
10 L 'A N T IQ U IT E ' E X P L IQ U E E , &c. L iv . I.
* lir les morts eft celle donc fe fert Cyrus dans Xenophon ; le corps eft ainfî
» rendu à la terre, & il eft fitué de maniéré qu’il eft couvert du voile de là
» mere. C’eft en cette forte qu’on raconte que notre Roi Numa fut en-
»> terre non loin des autels de la fontaine. Tout le monde fait que la famille
»> Gornelia a eu prefque jufqu’à notre tems de cette forte de lepulture : on
>> n’ignore pas aufli que Sylla victorieux de C. Marius porta là haine fi loin ,
» qu’il fit déterrer le corps de ce Capitaine Romain, & le jetter à la voirie ;
« ce qu’il n ’auroit jamais fa it, s’il eût été aufli fage qu’il étoit violent. Je ne
» fai fi ce fut de peur qu’on ne lui fift un pareil traitement, qu’il voulut
« qu’on brûlât fon corps. C’eft le premier des Patrices Cornéliens dont le
» corps ait été brûlé.
III. M. Fabreti prouve parles anciens monumens, que tant l’ufage de
brûler les corps, que celui de les inhumer fans les brûler, ont été dans le
même tems à Rome -.perfonnene doute qu’onn’en brûlât un grand nombre ;
11 eft même certain que c’étoic la maniéré la plus ordinaire; il eft fûr aufli qu on
en inhumoit, quoique plus rarement ; en voici des preuves. Gruter donne
une infcription dont voici le fens : Aux dieux Mines de L. Julius Épigonus,
qui d'accu wnçt-fept ans cinq mois & douze jours-, fin corps entier efl inhumé
ici. L. Julius Camus a fait faire ce tombeau pour fin fils. Une autre infcription
porte que L. Julius Gamus , apparemment le même, fit faire un farcophage
ou un grand cercueil pour fon petit-fils L. Julius Marcellus. On en trouve
quelques autres exemples quoiqu’affez rares. « La coutume de brûler les corps
»> à Rome, dit Pline , n’eit pas des plus anciens tems ; mais comme les Ro-
» mains virent que dans les guerres qu’ils faifoient dans les payis lointains
•> on déterroit les morts qu’ils avoient inhumez, ils commencèrent a les brûler.
« Il y eut pourtant plufïeurs familles qui gardèrent l’ancienne coutume, com-
» me la Cornélienne , dans laquelle on dit qu’aucun corps ne fut brûlé juf-
» qu’au Dictateur Sylla. » La coutume de brûler les corps dura jufqu’au tems
du grand Theodofe, dit Godefroi fur le Code Theodofien De là vient que
Macrobe qui écrivoit fous Theodofe le jeune, dit que de fon tems cet ufage
de brûler le corps avoir ceffé.
apud Xenophon tern Cyrus utitur j redditur emm terra
corpus , & ita locatum ac fit urn quafi operimento ma-
tris o b duckur\ eodemque ritu in eo fepitlcro quad pro-
cui ad fontis aras , regem noftrum Numam conditum
accepimus j gentimque Cornelian ufque ad memoriam
no from hac fepultura fcimus effe humatant. C. Marti
f t as r.liquias apud Anienem dijfipari jujfit SylU vitlor,
acerbiore odio incitatus t quamfi tamfapiens fuijfet t
quam fuit vehement. Quod baud fcio an timers fuo
corpori poffe accidere, primus e l atriciis Corncliis voluit
II I . Monumentorum veterum au&oritate probat
Fabrettus de Infcript. p. 17. turn cremandi, turn bu-
mandi corpora uno eodemque tempore ufüm fuifle
Roma:: nemo dubitat quin pleraque cremarentur *,
imo certum eft earn fuifle vulgariorem parentandi ration
em •, fed etiam humara fuifle corpora , etfi rarius,
cetrum eft. Cujus rei argumento hint inferiptiones
apud Gruterum p. 587. quarum unafic habet .*
D M.
L. I V L I. E P T G O N I .
VIX IT . ANNIS. XXV II. M. V. D. X II.
C OR PVS . INTEGRVM. CONDITVM.
L. I V L I V S. GAMV' S
P A T E R . F I L I O . P I I S S I M O .
Altera vero~inferiptio fic habet:
L. I V L I V S . G A M V S.
D I S. M AN IB VS.
L. IV LI. M A R C E L L I .
N E P Ö T I S. S V I.
V I X I T . AN. V.
D I E B V S X X X X I .
C O R P V S. I N T E G R V M
CO N D I T V M
S A R C O P H A G O .
Alia quoque excmpla occurrunt etiamfi rara. Ipfum
cremare , inquit Plinius 7. 54. apud Romanos non fuit
veterts infiituti i at poflquam longinquis bellis obrutos
erui cognovere, tunc inflit uturn, E t tarnen mult a fami-
liit p rife os fervavere ritus ficut in Cornelia ; nemo
ante Syllam Diktatoren traditur eremat us. Cremandi
corpora confuetudo ad ufque Theodofii Magni tempora
perduravit, ut obfervat Gothofrcdus , ad 1. Omnia
6. de Sepulcr. viol, I. 9. tic. 17. Codicis Theodo-
fiani. Inde eft quod Macrobius Saturn, lib. 7. cap. 7.
dicat : Licet urendi corpora defunttorum ufiis noßrg
tempore nullus fit» Is autem vixic fub Theodofio
juniore.
L E B U C H E R . it
IV. Le bûcher où l’on apporto'itle corps mort pour le brûler étoit ou plus
grand ou plus petit félon la qualité des perfonnes. Lu loi des douze Tables
défendoit d’y mettre du bois poli ou menuifé. Le bûcher étoit conftruit principalement
de ces fortes de bois , du larix, de 1 if, du pin & dufrefne , &
d'autres arb.res qui prennent facilement feu ; on y mêloit aulh la plante appel-
\écpapyrus. On environnoit le bûcher de cyprès, dit Virgile. Servius ion
Commentateur dit qu’on y met le cyprès, parce que quand on le coupe il ne
reprend plus, ou parce qu’il eft de loi propre à repréfenter une maiion en
deuil, au lieu que les feuilles verdoiantes des autres arbres marquent qu elle
eft en joie. Il ajoute après Varron , qu’on entouroit le bûcher de cyprès pour
corriger par fon odeur celle du bûcher, qui auroit incommbdé ceux qui
afliftoient à la ceremonie, & qui repondoient aux lamentations de \a.p. a~
fies, jufqu’à ce que le corps étant confume, & les cendres recueilliçs , elle
difoit ilicet ; ce qui fignifie, Retirerons, Le bûcher étoit de forme quarrée s
tel paroit être celui que nous avons donne dans 1 image precedente. Les bûchers
faits pour les Empereurs paroiffent aufli de forme quarrée ; ils font à
trois ou à quatre étages , qui vont toujours en diminuant comme une pyramide
, & font ornez de plufieurs ftatues ; nous en donnons trois tirez des médaillés.
On en fit pourtant un triangulaire, dit Xiphilin, pour 1 Empereur
Pertinax,
IV. Pyra fuper quam infereban't mórtuorumCöf-
pora cremanda, major minor veerat pro perfonarum
ratione atque conditione. Ea vero ftruebatur ex latice,
taxo , pino , & fraxino, àliis-vc arboribùs, qu* facile
inflanimarentur & urerenrur : lege c.âutum erat ut ex
impolitislignis pyr* conftruerentur-, planta etiam cui
nomen papyrus, in pyra qüandoqUe inferebatur. Pyra
etiam cupreffis circumdaWir, Utexhoc Virgilii lo-
ço colligitur Æneid. S. v. 11J •
Intexunt latera , & finales ante cuprejfos
Conftiruunt, 'décorantque fuper fulgemibus armis»
Ubi Servius : Cupreffus adhibetiir ad fanera , ttel
quodeafanon repullulat, vel quod per earn funefatâ
vfienditur domus , ficut Uiam frondes indicant feflæ-..
Parra tarnen dicit pyyas Ueo cupreffo circumdari propter
graVem uftrina odorem , ne ojfendarur populi cir-
cttmftamis corona , qua randtu ftabat refpcndens fi ti-
bus Prafica , id eft price pis planÉluum , qnandiu ton-
fumto cadavere & colleüis cineribus' diceretur r.v'-fjl-
mum verbum, Ilicet, quoi ire licet figmficat. Pyra
quadrat* formæ erat, qùâlis ea efle videtur quam
fupra exhibuimus. Pyra: Jmperatorum in nutumis
quadrat* etiam efle Form* vider'tur ., & tribus qua-
tuorve tabulatis conftant i quoe fuperiora , minoris
amplitudinis Temper fünr, icaut rogus in pyramidem
fere definat Hic tres rogos ex nummis edudos pro-
ducimus- T viangularis ramen pyra pro Pertinace Imperator
« fada eft , ut narrat Xiphilinus.