ftrenuegefta ledeuntem excipit : in infima
continentur captivi & vi&oriæ ligna.
Monendum exiftimo vultuum hmiîitudines turn in
culis imaginibus , tum etiam in ipfo lapide non uf-
quequaque perfeiftas elle : id vero animadverti jam
aliquot abhinc annis, cum ipfum monumentum infpi-
cerem.In expreflis autem imaginibus etiam multo ma®
gis defledtunt capita atque imagines a limilitudinc
cum nummariis figuris : lealptores quoqueoculorum
aciem nigro alboque colore exprimunt , quæ cum in
anaglypho non compareant, aliquamp.iriunt in vu Id-
bus diflimilitudinem *, aliunde vero quantumvis diligenter
attendant, aliquam tamen in fcalpendo diffe-
rentiam vultuum præftant.
In prima fublimiorcque parte quæ quinque perfo-
nas continet, ne una quidem eft circa quam omnes
fupra memorati feriptores confentiant, adeo ut Jacobus
le Roi arbitrecur Cupldinem ilium alatum qui
Pcgafum habenis ducit, efte Germanici filium Cupi-
dinis forma depidtum. Prima figura quæ medium
Tom. V. Y b