
i 8 L 'A N T IQ U I T E ' E X P L IQ U E E , &c. L iv . I.
publié. Par toutes les villes où le char paftoit, tout le peuple fortoit pour
le voir & l’admirer , & ne pouvoir enluite le quitter , ne fe raflafiant jamais
de ce charmant (peclacle. Tout le convoi répondoit à la magnificence
du char : un grand nombre d’ouvriers & de pionniers travailloit à appla-
nir les chemins , & des troupes choifies accompagnoient le char. Aridée
après avoir mis deux années aux préparatifs de la pompe, mena ainfi le
corps du Roi depuis Babylone jufqu’en Egypte. Ptolemée qui honoroit
beaucoup la mémoire d’Alexandre , alla au devant du corps julqu’en Syrie
avec fon armée * & après l’avoir reçu , il lui fit tous les honneurs imaginables.
U ne jugea pas à propos de le transférer au temple de Jupiter
Ammon ; mais il le mit à Alexandrie , ville qu’Alexandre avoir bâtie , &
qui portoit fon nom ; elle étoit alors une des plus illuftrcs villes du monde.
Il lui fit un maufolée que fa grandeur & fes ornemens rendoient digne
de la gloire d’Alexandre. Il le mit dans ce maufolée , & célébra
les funérailles avec des facrifices héroïques ; il donna enfuite des jeux publics
avec beaucoup de magnificence.
» nam popalus ex urbibus ad quas identidem perven-
*» tum eflet> catervacim accurrebat, & funus dedu-
» cens fpedtandi voluptate fatiari non poterati urque
s» confcntaneura erat tantæ magnificentiæ, ingens opi-
» ficum qui vias aperirent, & militum qui pompam
» deducerent, multitude comitabatur. Atquc fie Ari-
» daeus biennio in operis ftrudtura confümto , corpus
sa Regis Babylone in Ægyptum deportavit. Ptole-
m mæus autem in Alcxandri bonorem cum exercitu ad
Syriamufque obviam proceflit, & acceptum corpus «
maxima cura profequutus eft. Illud autem in pra:- «
fenti ad Hammonem non tranfvehere , fed in con- <*
dita ab illo urbe, omnium fere per totum orbem cl a- «
riflima, deponcre conftituit. Quamobrem delubrum «
cum magnitudine tum ftrudtura gloria Alexandri «
dignum conftruxit, in quo illud depofuit , & he- «
roi'eis facrificiis atque magnificentiflsmiscertamini- «
bus Alexandri exfequias honoravit.«
W s T R I N V M.
C H A P I T R E XII.
1. Ce que cétoit que /’uftrinum ou le lieu où l'on bruloit les éorps. J 1. zApres
que le bûcher étoit confirmé , on recueillait les os (èfi les cendres du mort.
1 II. On lui difioit adieu. I V. Maniérés de diflinguer les cendres du bûcher
d ’avec celles du mort. V. Lettre de M. l'Evêque d Hadria a l ’Auteur touchant
un corps trouvé dans de la toile d ’amiante.
I. ^ | ' O b t ce que nous avons dit jufqu’à prefent , ne regardoit ordi-
f nairement que les princes & les gens de qualité ou les riches. Pour
les pauvres on avoit, à ce que croit Spon, de grands lieux fermez de murailles,
où on les bruloit fans grande ceremonie. Ce clos de murailles qui
avoir une entrée étoit découvert , & s’appelloit ufirinum , comme qui di-
toit un lieu deftiné pour brûler. On en découvrit un en la voie Appien-
ne, qui étoit celle ou l’on voioit, & où l’on voit encore aujourd’hui le plus
de fepulcres. Il étoit quarré , & avoit de circuit environ quatre cens paL
mes , qui font trois cens pieds. Ce mot ufirinum fe trouve quelquefois
dans les inferiptions.
M. Fabred fe recrie contre ce que Spon dit ici, que Y ufirinum é to it pour
brûler les corps des pauvres ; ce n’étoit pas la l’endroit où on les bruloit ,
dit-il, mais leur fepulture étoit aux puits du mont Efquilin ; c’eft ce qu’_
Horace appelle,
Le fepulcre commun de la lie du peuple.
A l occafion de quoi Acron commentateur d’Horace dit que c étoient des
puits faits exprès pour enfevelir les cadavres des pauvres gens. M. Fabred
donne enfuite des mefures plus juftes de ce grand lieu trouvé en la voie Ap-
pienne. Il a, dit il,d u coté du chemin & du côte oppole deux cens pieds de
large , & des deux autres cotez trois cens quarante pieds, en forte que tout le
circuit eft de mille quatre-vingt pieds. La hauteur du mur du côté du chemin
eft de treize pieds, mais aux autres cotez il n’en a que neuf : ce mur
eft compofé de grandes jpierres. Au refte ce n’eft que par conjecture qu’on
a appellé ce grand enclos de murailles ufirinum, car il n’y a point d’inferi-
C A P U T XI I .
J . G)uid effet ufirinum ubi corpora cremabantur.
1 1 . 'JPoßpyram confumtam offa & cineres
colligebantur. I I I . lÆortuo fupremum vale
dicebatur. I V . Quo patio pyræ cineres a déf
in i t i cineribus dïfiinpuerentur. V » Epifiola
Epifcopi Hadrienfis a d auctorem de monuo
in te la ex amianto ' reperto. I.
I. U i d qjj i d hadtenus diximus , vel prinri-
V ^ p e s , vel viros infignes divitefque refpicir.
Quantum autem fpedtat ad paupéres plebeiofque hommes,
magna, urquidem exiftimat Sponids , loça
erant mûris circumdata , ubi eorum corpora fine magna
ceremonia coniburebantur. Septum illud lapi-
deum, inquit ille, fubdiale erat, vocabaturque uftri-
num , quafi dicas locum cremandis corpôribus defti-
natum. Hujufmodi uftrinum deredtum fuit in-via Àp-
pia, ubi plura quam in viisaliis fepulcra vifebantur,
vifunturque hodie. Ufirinum illud , pergit Sponius,
quadratum erac 9 ambitufque ejus quadringentorurri
erat palmorum. Hxc vox ufirinum frequenter occur-
tit inepigraphis fepulcrorum.
Reclamat his'Fabretcus , c’ontenditque ufirinum
non pauperum cremandis corporibus Fuiffe, fed alium
Fuifle locum ad pauperum lepulturam deftinatum,
nempe Efquilinos puriculos j
Hoc milera plebi flab at commune fepulcrum , ,
inquit Horatius i. Serm. Sat. 8- ubi Acron Horatii
interpres , a puteis fojjis ad Jepelienda cadavera pau-
perunr. Hujus porro loci via Appia reperti menfuras
Fabretrus affett accuratiores : A latere, inquit, quod
viam refpicit, ducentos habet pedes , toridemque ab
dppofito latere ; in agro autem verfus Albanum ca—
ftrum trecentos quadraginra pedes , & ab altero huic
oppofito latere taiitumdem } ita ut torus circditus effec
mille odtoginta pedum. Altitud'o niuri fecus viam efi
pedum tredecim , in agro autem undique pedum no-
vem j murus vero magnis ftrudtus eft lapidibus. C x -
terum nonnifi conjcdtura ingens illud feptumufirinum
voeatum fa it, nulla quippe inferiptio adeft* Etfi in