
34 L’A N T IQ U lT E ' IX P L IQ Ü E 'E , &e. L iv.I .
.. nous fouhaictons que cette divinité la Terre leur foie pefante ; comme
» fi nous ne favions pas que c’eft la feule qui n’eft jamais irritée contre
» l'homme. » Lorfqu’on vouloit faire un ferment on difoit, que la terre me
foit pelante , fi je ne fais pas cela. Properce en fait un femblable : mais Marnai
fait à Philenis courtifane un imprécation toute differenre; il prie les
dieux qu'une terre legere ou un fable mou couvre fes os, afin que les
chiens puiffent aifément les déterrer &c les ronger.
IL Un autre fouhait qu’on faifoit, étoit que les dieux donnaflent aux
morts de l’eau fraîche, & entre ces dieux c’eft Ofiris dont les marbres
font mention : une infeription moitié latine & moitié greque, rapportée
par M. Fabreti, eft conçue en ces termes : Aux dieux Mânes. Julie ‘Volitice '
qu Ofiris vous donne de l ’eau fraîche. Reinés donne une autre infeription greque
plus longue, & qui fait à notre fujet, dont le lens eft tel : *Aux dieux
Mânes. 'DioJ'coride a, f a it à f in aimable femme Aurelie Prof ode ce tombeau.
Adieu, ^Madame ,- qu Ofiris vous donne de l ’eau fraîche. Diofeoride a fait ce
tombeau pour lu i, pour les affranchis de fes affranchis. Nous avons déjà dit
au tome fécond, que Serapis qui eft le même qu’Ôfiris, eft fouvent pris
pour Pluton ; & Plutarque dit expreffément dans fon traité d’ifis & d’Ofiris ,
que félon les prêtres des Egyptiens , Ofiris commandoit aux morts, &c
n’étoit autre que Pluton. Diofcoride demande donc qu’Ofiris donne de l’eau
fraîche à Aurelie fa femme.
Dans une autre infeription que j’ai donnée dans la Paléographie Greque ,
c’eft le mari lui - même qui donne de l’eau fraîche à fa femme: voici les termes
de l’infcription: Mux dieux Mânes. J e m'appelle Olympie ; je fuis morte à l ’âge
de vingt-deux ans, & l ’on m a dépofie dans ce tombeau. Je f i i s Greque de nation ,
Apamée eft ma patrie. J e ri ai jamais f a it tort àperfinne ,& n ai offen/é ni grand
ni petit. C’eft moi Sotas qui aï érige cette épitaphe à ma chere femme olympie que
f avais époufée vierge. J e dis ceci fondant en larmes : notre amour mutuel n’a
jamais diminué ; il a toujours duré dans fa force ju/qu’a ce que la Parque me l ’a
enlevée. Ce f i pour l'amour de to i, que j'a i érigé ce monument, ma chere femme ,
& je verfe de l ’eau fraîche à ton ame alteree.
tanjnam nefeiamus hanc effe folam qua nunquam ira-
featur bomini. Hocetiam facramenti genere uteban-
tur , ut dictis fuis fi dem facerentj fie Propertius z. 16.
OJ“ libi jars fer malris & ofa p armés ,
Si ƒallô , cinis ,beu ! fit mihiuterque gravis.
Martialis vero imprecationem Philenidi edit longe
diverfam,?. 30.
Sit tibi terra levis , molli qne tegaris arena,
N e tua non pojfint eruere effa canes.
I I. Alia defun&is apprecatio erat, ut dii ipfis
darent aquam frigidam ; inter hofee vero deos Ofiridem
matmora commémorant. Infcriptio quædam
partim latinis partim græcis literis confcripta , apud
Fabrettum talis habetur Infcript. p. 465.
D. M.
I V L I A . P O L I T I C B
Aliam inferiptionem dat Reinefius p. 730. qua;
fie habet : 0 . K A’i/$»*/* UcoaiJ'tf biooK^Uns âviiç
leu/n ffurßia ( f ie ) k, yhvzvietni ptvdttf XtyiV.
? u:S‘* y W (fie ) (toi i Ôcrjptf ro ^vyjov
toninei ia VT fi ùm\fv^r*pa y kmhtuSlpoii. Id eft î Dis
Manibus. Aurelia Profodo t Diofcorides vir conjugi
fua fuavißimt dulcifiimttque s falve domina j & det
tibi Ofiris aquam frigidam. Fecit fibi & libertorum
libertis. Jam diximus tom. 2 Serapidem , qui idem
ac Ofiris ,pro Plutone habitum fuifte. Plutarchus de
Jf. & Ofir. ait fecundum iEgyptios Sacerdotes, in
mortuos Ofiridem imperium exercere , ipfumque eile
Plutonem» Hie igitur Diofcorides Ofiridem rogat,
ut Aurelije uxori det aquam frigidam.
In alia inferiptione quam in Palsographia Grxca
protuli , ipfe conjux conjugi fuse frigidam aquam
lubminiftrat; quam inferiptionem quoniam bis grjece
edidi in Palaeographia Grxca pag. 171. hic latinc pro-
ferre fatis eric*
Dis Manibus.
Hic jaceo Olympia >annorum vigintt duorum;
Graca ejuidem genere, patria mihi erat Apamea.
Neminem lafi, non parvi dnimam, non cor magni.
Säuern pofui cippum in ttrra , fervidis cum lacrymis
Ego Sotas Olympiadi, quam virginem duxeram,
Namvehemtns inter ambos amor perfeveravit ,
Quamdiu dulce lumm illud radiis illuftrans perfir
veravit }
Dulce 3 inqUam , ab ore ntanans, dulce mellis infiffr.
Hunc cippum ejfeci Sotas tui amore duÜut,
Sitienti anima frigidam aquam fubminiftratit.
Hujus frattr inf iripfiu
J E U X F U N E B R E S . ’ ’ ^
Celui-ci fuppofe quelesames des morts font fort altérées ; & celapour-
roit peutêtre revenir à ce que dit Homere, que les âmes des défunts s'af-
fembloient autour d’Ulyfle pour boire, mais celles-ci vouloient boire du
fang des victimes immolées. Un antiquaire croit que cette eau étoit donnée
aux âmes pour les, rafraîchir un peu dans le tourment du feu quelles
fbuffroient ; & qu entre ces âmes il y en avoir que le feu purifioit, mais
que d’autres étoient condamnées à des flammes éternelles : ce qui revien-
droit à l'Enfer & au Purgatoire. Nous parlerons de cela en fon lieu.
Hic putat mottuorum animas, admodum fi tire -, fuiiTe , ut anima: in flammis ultricibus ïftuantes
quod. ad Homerum quadrare poteft narrantem de- eâ recrearentur .5 alias quippc animas igné purgari
fiîndoram animas circum Ulyflèra àceurriffe biben- atcjue emundari, aliafque flammis æternis datas
di caufa. Verum hac fanguinem vidimarum cæfa- quod eflet Inferi atque- Purgatorium : verum hac
rum bibere cupiebant. Qujfpîain antiquitatis péri- de re alius ad dicendum locus nobis conftitutus eft.
tus exiftimat aquam hujufmodi defundis datam
C H A P I T R E XIV.
Les Jeux funèbres.
LE s jeux funèbres font des plus anciens tems ; Pline les fait monter
jufqu au rems d Acafte, lorfqu il dit qu’Acafte les inftitua à Iolque,
& 1 hefee a 1 Ifthme. On fait même paffer pour jeux funèbres ces jeux fi
renommez dans la Grecè. Les Olympiens félon l’opinion de quelques uns
furent inftituez par Acree , & dediez a Jupiter, pour faire honneur aux cendres
de Pelops : les Neméens furent dediez à Neptune en l’honneur d’Ar-
chemorus ; & les Iflhmiens au même dieu en l’honneur de Melicerta. Mais
ces jeux étoient permanens , au lieu que les autres jeux funèbres ne letoienc
pas..Nous avons parle au troifieme tome des jeux Olympiques, Neméens,
Ifthmiens & Pythiens : il s agit prefentement des jeux qu’on faifbit aux funérailles
des perfonnes de diftinétion ; tels que furent ceux qu’Achille donna en
l’honneur de Patrocle, dont le premier fut la courfe des chevaux & des chars,
où Diomede remporta le premier prix ; le fécond fut le combat à coups de
poings , où Epée fut viélorieux ; le troifiéme fut la lutte , où Ajax & Ulyfle
eurent un avantage & un prix égal | le quatrième fut la courfe , où Ulyfle par
le fecours de Minerve vainquit Antiloque;le cinquième, le combat ala
pique entre Ajax & Diomede , où les combattans furent feparez , & eurent
un prix égal ; le fixieme fut le jeux du dilqüe, où Polypete gagna en jettant le
difque plus loin qu’aucun autre ; le feptiéme fut le jeu de l’arc, où Merione
remporta le prix.
C A -P U T XI V.
Ludi funèbres.
LU d i funèbres anciquiffimi funt ufus. Lucios funèbres
, inquit Plinius 7. j£. infticuic Acaftus in
I qIco j poft cum Thefeus in Ifthmo. Pro ludisetiain
funebribus habentur celeberrimi illi Græciæ ludi :
Olympii enim , ut quidam aiunt, nam opiniönes variant
, ab Acreo inftituci funt, & Jovi confecrati in
honorem cincrum Pelopis j Nemei Neptuno dicafti
funt in honorem Archemori j Ifthmici quoqueNeptuno
in memoriam Melicertæ At hi ludi fhbiles con-
fuetique étant, de iifque fuo loco egimus. J am de iis
agitur ludis qui in nobilium funere edebantur, qualcs
fùere ludi ab Achille in honorem Patrocli editi,
quorum primus decurfio fuit equorum arque cur-
1-uum , in quo Diomedes viftor præmium abftulit :
fpeundus pugilatus, in quo Epeiis fuperior evafitï
tertius lufta, ubi Ajax Ulyflefque luârati æquali cum
præmio-difeeflerunt : quartus curfus pedibus , quo
curfu Ulyffès ope Minervæ Antilochum devicit :
quintus haftatorum pugna, ubi Ajax atque Diomedes
paribus cum præmiis , quafi ftrenuitare pares,
difeeflerunt : fextus fuit difei ludus, ubi Polypetus
qui longius quam cæreri difeum projecit , præmium
eft aflequutus : feptimus arcûs fuit ludus, in quo
Meriones victor præmium accepit.